sad kid with mother

Mon enfant, je ne sais pas comment faire

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Mon enfant

Des fois, je ne sais pas comment faire avec toi.

Je ne sais pas comment faire pour t’apprendre à vivre avec l’impulsivité, l’agressivité, l’anxiété, et surtout, cette grande tristesse qui s’accroche si sauvagement à ton cœur, à la moindre contrariété. Je ne sais pas comment faire pour que tu te sentes mieux.  Je ne sais pas comment faire pour que tu sois heureux.

J’ai l’impression que je ne te comprends pas et que tout ce qui t’arrive est de ma faute.  J’ai l’impression que je suis une mauvaise mère pour toi, que je devrais être capable de t’aider, mais que je n’y arrive pas.

Ma patience s’épuise, quand je dois t’aider à te gérer.  Quand tu me cries après, comme si ta vie en dépendait et que tu m’accuses de tous les torts, je ne sais pas comment faire, pour être une bonne mère.  Je ne sais pas comment être une mère forte, solide, patiente, douce et calme. Cette mère, dont tu as tant besoin, mais que je n’arrive pas toujours à être, pour toi.

Trop souvent, je ne sais plus comment désamorcer les émotions qui se bousculent en toi et qui te font exploser.  Quand tu exploses, dans un des trop nombreux moments où ma patience est déjà réduite à néant, je sais que j’enfonce ton estime de toi au creux de tes talons, au lieu de contribuer à faire briller tes beaux grands yeux de fierté.  Ce n’est tellement pas ce que je veux, même si parfois, c’est tout ce dont je semble capable.

Alors chaque matin, avant que tu te réveilles, je me dis que ce sera différent de la veille.  Je me dis que je serai capable de t’aider, que je te comprendrai, que je ne me laisserai pas affecter par ton humeur de chien enragé.  Mais chaque matin, malgré ma bonne volonté, ça vient me chercher, tu viens me chercher.  Ton humeur massacrante me rentre dedans, comme pour me rappeler que j’ai manqué mon coup avec toi, ou que je t’ai mal aimé.  Ou trop.  Ou pas assez.  Parfois, je ne sais même plus comment t’aimer.

Pourtant, ce n’est pas d’amour envers toi dont je manque, c’est de tout le reste dont un enfant comme toi a besoin.

Je voudrais que ma présence suffise à apaiser ta douleur et à calmer la petite bête enragée qui sommeille en toi et qui se réveille plus souvent qu’on est capable de la gérer, toi et moi.

Je voudrais être celle auprès de qui tu viens te réfugier quand tu es contrarié, parce que tu sais qu’elle va te rassurer.  Celle qui te comprend, quand toi-même tu n’y arrives plus.  Celle qui désamorce toujours avec douceur cette petite bombe qui veut t’exploser le cœur.  Celle qui te ramène à toi, qui t’apaise, qui te rappelle que la vie en vaut la peine, que tu en vaux la peine.

Mais parfois, je n’y arrive pas. Plus souvent qu’autrement, tu m’exaspères.  Mais je suis ta mère, et quand on est une mère, on ne dit pas ces choses-là.  On ne dit pas comment on se sent désemparée.  On ne dit pas que des fois, on a le goût de baisser les bras et de laisser tomber.  On ne dit pas comment c’est difficile de côtoyer la détresse de notre enfant et de se sentir si impuissante.  On ne dit pas qu’on se trouve complètement incompétente avec notre propre enfant.

Puis arrive un moment de grâce, où je vois tes beaux grands yeux briller de fierté.  Je te vois heureux, l’espace d’un instant, que je voudrais une éternité.  Et je retrouve l’espoir de t’aider à dompter cette petite bête qui t’habite.

Je me rappelle alors que malgré tout, tu as besoin de moi.

Je me rappelle que malgré toute mon imperfection, je suis là pour toi.

Avec tout mon amour.

Toujours.

Crédit : altanaka/Shutterstock.com

Méliane

Je suis la maman pas toujours zen de 4 amours qui ont entre 5 et 12 ans. Je vous entends d'ici: "Quatre!!! Oh! que ça fait une belle famille ça!" Oui, tellement. Ça fait aussi parfois de moi une maman à boutte, mais qui l'assume. Parce qu'un enfant prend chaque seconde que sa mère lui offre, j'ai dû apprendre à me garder des minutes à moi et à accepter que je peux le faire tout en étant une bonne mère.

