baby eating puree

Le cauchemar des purées maison

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Ça fait au moins quatre heures que tu concoctes des petites purées pour ta progéniture, pour la chair de ta chair, pour l’amour de ta vie.

Lors de ta dernière épicerie, tu as troué ton portefeuille en remplissant ton panier de victuailles, toutes plus alléchantes les unes que les autres (et souvent totalement inconnues de ta pauvre culture culinaire) en te disant que la prunelle de tes yeux méritait tout ce qu’il y a de meilleur : la diversité, les saveurs, les textures, la nouveauté. Tu ne voudrais sûrement pas lui faire goûter ces infâmes purées en pot qui sont si fades et si ternes; ton chérubin mérite mieux que ça!

Fait que tu y vas en grand, t’sais. Tu coupes, tu fais bouillir, tu goûtes, tu recoupes, tu refais bouillir, tu regoûtes. Tu t’assures qu’il n’y a pas trop de gros morceaux. Tu ne voudrais surtout pas que la crème de la crème des bébés s’étouffe en chialant sa triste et courte vie, donc tu t’acharnes, tu auscultes, tu re-regoûtes pis t’es finalement assez fière de toi.

L’heure fatidique arrive. Le nouvel aliment qui va entrer en grande pompe dans la vie de ta vie. Tu trempes la cuillère dans ledit mélange, ton cœur bat, tu avances la cuillère tremblante devant le visage ébahi (de tout sauf de la cuillère qui approche) et baveux de la petite bête sans dents qui se tient (ou pas) devant toi. Tu l’avances, l’avances…et eh,… non, erreur, ça ne s’ouvre pas. La bouche ne s’ouvre pas.

OK, pas de panique, y’a sûrement quelque chose que tu n’as pas compris. Ne perds pas espoir. Tu retrempes la cuillère, tu donnes un élan et…brrrrrrr…TU FAIS l’AVION!!! Tu t’étais pourtant promis de ne jamais faire ça parce que tu trouvais ça puéril et ridicule, mais tu fais l’avion. Sauf que… miracle, ça marche! Il ouvre tout grand la bouche comme la promesse de la caverne d’Ali Baba. Bon OK, peut-être qu’il n’avait pas vraiment l’intention de goûter l’espèce de gibelotte qui tremblotait dangereusement dans la cuillère, mais seulement d’éclater d’un cri de contentement qui te déchire les tympans et te fait un peu sacrer. Mais ce n’est pas grave. Il est là, la bouche grande ouverte donc tu enfonces la mixture tout au fond de sa gorge (bon pas tant au fond que ça… c’était pour l’image, t’sais).

Il goûte, il fait rouler la pâte visqueuse dans sa bouche, il grimace un peu et tu trembles. Moment d’expectative. Il te regarde, un bruit inimitable sort de sa gorge et il te recrache la bouillie en plein visage comme une marée boiteuse et odorante. Comme un malheur ne vient jamais seul, il enclenche son cri d’alarme qui fait trembler les structures mêmes de la maison ainsi que ceux qui y vivent. Le pire c’est que toi, tu ne réagis pas, non, tu restes stoïque devant le trésor de ta vie qui se meurt littéralement et tu l’observes le regard vide. T’es peut-être en dépression?!

En tout cas, demain tu vas demander à ton chum d’aller chercher des p’tites purées en pot.

Kim Morin
KIM MORIN
Crédit : pixabay.com

Kim Morin

Nouvelle maman d’un garçon de six mois, je sors parfois sacrer à l’extérieur histoire de soulager mes pauvres et jeunes épaules. Belle-maman d’une grande fille de six ans, il m’arrive parfois de me poser mille et une question avant de faire une intervention et finalement de ne rien faire du tout car au final c’est ben compliqué d’être belle-mère. J’essaie de rapatrier mes talents et mes passions comme le théâtre et l’écriture à travers les crises de larmes, les couches à changer et les discussions interminables avant d’aller au lit. Alors je prends la plume, et au lieu de crier, j’écris!

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