overweight woman hold belly

Je suis toutoune pis je m’accepte

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Je vais vous raconter l’histoire d’une fille.

Une fille bien simple qui a toujours eu des courbes mais qui les contrôlait bien avec beaucoup d’exercices et un brin de contrôle. Même qu’elle les aimait, ses courbes. Elle se sentait femme et sexy. Puis un jour, cette fille est tombée enceinte. C’est là que tout a dégénéré. Elle s’est mise à prendre du poids, beaucoup de poids. Partout où elle allait, les gens lui en parlait. Elle se faisait demander si c’était pour bientôt et quand elle disait qu’elle en avait encore pour trois-quatre mois, les gens s’étonnaient et lui passaient la remarque qu’elle avait déjà un bon ventre. Comme si elle ne le savait pas déjà. Mais elle se disait que c’était le moment d’en profiter pour se gâter et goûter aux plaisirs de la vie donc elle trimbalait son gros ventre partout, bien fière de porter la vie en elle et en pensant qu’une fois l’enfant né,  elle se remettrait à l’entraînement et qu’elle allait tout perdre ça, ce surplus de poids-là, sans trop de peine.

Mais ça ne s’est pas passé comme ça du tout.

L’enfant est finalement né et il ne pesait que sept livres. Ça été tout un choc. Sur les quelques soixante livres prises durant la grossesse,  ce n’était vraiment pas beaucoup. C’est alors que le cercle vicieux s’est installé. Elle n’était plus enceinte mais son gros ventre, lui, était encore là, mais il était passé de rond et dur à mou et flasque, l’obligeant à porter ses pantalons de maternité même si elle n’était plus enceinte. Elle, qui était si fière de son ventre à peine quelques semaines auparavant, le détestait maintenant plus que tout. Elle ne voulait qu’une chose, le voir disparaître. Elle se pesait maintenant matin et soir afin de suivre l’évolution de son poids, se détestait à chaque écart alimentaire car elle savait que ce qu’elle venait de manger s’en allait directement là où elle ne voulait pas.

Cette fille-là, je la connais bien. C’est moi.

Chaque jour depuis que mes hormones de grossesse ont inversé le métabolisme de mon corps faisant en sorte que chaque livre à perdre est devenue une mission presque impossible, je me déteste. J’ai laissé tomber des activités que j’aimais faire parce que je me trouvais trop grosse.  Changé ma façon de m’habiller. Chaque fois que j’entrais dans un restaurant ou un bar je me mettais automatiquement à la recherche d’une plus grosse que moi afin de me consoler.

Et je me déteste d’autant plus pour ça.

L’autre soir, j’en ai eu assez. Assez de me détester,  assez de me juger,  assez d’inspecter les autres autour de moi afin de repérer le moindre petit muffin top qui pouvait popper des pantalons de toutes les femmes que je croisais afin de me consoler un peu. Alors j’ai décidé que j’allais recommencer à m’aimer moi aussi. Et que oui, j’allais probablement rester avec un p’tit mou de bedaine pour toujours, mais que ce n’est pas si grave que ça. Pis tant qu’à vivre toute ma vie avec, aussi bien l’aimer un peu. Que dans le fond, garder une partie de mon poids de grossesse n’est pas un échec. Ça signifiait juste que mon corps avait changé. J’ai eu alors l’impression qu’un énorme poids venait de m’être enlevé de sur les épaules. Je m’autorisais à ne pas être parfaite.

Je peux maintenant affirmer haut et fort que je suis un peu toutoune, pis que je m’accepte de même.

Ça ne veut pas dire que je vais commencer à porter des leggings avec des chandails courts demain matin, mais ça veut dire que je vais commencer par essayer de m’aimer un petit peu plus chaque jour. Qu’à la place de me lever le matin, de me regarder dans le miroir pis de me dire que je suis dégueulasse quand je me penche,  je vais plutôt me regarder dans les yeux pour me dire que malgré ma toutounitude, je suis une femme formidable,  accomplie et forte pis ça, c’est sexy à mort.

Donc à toutes celles qui sont comme moi,  j’aimerais vous dire que vous êtes belles pis qu’on tient tellement mieux au chaud l’hiver qu’un paquet d’os.

Karine Desautels
KARINE DESAUTELS
Crédit : Phat1978/Shutterstock.com

Karine Désautels

Mère d’un bonhomme de cinq ans aux besoins particuliers qui se croit la personne la plus drôle de la terre (il tient ça de sa mère), monoparentale à temps partiel et célibataire le reste du temps, je tente de trouver un équilibre dans tout ça. Over organisée, accro aux listes en tous genres, passionnée de littérature et mangeuse compulsive, il me fera plaisir de pondre ma vision de la vie de mère par écrit entre deux collations.

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1 Comment

  • bon article…à l’exception de la dernière phrase…  » qu’on tient tellement mieux au chaud l’hiver qu’un paquet d’os. »
    par paquet d’os vous parlez de qui? des filles plus minces ? donc, si les filles minces ont pas assez de gras, sont pas bonne à réchauffer un lit ? WTF ? pcq tu as plus de graisse que c’est mieux?
    me semble que ca serait le fun qu’on arrête le bodyshaming tout court hen… grande, petite, mince, grosse, enrobée, un derrière rebondi, pas seins, pas de fesses…so what?
    les filles minces aussi tiennent au chaud, et ce n’est pas en rabaissant une catégorie de personnes/être humains ayant un métabolisme diffèrent du vôtre, que la ça va faire avancer votre estime de vous-même.

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