kid acting with mic

La joie des « pestacles » de tes enfants

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Tes enfants vont à l’école, tu les as peut-être inscrits à des cours de musique, de gymnastique, de hip-hop, de cheerleading, de chant… Name it. Tu as peut-être naïvement pensé que ça t’achetait du temps de “luxe” où tu pouvais boire ton café à une température plus haute que celle de la piscine, et d’avoir le temps de lire le journal plus longuement que juste l’annonce du Docteur du Chaudron en front page. Mais  le karma va venir te retrouver à la fin de l’année.Tu devras te taper tous les “pestacles” qui viennent avec. Ils sont fiers les cocos, et bien sûr qu’on est contents de les voir exhiber leurs talents et nouvelles connaissances, mais tu peux aller te chercher un café, parce que la soirée peut être longue.

Souvent, ça commence par une annonce d’à peine quelques jours avant (parce que ton enfant aura systématiquement oublié de te donner le papier) pour t’annoncer que soit tu dois prendre congé en après-midi et t’organiser avec ton boss, soit tu viens de te faire arranger ton samedi soir ben comme il faut. Une soirée où le seul rouge et blanc présent fera partie des décorations festives en feutrine avec des boules de ouate collées qui tournoient au plafond du gymnase pour l’occasion.

Tu devras te faire une place de choix dans cette salle qui offre autant d’espace de coude que dans un vol Québec-Sept-Îles sur Air Fred Caillou. Sur la scène de six pouces de haut, question de s’assurer qu’on ne voit que les toupettes de la première rangée, les frimousses gênées et bien habillées vont s’enligner, avec leur xylophone et leur flûte pour entamer les plus belles chansons de nos cantons. Tu te rendras compte que des maternelles qui chantent « C’est comme ça que ça se passe dans le temps des fêtes », et fredonnent en coeur sous la baguette inspirée du professeur de musique le couplet « Le bonhomme a tué son gros goret, puis, il s’est greyé de bon whisky blanc », ça torche un peu la magie de Noël.

Immanquablement, toute la famille veut prendre des photos et conserver ces moments sur vidéo. Il y a aura donc une migration constante de tous les individus de l’arbre généalogique qui remonte jusqu’au cousin de Samuel de Champlain qui vont s’entasser debout en avant de tout le monde pour prendre le meilleur cliché. Certains avec des cellulaires, d’autres plus grossièrement avec des iPad, certains plus “photographes” avec des caméras Nikon sur trépied objectif 70-300 pour les gros plans. Rendu là, t’es juste soulagée que les télévisions cathodiques 32 pouces ne prenaient pas de photos.

Les “pestacles”, c’est cute. Mais… c’est long. Ok, soyons francs, une fois que les tiens sont passés, les autres, disons que… On y tient peut-être un peu moins. Ça dure souvent entre deux et trois heures ces spectacles-là, entrecoupés de micros qui ne fonctionnent pas et de musique qui ne part pas. Il fait chaud, ton enfant ne s’endure pu, il se tortille, il veut juste manger des chips pis boire de la liqueur de la cantine de fortune installée à côté des espaliers. Mais tu as espoir, parce que ça semble achever. Tu te vois déjà sortir de là et penser à ton premier verre de vino qui t’attend à la maison au retour. Et c’est là que tu entends ton glas. L’animateur de la soirée, qui reprend la parole, et qui mentionne “Mais vous savez, une soirée comme ça, ça ne se fait pas tout seul”. LA phrase. Celle que tu sais qui va te garder là encore un esti de boutte. Quarante-cinq minutes, une heure de plus pour les remerciements et la déclinaison des hiérarchies. T’sais, nous les parents, on le sait qu’il y a beaucoup d’efforts de mis là-dessus, mais c’est pénible, à tour de rôle, de se faire présenter la directrice, le professeur, le responsable des parents, le comité de musique, l’éducateur, le président de l’organisation, le gars du son, le lieutenant-gouverneur de la zone 6 du club local…. Chacun va tour à tour, en respirant fort dans le micro, faire des rondes de remerciements redondants qui vont se solder par des applaudissements pas plus nourris que le bruit d’une chaise qu’on essaye de décoincer des pattes d’en dessous d’la table. Tout le monde veut s’en aller, et on réitère les remerciements aux parents (clap-clap-clap), aux enfants (clap-clap-clap), aux organisateurs (clap-clap-clap), au gars qui vend des chips en arrière (clap-clap-clap), à Louiselle qui a apporté des p’tites napkins (clap-clap-clap), à Georgette qui a décollé à grands coups de bave sur son index les programmes pour les plier en deux (clap-clap-clap) et sans oublier Joseph qui a reculé le banc du char pour amener la cafetière (clap-clap-clap).

Sérieux. Merci pour de vrai. Mais t’sais, on peut-tu s’faire plaisir à tout le monde, pis faire ça short and sweet?

Crédit : file404/Shutterstock.com

Isabelle Martineau

Je suis la maman co-parentale d’une belle grande fille de dix ans qui a compris sur le tard comment l’abeille cruise le chou. J’ai passé une bonne partie de ma vie sur les bancs d’école - faut les mettre à quelque part ces restants de Juicy Fruit-là. Je me promène entre la recherche scientifique et l’administration et entre les deux, je demeure à Québec dans ma première très humble et petite maison. J’attends impatiemment l’adolescence pour débattre, tourner les crises en beaux fous rires et sacrer les p’tits garçons en bas de la galerie.

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