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34 Comments

  • WoW bravo pour ce texte. Il est venu me chercher. Je comprend et partage tes sentiments. Je vie la même chose à la maison. Merci de me faire voir que je ne suis pas la seule. Des fois ça nous console de voir qu’on es pas unique à vivre une situation. Merci encore une fois.

  • Merci ! Javais besoin de lire un txt du genre! Jai limpression davoir ecrit ce texte moi meme ! Je comprend tellement cette douleur horrible ( la culpabilité) nous envahir! Moi aussi jai une tornade émotionnel a la maison , difficile a vivre mais dont adorable quand cela lui tente! Apaisement de larmes suites a la lecture de ton texte mais un poids qui pèse moins lourd dans mon coeur de maman . Merci encore 🙂

  • Wow quelqu’un qui réussi à mettre des mots sur ce qu’on ressent. Merci de nous démontrer qu’il y a pas quelque chose qui cloche avec nous et que d’autres personnes sont dans la même situation.

  • Ouffffff, même après avoir lu ce texte 5 fois de suite, les larmes coulent et mon cœur est remplit d’émotions! Merci d’avoir oublié ce texte bouleversant mais qui reflète tellement bien notre réalité avec notre ptite cocotte d’amour ! Nous nous sentons moins seule à essayer jour après jour de tout faire pour essayer de leur fAire vivre une ´´belle journée ´´….. qui pour d’autres parents , semble si facile pour eux , avec leur enfants! Pour nous, Cest une réel défi que l’on doit recommencer chaque jour et nous le faisons avec le plus d’amour possible mais NOn sans incompréhension et culpabilité de ne jamais se sentir à la hauteur en tant que Maman !!! Mais espérant qu’ils comprendrons un jour que nous leur avons tout donné ce que nous pouvions xxx

  • Merci Meliane d’avoir mis des mots sur ce que je vis.
    Le sentiment d’impuissance m’habite aussi. Ça fait tellement mal de voir mes enfants tellement brillants et plein de potentiel rongés par la colère et l’anxiété.
    Les crises, les pleurs et les cris font parti de notre quotidien. Difficile de rester saine d’esprit quand ca sure depuis des années. J’ai enfin réussi à trouver des ressources mais je sais que le chemin va être long et ardu…

  • Très beau texte touchant et tellement empreint d’humilité. Ca demande une grosse dose de courage que d’oser écrire un message comme celui là. Par contre ici, nous sommes tous et toutes capables de comprendre sans aucun jugement car nous vivons le même défi.
    Pour ma part, la différence est que je suis la maman par procuration de fiston depuis ses 3 ans et il aura 18 ans le mois prochain. J’ai tellement vécu de culpabilité et me sentais encore plus incompétente car je me disais toujours que parce que je n’étais pas sa maman biologique, c’était pour ça que j’étais aussi moche comme maman. Lire ce texte m’a réconfortée et soulagée de ne pas être seule à me sentir ainsi…qu’on soit une maman biologique ou adoptive, nous sommes d’abord et avant tout humaine et avons le droit d’être parfois dépassé par les grandes exigences que nous apporte notre enfant différent mais enfant d’amour tout de même!
    J’ai juste envie de vous dire à toutes…courage et vous êtes de très bonnes mamans, même dans vos plus moches journées!!!
    Love you ?

  • My god! J’ai passée par là avec mon fils, il est grand maintenant. Je vous suggère d’aller consulter pour vérifier si ça ne cache pas une problématique, le mien a un trouble oppositionnel. Et je dirais que sur le coup, ça frappe fort comme nouvelle. Mais lorsqu’on sait enfin ce que notre enfant est, on peut naviguer sur internet et trouver des solutions, et on se sent compétent comme parents.

  • Juste merci?
    D’une maman d’un petit garçon SGT avec un TDAH un trouble anxieux et trouble d’opposition avec provocation.

    Juste merci pour ce texte

  • Rarement un texte m’a autant touchée. Chaque phrase dit ce que je ressens. Merci pour ce partage.

