woman cesarian

T’es une vraie mère

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Le plan de base n’était pas de passer au bistouri mais la vie en a voulu ainsi et tout le monde a tôt fait de te dire que c’était pas grave, qu’au moins, t’allais avoir ton enfant. T’sais, comme si toi, tu n’accoucherais pas pour vrai parce que t’allais avoir une césarienne.

Mais tu vas réellement accoucher.

À jeun depuis minuit, tu vas traverser l’hôpital à six heures du matin, cernée comme au bout de cinq heures de travail parce que tu n’as pas dormi de la nuit, stressée par les risques et excitée par le moment. On va te poser un soluté, te vêtir de la petite jaquette qui, avouons-le, ne ferme plus vraiment, on va te passer le rince-bouche et, jackpot, on va te poser à l’avance ta précieuse sonde. Je te laisse t’en faire une image mentale; étendue sur le dos, tu vas essayer de te détendre pendant qu’un inconnu rentre un tube là où il doit normalement plutôt sortir du liquide. Pas douloureux. Pas plaisant non plus.

Puis ton chum va t’attendre de l’autre bord de la porte de la salle d’opération parce qu’il ne faudrait pas qu’il perde la carte en voyant la longue longue aiguille qu’ils vont insérer dans ton dos. J’te rassure déjà là-dessus; l’aiguille très longue, je ne l’ai jamais vue. Le plus difficile finalement, ça va être de te plier en deux alors qu’un ballon gigantesque te sert de ventre.

Après, ça se passe un peu comme dans les films.

Couchée sur le dos, à plat, ben ben à plat, plus à plat que tu ne l’as été depuis des mois, tu vas feeler comme un mélange de larve et de fille chaude malgré la salle glacée, trop blanche, dans laquelle tu vas te trouver avec un spot dans la face et l’impression qu’un enquêteur va te faire passer un mauvais quart d’heure, enfermée, dans ta salle d’interrogatoire. Mais tu vas plutôt finir attachée comme Jésus pour ne pas nuire ou paniquer. Ton chum va s’asseoir près de toi pis ça va commencer quand on va valider si tu sens le bistouri qui te découpe le ventre.

Pis là, pour ta survie et pour t’éviter d’éclater de panique, ne pense pas à tous les « mais » et les « il pourrait peut-être arriver que ». Ce moment-là, il va être unique, et si tu te concentres sur la magie du moment, tu vas réaliser quelques petites affaires.

#1  Le personnel médical est un peu excité.  Oui oui le personnel, même si ça fait cent fois, pour eux ça reste une histoire qui commence, un moment magique dans la vie d’un couple qui s’agrandit en famille.

#2  Tu vas avoir toi aussi les moments wow qu’une autre vit lors d’une naissance par voie basse. Le premier cri va être tout autant poignant et émouvant. Peut-être même plus que dans un accouchement naturel parce que, immobilisée sur le dos, tu ne vas avoir que tes sens pour vivre le moment à défaut de pouvoir le saisir; alerte, toute ton attention va être rivée vers une seule chose, ce petit être qui prend son premier souffle.

#3  Le personnel va venir coller bébé sur toi et te libérer une main, tu vas le caresser et ton chum restera près de vous, le temps qu’ils s’occupent du reste. Et il va sentir tellement bon, ton bébé. Tu vas découvrir son odeur, la douceur de sa peau. Il n’y aura plus, l’instant de quelques minutes, que trois êtres qui se rencontrent et font connaissance, qui se construisent en famille.

#4  Si tout va bien, ton bébé va rester avec toi, même dans la salle de réveil. Il sera à toi. Tu pourras l’allaiter, l’embrasser et compter les doigts de ses mains et de ses pieds.

On m’a souvent demandé comment j’ai fait le deuil de ne pas avoir eu d’accouchement naturel. Mais je n’ai pas eu vraiment à le faire parce que j’ai vite réalisé qu’on s’imagine toutes une histoire de rêve quand on pense à notre accouchement alors qu’on ne contrôle pas ce moment de notre vie ni de la sienne. Peu importe comment notre bébé vient au monde tant qu’il est là, avec nous.

Tu vas devenir une mère, une mère qui va avoir le cœur qui explose de bonheur et d’un petit quelque chose de plus fort qui ne s’explique pas. Et tout comme toutes les mères de ce monde, tu vas avoir en toi tout ce qu’il faut pour rendre ce marmot heureux.

Mais surtout, tu vas avoir donné la vie, tu vas avoir créé un être humain.

Cyntia Dubé
CYNTIA DUBÉ
Crédit : WEERACHAT/Shutterstock.com

Cyntia Dubé

Maman de trois petits hommes en devenir, je suis une femme très hop la vie, axée sur le moment présent avec une petite tendance à me faire l'avocat du diable. J'aime questionner, remettre en cause et tenter de voir de l'autre côté du miroir. Amoureuse de la vie et de ma marmaille, il m'arrive de ne pas savoir m'arrêter.

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5 Comments

  • Je n’aie pas encore d’enfant, mais si la vie est de mon coter j’aimerais bien agrandir la famille début 2018 ( qui sait !!!). Je me suis toujours dit que j’allais être déçue si sa devait finir en césarienne… mais après avoir lu ton texte je me sens rassuré … merci !!!!!

  • Merci pour ces paroles qui m’ont fait revivre le premier cri de mon Sushi ainsi que l’explosion d’amour (le terme est pour moi parfaitement choisit) que j’ai ressentie.

  • Ses absolument rien je n est même pas rien senti tu es geler. Et les infirmière à coter de toi son super fine il peuvent t emporter des couverture chaude pour pas que tu es froid dans la salle et l epidurale tu ne voix même pas l eguille et quand sa te fait mal il arrête est quand sa te fait plus mal il recommence

  • Moi sa,tres bien été riens sentie et les infirmières reste tous a côté de nous vreiment bien été

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