mother waiting

À toi, la mère qui attend et qui n’est pas heureuse

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Je sais, ma belle, que tu n’as pas le premier rôle dans un film épique. Tu es une femme réaliste, épanouie, un brin romantique, mais rien de trop corrosif. Ta corbeille de petites attentes fanées est pleine. Tes amies te disent que « tes attentes te rendent malheureuse », mais le temps file et tu joues au Limbo…, maintenant ton bonheur est sous zéro et ton cœur est sur la paille.

Tu penses que le bonheur vient après l’attente. Attendre ta fête, ton mariage, ton voyage, d’accord. Attendre que ton amoureux te respecte, qu’il t’écoute, qu’il t’embrasse ou te regarde, sûrement pas.

Tu as attendu toute ta vie, mon amie. Tu as attendu de finir tes études avant de trouver celui qui t’offrirait une famille et ta maternité tant souhaitée comme la belle au bois dormant attend son baiser. Tu as attendu qu’il soit prêt pour les bébés ou alors qu’il accepte devant les faits. Tu as attendu devant ces tests de grossesse oscillant de la joie aux pleurs, de la peur au bonheur. Tu as attendu qu’il rentre le soir pendant que tu allaitais le petit dernier en regardant les chars passer parce monsieur avait besoin de ventiler. Tu as espéré le retour de son désir comme on espère celui du Jedi, mais monsieur papa se consolait sur les sites de secrétaires en jarretières. Tu n’as rien contre les sites car ton imaginaire de geisha est engourdi par la patrouille des matous, mais la médaille d’or c’est toi qui la mérites. Tu as attendu avant de lui en parler car tu te trouvais trop moche pour revendiquer le sexy podium et tu ne voulais surtout pas entraver la liberté de l’Homme.

En décembre, quand ton petit se payait sa cinquième otite, ton chum se payait une danse pour monter la garde et fantasmer sur la vie d’avant-guerre. Tu veux te payer la traite soldat? Que dirais-tu si j’embrassais notre voisin dans son spa pour me rappeler qu’un jour un homme m’a désirée et que je ne suis pas ta subordonnée! Je pourrais enfin fantasmer sur autre chose que d’avoir la manette de la télé. Tu serais le premier à me traiter d’infidèle et de mère indigne sans jamais te regarder le nombril qui, soit dit en passant, a disparu en plein cœur de la poubelle de cochonneries que tu avales devant tes parties. Je ne suis pas jalouse des danseuses et je les trouve bien courageuses de vous endurer, mais j’envie la liberté que tu prends sans demander.

Puis vous avez attendu de frôler l’accident pour qu’il passe au bistouri son petit canal familial avec sa face de victime de cruauté féministe. Tu pouvais enfin abandonner la pilule qui te rend folle de remords quand tu expires le SPM et que tes seins sont comme des comètes dans ta Wonderbra ramollie que plus personne ne détache.

Tu as imaginé ta vie sans lui à chaque soir que tu prenais en charge la maisonnée alors qu’il fonçait à la quincaillerie ou travaillait tard. Tu n’étais pas parfaite, mais ouverte à changer. Ton corps a peut-être fait la guerre à la maternité, mais il ne capitulait que dans les bras de ton soldat. Ton cœur amer avait encore le goût d’aimer sauf qu’il ne pouvait plus patienter. Tu l’as quitté pour te respecter, épuisée.  De toute façon il était déjà loin de vous depuis des années. Tu lui as juste remis la clé. Il a même osé te demander de patienter parce que tout allait s’arranger. Tu as souri puis tu es partie. Il t’a regardée un peu insulté de ce qu’il considérait être de l’insouciance d’une mère frustrée.

Nouvellement célibataire, tu as attendu de guérir pour rencontrer pendant qu’il a ouvert Tinder pour magasiner. Tu as attendu d’être prête pendant qu’il présentait Julie à tes petits brocolis. Tu t’es sentie coupable de briser la famille alors que lui se sentait revivre. Finalement tu te demandes si votre histoire a vraiment existé ou si tu te l’es racontée.

C’est assez, n’attends pas le bon gars pour toi, choisis juste le meilleur. Cet homme qui fait voler tes papillons et qui te complimente malgré ton petit bedon. Celui qui te regarde dans le fond de ton âme de femme, pas de madame. Celui qui t’embrasse les yeux fermés, les mains dans tes cheveux et le cœur qui tremble. Ce magicien qui suspend le temps pour te faire oublier que tes enfants sont chez papa.

Choisis le meilleur pour toi, celui qui te voit, qui t’écoute, mais surtout celui qui t’attendra parce que toi ma chère, tu as assez attendu comme ça.

Crédit : Photographee.eu/Shutterstock.com

Natacha Lahaie

Mère monoparentale de deux filles, je cherche l’antidote à la superwoman car j’ai aussi ma garde-robe de capes! Polyvalente, je m’intéresse à la politique, à la construction mais tout autant à la féminité. Pourquoi choisir entre sa cape et ses bottes à cap? Éternelle étudiante, j’ai une maîtrise en communication numérique et je retourne continuellement sur les bancs d’école tantôt en gouvernement électronique puis en gestion publique. Un jour m’est venue cette idée de profiter activement de ma double vie de monoparentale et de solitaire : je suis devenue grimpeuse de montagnes, joggeuse, skieuse et me voilà blogueuse, tant que cela me rend heureuse!

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4 Comments

  • Ayoye ce message est tout simplement magnifique! Sa fait réfléchir sur un moyen temps!! ?

  • Je suis un peu cette Julie dont on mentionne le nom dans le texte. Quand je lis cet article, je me reconnais un peu, mais je reconnais beaucoup l’ex de mon conjoint. Elle aime bien dire à qui veut bien l’entendre qu’elle s’occupait de tout et qu’il ne faisait rien. Pourtant c’est un très bon papa…et sa version à lui n’est pas la même. En plus de se faire imposer des enfants qu’il n’était pas prêt à recevoir, il se sentait incompris et souffrait des constantes reproches. Je me demande, est-ce qu’on se soucie suffisamment du bien-être de notre conjoint? Peut-être qu’en lui donnant l’attention qu’il a besoin, nous allons avoir la notre…je n’ai pas la réponse, mais j’essaie de trouver la voie du bonheur!

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