  • Vous devriez écouter les capsules de Sonia Plouffe.
    1 seule capsule m’a totalement changé.
    J’ai pris conscience de mon réel rôle de maman.

    Bon! J’ai du travail à faire ?.
    Mais au moins je réalise que mes petits cocos ont besoin de moi bien plus que je pouvais imaginer.

    Bonne journée!

  • Bonjour, j’aurais pu écrire moi aussi ce texte. Un jour , je suis allée chez le spécialiste de ma fille et elle m’a fortement suggéré de consulter un psycho éducateur pour elle. Et ma foi, je vois une différence. Elle a 17 ans donc c’est sur qu’à son âge on réalise plein de choses sur soi mais quand même ça aide beaucoup. C’est un gros travail sur elle et ça lui apporte des outils pour toute sa vie. Il suffit de les utiliser.

  • En vous remerciant sincèrement pour ce texte.
    Vous avez su poser ses mots sur mes maux.
    J ai des jumeaux tdah de 8 ans et ce que vous ressentez et exactement ce que je ressens également.
    Le quotidien est pesant ?.
    On est tellement impuissant face à se trouble.
    Milles merci Encore

  • Ce que tu décris, c’est ce que j’ai vécu avec mon fils pendant près de 10 ans. Il était un petit volcan en ébullition et provoquait des explosions familiales plusieurs fois par semaine. J’ai eu du mal gérer ses éruptions cycliques. Je me sentais incompétente et seule. Je m’emportais, puis je me sentais coupable. Tout le monde me disait qu’il s’agissait de caprices et m’encourageait sévir (surtout le papa), mais ce n’est pas dans ma nature. Un jour, j’ai flashé! Tout se bousculait si fort en lui, qu’il ne pouvait pas gérer ses émotions. Quand je m’en suis rendue compte, le mieux que j’ai réussi à est de lui faire remarquer quand la chaleur montait en lui pour qu’il apprenne à contrôler ses élans. Petit à petit, on a réussi, lui et moi à comprendre son monde intérieur. Aujourd’hui, c’est un bel adulescent de 19 ans. Il contrôle ses pulsions et entame sa vie d’adulte avec confiance. Il m’en veut surement pour certaines de mes impatiences, mais nous nous aimons, nous nous faisons confiance et nous connaissons nos limites mutuelles. La paix et la complicité sont revenues dans notre quotidien.

  • Merci ça fait du bien de voir des gens qui ressentent les mêmes choses. En vous lisant j’avais l’impression que vous parliez de moi ça m’a beaucoup émue.

  • Quelle magnifique déclaration, et qui résonne si fort en moi ! J’aurais pu l’écrire il y a encore deux ans… tout ses ressentis me heurtaient tant, car ils résonnaient aussi très fort en moi, en l’enfant qui sommeille en moi… grâce à une formation où j’ai pu apprendre la compréhension et la gestion de mes propres émotions, où j’ai pu guérir de mes propres blessures, j’ai appris à m’apaiser même devant les débordements de mon grand… et ce faisant, il a réussi lui-même à s’apaiser un peu plus petit à petit… courage ! Vous ne pouvez pas changer les émotions de votre enfant par un coup de baguette magique… et vous ne pouvez pas le rendre heureux malgré lui… mais vous pouvez apprendre à apprivoiser toutes ces émotions qui vous bouffent et à ne plus les subir… et ce faisant il se pourrait que vos propres changements influent sur les réactions de votre enfant… attention mon message ne veut en rien faire culpabiliser qui que ce soit… chacun fait du mieux qu’il peut avec ce qu’il a reçu lui-même et sans cette formation il y a tant de choses que je j’ignorerais et tant que je subirais encore… (« les clefs de la colère », Noémie de St Sernin, « SOS Colères  » de Cool Parents Make Happy Kids et toutes les lectures qui en ont découlé depuis)…

  • Ce n’est pas parce que nos cocos vieillissent que ça se tasse… Le nôtre est rendu à 19 ans et je me sens encore comme ça régulièrement. Sachez qu’il arrive un moment où il est simplement important qu’on soit là pour eux quand ils en ont besoin. Souvent juste de savoir que nous sommes là pour les écouter, ça les aide énormément… Merci d’avoir partagé ce superbe texte ??

