woman growing old

Tu vieillis, la mère

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Tu regardes tes enfants grandir avec des étoiles de fierté dans les yeux. Toutes ces étapes de franchies, tous ces progrès. Mon doux que tu trouves que le temps passe vite! Leur enfance déboule à une vitesse folle.

J’ai une grande nouvelle pour toi, la mère : si tes enfants vieillissent, c’est que toi aussi, tu prends de l’âge. Tu es officiellement borderline vieille.

Tu te souviens quand tu étais enfant et que tu trouvais que ta mère était donc ben vieille? Ben c’est toi qui es rendue là. Ouf. Ça fesse.

Détourne le regard de tes enfants cinq minutes et trouve un miroir, ça presse. Arrête de vivre dans le déni. Il y a plein de signes qui te sautent dans la face : tu vieillis, la mère.

Les cheveux blancs

Au début, tu en avais trouvé quelques-uns pis t’avais juste fait semblant de pas les voir. Pire, tu les avais peut-être arrachés. Dans le fond du lavabo, la vieillesse! Mais là, tu viens d’avoir une révélation : c’est quasiment toute ta repousse au complet qui blanchit! Comme ça s’arrache un peu moins bien, tu sens l’investissement chez la coiffeuse monter en flèche. Question de ne pas te faire appeler grand-maman tout de suite.

Les cernes en dessous des yeux

Avant, si tu avais quelques cernes, une bonne p’tite nuit de sommeil réglait le problème en moins de deux. Malheureusement, ton truc ne fonctionne plus – anyway, c’est quand la dernière fois où tu as eu une nuit complète de sommeil? Asteure, tes cernes sont gris, profonds. Je veux pas te faire peur, mais c’est devenu un cas de cache-cernes de qualité Âge d’or.

Les lendemains de veille

Tu n’as plus besoin de virer une grosse brosse pour filer mal, la vieille. Deux ou trois p’tites coupes de vin suffisent maintenant à te donner un mal de bloc. Pis si grosse brosse il y a, compte deux ou trois jours pour t’en remettre. Mettons une semaine, pour être sûre.

Le sommeil

Avant, t’étais pas couchable. Mais les temps ont bien changé, ma belle. Maintenant, la fatigue fesse plus fort. Les siestes sont les bienvenues. L’endormitoire te pogne sur le divan en plein téléroman. C’est comme si tes paupières suivaient pu.

Les sorties

Tu n’es plus aussi party animal que dans ta prime jeunesse. En fait, ça te prend une maudite bonne raison pour sortir de la maison passé 18h00. Ton pyjama te semble toujours plus intéressant que tes bas de nylon. Sans blague, c’est limite si tu tricotes pas des pantoufles au lieu d’aller prendre un verre avec tes chums de filles. C’est ben pour dire.

La forme physique

C’est fou, on jurerait que la côte dans ta rue est ben plus à pic qu’avant. T’as remarqué ça l’autre jour en prenant ta marche. Pis il y a ton souffle qui perd de la longueur. En fait, il est rendu pas mal court. Tu te dis que c’est peut-être l’oxygène qui est devenu plus rare. Tu sues pour pas grand-chose aussi. C’est comme si quelqu’un avait monté ton calorifère interne sans t’avertir.

Mais là, je veux pas te décourager. Il y aussi des ben belles affaires qui arrivent avec ta vieillesse.

La sagesse

Tu connais plus de choses. Tu as de l’expérience derrière la cravate. Et ton vécu, il te sert, quand même. Tu te sens plus solide devant les difficultés. Tu es plus forte. Tu as moins peur.

La confiance

Avec les années, tu as appris à te connaître. Tu reconnais plus facilement tes forces et acceptes mieux tes limites. Tu sais ce que tu veux et ce que tu vaux. Tu as pris confiance en toi. Tu te respectes plus.

Le lâcher-prise

La qualité par excellence de la vieillesse. Tu apprends tranquillement à choisir tes batailles. Pis des fois, tu décides même de ne plus te battre pantoute. Tu te laisses porter par la vague de la vie.

Méchante bonne affaire.

Profite de la jeunesse qu’il te reste, la mère.

Mais accueille les années à bras ouverts. Être vieille, c’est pas si pire que ça, dans le fond.

Pis sais-tu quoi? Mieux vaut en rire qu’en pleurer.

Sur ce, je te laisse aller faire ta sieste. Avec les pantoufles que tu viens de te tricoter.

Audrey Roy
AUDREY ROY
Crédit : Sherwood/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

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