baby face crying

Toi, mon bébé qui pleure

baby face crying

« Le p’tit matin s’en vient, avec des cœurs, des fleurs. »

C’est ça qu’elle dit, la chanson que je te fredonne à tous les soirs sur les tempos de ta chaise berçante qui grince. Elle dit aussi que la nuit court après le jour et qu’elle fait le tour de ta cour. Moi, la seule affaire qui fait le tour de ma cour, ce sont tes larmes en estafilade sur ma nuit pleine de trous. La seule chose que le matin m’amène, ce sont tes pleurs qui déchirent tes petites joues et qui me noient. Tes larmes me noient mon beau bébé parce qu’elles sont trop pleines, trop grandes, trop lourdes pour les épaules frêles que j’ai.

J’ai beau lire ton p’tit corps comme dans les lignes d’une main, je n’y arrive pas. Je n’ai pas le don de voyance, moi. Tout ce que j’ai, ce sont mes bras à bascule pour te bercer quand tout croule autour de toi. Et pendant que ta fin du monde joue à saute-mouton, la mienne pleure avec toi et s’affale dans les plis de ta p’tite doudou qui n’est même plus un réconfort.

J’essaie de faire taire les bruits ambiants mais je me rends bien compte que c’est dans ma tête que ça hurle. Ça éclabousse les mains qui d’habitude te réconfortent. Tu hurles, je pleure, tu cries, je me crispe, tu sanglotes, je me noie. Tu te débats, je te murmure qu’un jour tout ça aura une fin.

Puis, en regardant tes p’tits doigts s’accrocher à mon chandail comme si ta vie en dépendait, je baisse les bras, parce qu’il n’y a rien, plus rien à faire.

À part te chuchoter, sur les tempos de ta boîte à musique que je suis là, que je serais toujours là. Peu importe la grandeur de ta fin du monde.

Kim Morin
KIM MORIN
Crédit : flickr.com

Kim Morin

Nouvelle maman d’un garçon de six mois, je sors parfois sacrer à l’extérieur histoire de soulager mes pauvres et jeunes épaules. Belle-maman d’une grande fille de six ans, il m’arrive parfois de me poser mille et une question avant de faire une intervention et finalement de ne rien faire du tout car au final c’est ben compliqué d’être belle-mère. J’essaie de rapatrier mes talents et mes passions comme le théâtre et l’écriture à travers les crises de larmes, les couches à changer et les discussions interminables avant d’aller au lit. Alors je prends la plume, et au lieu de crier, j’écris!

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