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Ta crise de la quarantaine

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C’est pas de ta faute.

Mais t’as ben de la misère à être agréable et communicative avec les autres quand t’as de la difficulté à te comprendre toi-même.

Elle est arrivée sournoisement, il y a quelques mois, avec, au début, une affirmation plus ferme, plus vindicative, quitte à froisser certaines gens, mais qui s’en souciait, ces personnes n’étaient pas si importantes dans ta vie tu disais.

Puis, un matin, ce sont eux; ceux qui sont importants et à qui tu réponds bêtement, avec qui tu es tranchante et intolérante.

Et tu te sens mal un peu au début, puis tu ne te sens plus : l’empathie est partie, un matin comme ça, sans avertir, sans prévenir. Elle ne te l’avait pas dit mais elle n’est plus là… et toi qui la cherches pour qu’elle revienne, parce que tu veux la sentir à nouveau quand ta sœur ou ton amie te raconte les moments difficiles de sa vie et qu’en dedans de toi, tu ne ressens rien, si ce n’est que de l’indifférence, de l’égoïsme et de la souffrance.

Et tu chiales aussi, tu pestes autant intérieurement qu’extérieurement, contre rien et tout à la fois. En auto, à la maison, contre le chum, les enfants, le travail et les mille et une obligations. Contre le froid et la chaleur, contre le soleil et le bonheur.

Tu voudrais crier tes émotions mais tu ne sais pas trop ce qu’elles sont. Et tu continues d’avancer, le sourire crispé lorsque l’on te salue, parce que toi, tu es forte. Tu es le roc de ta famille, tu es celle qui gère et qui mène, tu ne peux pas t’agenouiller ou baisser les bras. Tu veux passer à travers. Tu te dis que ce n’est que temporaire et tu espères.

Mais la vérité c’est que t’en as marre. Marre d’être gentille, de dire oui, d’être toujours polie. Marre de te battre contre tout et rien, de négocier, de tout gérer et de ne pas pleurer, marre de tout savoir et d’avoir à répondre à toutes les questions des tiens. Tu te sens souvent brusquée, exaspérée et pourtant rien n’a changé.

Tu n’as pas d’envies d’aller voir ailleurs. Tu ne remets pas ton couple ou ta vie en question. D’où ça vient ?

Ce n’est pas une dépression ni un trouble d’adaptation.

Tu ne peux être enceinte alors tu cherches une autre explication.

Tu voudrais du temps pour toi mais tu es tellement impliquée et sollicitée que tu n’as pas le temps et le droit. Et tu te questionnes et te demandes quoi changer pour que le bonheur soit plus facile à ramener.

Pourtant, ta vie est si belle. Tu as des enfants en santé, un mari qui t’aime telle que tu es. Ton travail te passionne, tes amitiés sont fortes et ta famille te supporte.

Puis, après quelques mois, les larmes, celles qui ont brillé par leur absence depuis tant d’années, se mettent à couler. Par bribes, discrètes, puis en flots continus, et dans les moments les plus imprévisibles. Comme là, en ce moment, où tu ne peux endiguer le déluge que tes mots provoquent. Tu voudrais tant savoir ce que tu as.

Puis, tu t’ennuies… de tes amis, de tes enfants que tu as pourtant vus ce matin seulement, et de ton homme aussi. Celui qui attend patiemment que ce moment se termine, que cette crise lui redonne sa femme d’antan, celle qui a le bonheur facile et qui se soucie de ses sœurs, celle qui téléphone et qui reçoit, celle qui donne sans compter et qui s’efface pour les autres, celle qui pardonne à tous.

Je veux juste te dire que ce n’est pas de ta faute.

Tu vas aller mieux. Reste quelques semaines à passer.

Le désir de revenir comme avant est là. C’est bon, non?

Tu penses à tes amies, tes soeurs, ton mari. Ceux qui t’endurent et ne te comprennent pas tout à fait mais qui t’aiment encore et qui se soucient de toi et tu as envie de les remercier.

Ceux qui te pardonnent d’avoir espacé tes appels en sachant que l’amour que tu leur portes est toujours là. C’est juste qu’il sommeille quelque part.

Ceux qui comprennent que ton moi tente de retrouver sa voie, quitte à nettoyer tout autour pour ne garder que le meilleur pour le restant de tes jours.

Tu veux leur dire que tu les aimes.

Et que ce n’est pas leur faute ni la tienne.

C’est la crise de la quarantaine.

Julie Ducasse
JULIE DUCASSE
Crédit : flickr.com

Julie Ducasse

Fonctionnaire travaillante, banlieusarde affirmée, mère de 2 pré-ados, mariée depuis plus de 13 ans, rien ne me destinait à cette vie rangée. Diplôme collégial en arts et communications, quelques crédits universitaires qui ne m’ont rien donnés si ce n’est qu’une culture personnelle plus développée, je travaille maintenant dans le domaine des ressources humaines depuis près de 10 ans. J’écris de temps en temps, pour m’amuser mais surtout, mon but premier, raconter une histoire comme si vous y étiez. Les rêves de liberté, de faire le tour du monde comme journaliste et de voyager, ont été mis de côté. Pas grave, ma vie est d’autant plus animée, avec 4 sœurs totalisant 9 enfants et une histoire de famille compliquée, j’ai des sujets en banque pour bien des années.

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2 Comments

  • Chacun des mots, chacune des phrases représentent exactement ce que je vie depuis quelques mois… mais je n’ai pas encore 40 ans… et ce n’est pas pour les prochains mois… combien de temps cette période doit durer? Jusqu’à mes 40 ans… au secours c’est dans 4 ans.

  • Wow justement cette apres midi je me disais la meme chose que tu as ecrit. Merci ca fait du bien de te lire et de voir que je suis tout a fait normal hihi. Tu m’as fait sourire et j’en avais tellement besoin aujourd’hui ?

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