stressed woman with baby

Pourquoi j’ai la maternité cinglante

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Cher toi, qui me dévisages lorsque je porte un regard cinglant sur la maternité,

Laisse-moi t’expliquer pourquoi j’ai la maternité cinglante.

D’abord, rassure-toi, c’est pas une question de manque d’amour pour mes enfants.  Mes enfants, c’est ma fin du monde.  Je peux affirmer haut et fort et sans aucun doute qu’ils sont les seuls sur cette terre que j’aime de cette façon, que j’aime sans condition.  C’est pas non plus une question de regret d’avoir fondé une famille.  Si je n’avais pas ces petits humains, y’aurait un grand vide au milieu de ma vie.  Et c’est même pas une question de regret de ma vie d’avant, celle sans enfants, où il est vrai que chaque journée rimait avec liberté.

C’est une question de quête de perfection.  Cette quête que je me suis imposée, va donc savoir pourquoi.

Peut-être parce que;

Je suis débarquée dans la maternité sans savoir ce qui m’attendait.  Parce qu’on l’idéalise tellement et on parle si peu de ses côtés sombres.  Et bien franchement, on aurait beau suivre un cours universitaire à ce sujet avant d’accoucher, je crois qu’on n’y serait pas plus préparée.  C’est le genre de chose qu’il faut vivre pour comprendre.

Je suis débarquée dans la maternité avec comme seule référence mes lectures sur les  standards que mon bébé devrait respecter.  J’ai cru à LA norme, et j’ai angoissé à chaque fois que mon bébé y dérogeait.  Parce que je n’ai pas lu que je devais surtout ME faire confiance face à mon petit humain unique.  Alors pendant longtemps, je n’ai pas osé m’écouter, et quand je l’ai fait, il y avait toujours cet arrière-goût de culpabilité.

Je suis débarquée dans la maternité sans savoir qu’il était normal de penser mourir de fatigue.  Vraiment.  Mourir.  Je ne savais pas que dans les premiers mois avec bébé, il était fréquent de pleurer d’épuisement à cinq heures du matin après une nuit passée debout à tenter d’endormir bébé.  Je ne savais pas qu’on pouvait vraiment penser ne pas y arriver et être complètement dépassée par l’idée d’avoir à passer à travers une autre journée.

Je suis débarquée dans la maternité en n’ayant aucune idée de ce qu’était vraiment la responsabilité d’élever un enfant.  Je ne m’étais jamais figurée les crises de bacon, les chicanes, le chialage sans fin et ma tête toujours trop pleine de tout ce à quoi une maman doit penser pour que le train du quotidien roule efficacement.

Je suis débarquée dans la maternité avec en tête un modèle de mère parfaite que je me suis imposé.  Pis je m’y suis collée, avec acharnement, à ce modèle que je croyais être le seul et le bon.  J’ai voulu être cette maman à son affaire, super organisée, patiente, calme, qui pense à tout, qui prévoit tout, qui tient sa maison en ordre, qui fait des activités stimulantes et éducatives, qui sert les quatre groupes alimentaires à chaque repas et qui fait tout ça, toute seule.

Pis un moment donné, j’ai craqué, sous toute cette pression que je m’était imposée.  J’ai compris que ce modèle de maternité que j’avais idéalisé ne me convenait pas.  J’ai compris que la réalité était beaucoup plus nuancée et que c’est ce qui en faisait sa beauté.

J’ai compris que c’était normal d’être à boutte, en maudit, épuisée, découragée et impatiente parfois, sans que ce soit une fatalité.  J’ai appris que de chercher la perfection dans ma maternité revenait à creuser ma propre tombe pour m’y enterrer vivante.  J’ai réalisé que de négliger tout le reste de ma vie au profit de cette quête de la mère parfaite avait fait de moi une mère épuisée et une femme qui s’est complètement oubliée.  J’ai décidé que je pouvais être une femme accomplie ET une mère.

Maintenant, la femme et la maman ont droit à leur place toutes les deux, équitablement.  La femme se donne le droit de prendre l’air toute seule, sans culpabilité.  Elle se donne le droit de se réaliser, à l’extérieur de la maternité.  La mère se donne le droit de trouver que parfois, la maternité, ça lui demande vraiment beaucoup d’énergie pis que c’est vraiment beaucoup de responsabilités.  Pis surtout, elle se fait confiance et elle laisse de côté la normalité.  Chaque enfant est unique, pis chaque maman aussi.

Fait que c’est pour ça que maintenant, j’ai la maternité cinglante et assumée.

La seule chose qui n’a pas changé, c’est l’amour que je porte à mes petits.

Parce que maman cinglante rime quand même avec maman aimante.

Crédit : Africa Studio/Shutterstock.com

Méliane

Je suis la maman pas toujours zen de 4 amours qui ont entre 5 et 12 ans. Je vous entends d'ici: "Quatre!!! Oh! que ça fait une belle famille ça!" Oui, tellement. Ça fait aussi parfois de moi une maman à boutte, mais qui l'assume. Parce qu'un enfant prend chaque seconde que sa mère lui offre, j'ai dû apprendre à me garder des minutes à moi et à accepter que je peux le faire tout en étant une bonne mère.

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