friends unfriend

Qui a volé la solidarité féminine?

friends unfriend

« Moi, je suis ressortie de l’hôpital le lendemain dans mes jeans d’avant la grossesse. Bien attachés. Super confortables. Je comprends pas que des femmes prennent tant de poids enceintes! ».

Bon, bon, bon. Va falloir, ma chère, que tu m’expliques ce que tu attends d’une pareille déclaration. Qu’on te félicite ? Qu’on te cite en exemple de la fille qui est tellement-extraordinairement-formidable qu’elle fitait dans ses jeans le lendemain de son accouchement ? Doit-on s’attendre à ce que ton enfant soit un futur récipiendaire du prix Nobel de chimie parce toi, tu n’as pas pris beaucoup de poids pendant ta grossesse ?

Désolée de péter ta bulle, mais non, tu ne gagnes absolument rien.

On dirait parfois que la maternité est devenue une compétition. Comme s’il s’agissait d’une course. Ou d’un concours. Pourquoi ce besoin de se prouver qu’on a été meilleure, plus vite, mieux? Il me semble que juste essayer d’être une bonne maman, c’est déjà un beau gros contrat de vie. Pourquoi avoir besoin de se sentir meilleure que la voisine et ne pas juste essayer d’être meilleure tout court ? Qui a volé le concept de solidarité féminine entre les mamans ? Qu’on offre une récompense pour le retrouver, pis ça presse.

« Moi, je l’ai eu en 2 poussées, pif paf, et surtout pas d’épidurale, ne-non madame! ».

Pis ? Est-ce que cela fait de toi une meilleure maman ? Suis-je condamnée à être une moins bonne mère parce que j’ai non seulement été en travail trente-six heures, mais que j’ai accueilli à bras ouverts l’épidurale après vingt heures de douleur, que j’ai poussé en m’en fendre les veines dans le cou pendant deux heures, dont les vingt dernières minutes avec ventouse et que Grand-Fille est finalement sortie au terme d’une difficile césarienne pendant laquelle nous avons bien failli trépasser toutes les deux que je suis condamnée à être une moins bonne mère que toi qui a accouché comme une chatte d’Espagne? De. Grâce. Arrête. Ça.

Mesdames, cessons donc de nous comparer et de nous juger entre nous si sévèrement. Et si l’on faisait équipe plutôt que de se comparer ? Si nous cessions de juger les choix de l’autre en pensant que les nôtres sont forcément meilleurs ? Et si nous tendions la main à celle qui éprouve des difficultés au lieu de lui jeter en pleine face à quel point on a été plus-formidablement-meilleure qu’elle ?

Je ne crois pas que nos aïeules qui se sont battues pour qu’on ait notre place dans le monde en tant que femmes souhaitaient vraiment qu’on se mette au régime à peine notre chérubin sorti de nos entrailles. Ni qu’on reçoive au réveillon de Noël quand on a accouché le vingt-deux décembre, ni qu’on allaite en faisant du vélo stationnaire. Personne n’est tenu d’agir en superwoman. Chaque femme est différente et chaque grossesse l’est tout autant. Chacune est une histoire unique. Avec ses bons bouts, ses passages moins roses et ses péripéties multiples. Et même si l’on tente de tout contrôler, le corps fait parfois ce qu’il veut bien, sans nous consulter. Et sans se soucier de ce qu’en dira la voisine.

Alors, ma chère, au lieu de me parler de tes petits jeans à ta sortie de l’hôpital, parle-moi de tes grandes craintes. De ta peur de ne pas être à la hauteur. De tes moments de doutes, d’incertitudes. Parce que peu importe ce que tu porteras sur toi à chaque moment de ta vie, c’est surtout ce que tu porteras en toi qui te sera utile.

Et ce bagage-là, c’est bien correct qu’il soit nettement plus large après ton accouchement qu’avant celui-ci.

Isabelle Clermont
ISABELLE CLERMONT
Crédit : pexels.com

Isabelle Clermont

Je suis l’heureuse maman indigne de Grande-Fille 7 ans et Grand-Garçon 6 ans. Travaillant à temps plein, je connais la jonglerie quotidienne où l’on fait rarement ce qu’on veut, mais Oh combien ce qu’on peut! Je veux intenter un recours collectif contre la mère trop dedans qui a inventé les lutins-de-Noël-qui-font-des-mauvais-coups-la-nuit, et bien que mon entourage voit en moi une adepte de la rangée bio à l’épicerie, je crois parfois-souvent qu’un V8 est une mauzusse de bonne portion de légumes. Comme bien des mamans, je recherche, parfois hors d’haleine, l’équilibre dans ma vie fort remplie, que je n’échangerais pour rien au monde.

Plus d'articles

Post navigation

1 Comment

  • Bonjour Isabelle,

    Je suis une grand maman de 56 ans et je lis très souvent tes histoires et tu me fais bien rire, ce que tu écris est tellement vrai, souvent je me revois quand j’ai eu mes enfants, j’aurais bien aimé avoir accès à un site comme le tien quand j’ai eu mes enfants.

    Je voulais juste te félicité et te dire de continuer, tu dois être une super maman que ses enfants adore.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *