little girl thinking

Toi, mon enfant du milieu

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J’ai toujours su que je voulais plusieurs enfants. J’en ai eu trois. Dont toi.

J’ai toujours cru que je vous aimerais tous de la même façon, également.

Je vous aime tous. De la même façon? Non. Également? Je ne crois pas.

Parce qu’entre mon aîné, mon enfant du milieu et mon petit dernier, il y a un monde. Et trois vies. Et un cœur de maman qui m’a joué des tours.

Et c’est toi, mon enfant du milieu, qui a écopé de ce cœur parfois mêlé. C’est toi qui a été confronté à cette position ingrate au sein d’une famille.

Le milieu, c’est quoi au juste? Ce n’est pas le début, ce n’est pas la fin. C’est un endroit quelque part entre les deux.

Ce fut la même chose pour toi : ni le premier, ni le dernier, tu as cherché ta place quelque part entre les deux autres enfants de notre famille. Ça n’a pas été facile. Et ça ne l’est pas encore.

Le plus difficile pour moi est d’admettre que tu as aussi dû chercher ta place dans mon cœur un peu plus fort que les autres. Et je m’en excuse, mon enfant du milieu. Ce n’est pas ça que je voulais.

Mais j’ai appris que dans la vie, ça ne se passe pas toujours comme on le désire.

Pour mon aîné, l’amour est venu de lui-même. Je l’ai tant désiré, espéré, attendu. Cet enfant arrivé comme un cadeau du ciel, accueilli comme un roi et protégé comme seul un premier de famille peut l’être. J’étais inexpérimentée, mais tellement passionnée par ce petit être qui venait d’entrer dans ma vie. Il avait toute mon attention, tout le temps. Il n’y avait que lui et moi, collés un à l’autre, savourant chaque minute passée ensemble. Chacune de ses premières fois étaient des premières pour moi aussi, en tant que nouvelle maman. Je me souviens de tous les détails concernant ses premières dents, ses premiers mots. Je notais tout précieusement dans un cahier.

Mon aîné n’a pas eu à faire sa place. Sa place était là bien avant qu’il n’arrive. Mon cœur avait tout préparé depuis longtemps.

Mon petit dernier, lui, est arrivé suite à une décision longuement mûrie. Il serait le dernier, je le savais. Ma dernière grossesse, ce serait celle où il grandirait dans mon ventre. Je devais en profiter le plus que je pouvais, tu comprends? J’ai vécu l’arrivée de cet enfant en appréciant chacune des secondes qui m’était offerte avec lui. Parce mon petit dernier, il serait pour toujours mon bébé.

Chacune des ses premières devenait par le fait même chacune de mes dernières. Les derniers premiers sourires, les derniers premiers pas. J’ai tenté de vivre le tout à fond, en mettant mon cerveau en mode souvenir. En respirant l’odeur d’un nouvel enfant pour la dernière fois.

Mon petit dernier n’aura pas eu à faire sa place lui non plus. Mon cœur voulait tellement en profiter qu’il a explosé d’amour en le voyant, créant pour lui une place précieuse lui étant réservée à jamais.

Mais toi, mon enfant du milieu? Comment es-tu arrivé dans ma vie?

C’est un peu plus difficile à exprimer. Moins clair, plus flou. Et plus douloureux aussi.

Toi, l’enfant du milieu, tu es arrivé parce que quand on veut plusieurs enfants, on en fait un deuxième pas trop longtemps après le premier. Une question de logique. Mais mon cœur, j’ai découvert qu’il ne fonctionnait pas logiquement. Tout ce temps passé seule avec ton aîné, tu n’y as pas eu droit. Il était là avant toi. Tu as dû me partager dès le départ. J’avais moins le goût, moins de patience, moins de temps. Et surtout, plus de fatigue. Tes premières fois à toi, je ne m’en rappelle presque plus. Ce n’est pas de ta faute, c’est juste que ce n’était plus du nouveau. C’était moins excitant. Et ton cahier, il est vide.

Toi, l’enfant du milieu, je n’ai pas profité de toi comme du petit dernier qui t’a suivi. Je savais que tu ne serais probablement pas le dernier. J’ai vécu ton arrivée avec bonheur, mais pas un bonheur explosif. Un bonheur discret. Et il y a mon cœur aussi, qui s’est fait plus discret. Les câlins sont plus difficiles avec toi qu’avec les deux autres.

Et toi, mon enfant du milieu, tu as dû faire ta place. D’ailleurs, je le vois bien que tu la cherches encore. Tu tentes bien souvent de recevoir l’attention qui t’a peut-être manquée en provocant, en repoussant les règles. Souvent, je l’avoue, tu as dû te sentir invisible entre les deux autres.

Mais je veux te dire qu’aujourd’hui, mon enfant du milieu, je te vois.

Que mon cœur s’est agrandi et qu’il t’a laissé la place qui te revient.

Parce que le milieu de mon cœur, il t’aime si fort, mon enfant du milieu.

D’un amour différent, mais d’un amour qui t’appartient.

La Collaboratrice dans l'Ombre
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE
Crédit : MikaleWiman/Flickr.com

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