  • Merci pour ce texte que j’aurais pu écrire si j’arrivais à exprimer ces mots/maux.
    Voilà ce que nous vivons au quotidien depuis 2 ans. Quand on me demandera ce que je ressent, ce que l’on vit au quotidien, votre texte sera d’une aide précieuse.

  • Merci beaucoup pour ce texte qui qui reflète en tous points notre quotidien et qui m’a tellement touché que les larmes ont coulé… Juste avant de lire ce texte, j’ai perdu patience avec mon fils tdah de 4 ans et demi et me suis fortement fâchée ce qui m’a fait culpabiliser 5 minutes après. D’avoir lu ce texte m’a soulagé de cette culpabilité et de toutes les difficultés que je traverse au quotidien avec mon fils

  • Très bien dit.
    En ce moment ce n’est pas envers mon enfant que ce texte me touche le plus mais plus tôt envers mon mari qui a le syndrome Gilles de la Tourette. Des tempêtes il y en a de temps en temps et parfois ceste difficile gérer le tout quand pour moi quelque chose a un gros non sens et que le syndrome lui kick de plein fouet et me fait sauter au plafond!

    Un jour à la fois les mamans, conjointes mais avant tout femmes!

  • Ce texte date de 2017, mais je le découvre aujourd’hui. Est-ce un hasard ou je vis exactement la même chose avec mon 2ème qui a 3ans ? je ne pense pas. Cela fait quelques temps que cette situations dure, que je me sens impuissante face a ses émotions, ses changements d’humeure soudains, ses rejets envers moi.
    Merci d’avoir su mettre avec des mots ce que je resssens au fond de moi.

  • Pardonnez mon brin de méchanceté. Lorsque ma maman m’a élevé, elle était à contre courant de ces années 70-80 ou il était de bon ton de « ne pas interdire » mais de « canaliser l’énergie négative ». Ma mère, loin de céder à ces prémices d’éducation bienveillante, m’a éduqué avec de l’amour mais aussi des baffes, des punitions, des regards noirs et que sais-je encore. A cette époque elle refusait d’entrer en débat avec les autres mamans qui disaient que leurs enfants étaient aussi très bien élevés avec leurs techniques douces. Oh bien sur, aucun de mes ami-e-s ainsi éduqués ne penserait à partir de quelque part sans dire au revoir, ni même demander quelque chose sans un courtois s’il vous plaît. Mais il leur manque un petit quelque chose…. ils ont été éduqués mais ils leur manque la base pour savoir éduquer à leur tour. certains ont même tendance à s’effacer devant leur compagne, fuir leurs responsabilités domestiques, compagne qui s’en plaint parfois.

    Je ne me reconnais aucunement dans ce texte. Pourquoi ? je ne suis pas meilleur que cette femme qui ne comprend pas, loin de là, mais tout simplement parce que ma maman par sa rigueur, m’a appris à éduquer à mon tour. Elle m’a appris le leadership et je n’ai jamais cherché à « comprendre » mes enfant. J’ai toujours cherché à le diriger. L’enfant n’a pas à être compris il doit être cadré. Les crises, récurrentes ou passagères, ne doivent pas être canalisées ou acceptées, elles doivent être maîtrisées, réprimées si nécessaire. Mais pour cela, il faut être soi même armé, et laisser de coté cette psychologie de nounours qui enfantilise à outrance. Non nos enfants ne sont pas en sucre, ils sont forts, suffisamment pour supporter un NON ferme. Un enfant c’est comme une caisse à savon, c’est très bien de vouloir la pousser, mais il faut aussi s’occuper un peu du volant.

    Si maintenant vous interprétez mes propos comme des incitations à la maltraitance, ma foi je ne peux rien pour vous.

  • Merci, je ressens la même chose… cette impuissance impression de ne pas être a la hauteur ou pas une bonne mère … de le voir si décalé du reste du monde dans sa bulle … mon fils tdah 7 ans … je l’aime mais parfois je me sens accablée et démunie …

  • Ok je vais aller faire un énorme calin à ma mère dès demain matin. Je vous aime qui que vous soyez.

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