femme enfant automne dehors

Décomposition familiale

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S’il y a une chose dont je suis fière dans ma vie, c’est d’avoir réussi ma séparation. Après avoir scrapé mon couple comme une grande championne, on est parvenus, le père de mes enfants et moi, à développer une relation plus forte encore. Dans mon cas, il y a vraiment du vrai dans l’expression « ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ». On s’est brisés, blessés, détruits à en perdre conscience, ça a pris une longue convalescence, mais on ne s’est pas tués. On a survécu. Ça peut sembler absurde tout ça, mais la destruction de notre couple nous a rendu encore plus unis et liés. Je crois aujourd’hui, après trois ans bien sonnés de vie de famille décomposée, que c’était peut-être ça, notre vraie destinée. Être des parents/amis qui se supportent.

C’est notre force. On a vite compris que pour la portion intimité de couple, on n’était pas très bons. Pour savoir ce que c’était de l’intimité, il aurait fallu qu’on s’arrête pour lire la définition dans le dictionnaire. Avec deux jeunes enfants, on ne prenait pas le temps de faire ça, s’arrêter. La vie allait vite. Il faut travailler, faire les quarante-cinq millions de tâches qui nous attendent à la maison et surtout prendre chaque précieuse heure de la nuit pour les dormir afin de regénérer ce qui reste de notre batterie. Du temps en couple, on en prenait pas, autre que pour discuter de nos frisés.

On était une équipe de parents solide par contre. Mêmes valeurs, bonne communication, même vision (ou presque) de comment on essaie d’élever ça, un enfant.

La crise de la séparation a été difficile, mais en peu de temps, on a compris bien des choses. Au début, on a fonctionné en rangeant notre orgueil et nos sentiments négatifs dans une garde-robe barrée avec un cadenas. Quand tu parviens à oublier ton égo pour te centrer sur les p’tits cœurs de tes deux frisés qui tentent de survivre au bouleversement, tu contribues comme parent à ce que la tempête soit plus facile à passer. Juste être là et se dire que nos bibittes d’adultes, on les règlera plus tard, peut certainement faire une grande différence dans cette transition intense vers la famille éclatée.

Ce n’est pas évident, mais avec une garde partagée, j’avais des moments à moi où je pouvais brailler, m’en vouloir, être anxieuse, mieux respirer des fois, d’autres moins… J’avais des moments pour recommencer à retrouver un équilibre et me gérer. Ça a fait toute la différence.

Il n’y a pas un contexte de séparation pareil à un autre. Des fois ça se ressemble, mais les deux humains qui mettent fin à leur relation de couple, eux, sont uniques. Ils vont réagir et agir en fonction de ce qu’ils sont. Des fois ça se passe bien, d’autres fois plus mal. Mais on est responsables, aussi, de comment on souhaite que les choses se passent. On est responsables de nos mots, de nos idées, des paroles que l’on dit à nos enfants, nos amis, nos familles.

On n’est pas parfait moi et mon ex-mari, mais on est bien et heureux. Nos frisés aussi je pense. Ils disent parfois qu’ils s’ennuient du temps où maman et papa vivaient sous le même toit. On en parle, on se souvient, on se rassure et on se dit qu’on est heureux, malgré qu’on a un modèle de famille différent, mais pu tant en 2016. Notre version du modèle nous appartient, on l’a créée à partir d’un chaos, mais on en est fiers.

Ce ne sera pas le cas de tous, mais aujourd’hui ma relation d’amitié avec mon ex-mari est une relation prioritaire et importante à mes yeux. On se fait dire souvent qu’on représente une minorité de parents à avoir une aussi belle relation après une séparation. Peut-être, mais ça existe aussi. J’aime croire que l’amour ça ne se divise jamais, que ça se multiplie, et c’est ce qui est arrivé quand la blonde de mon ex-mari est entrée dans sa vie. Sans jalousie, sans crainte, avec douceur, elle prend sa place, aime, et ça je trouve ça beau.

Oui je l’affirme, décomposer ma famille est ce que j’ai réussi de mieux.

Marie-Ève Baillargeon
MARIE-ÈVE BAILLARGEON
Crédit : pixabay.com

Marie-Ève Baillargeon

Mère monoparentale, célibataire, travailleuse sociale, et amie de mon ex-mari, voici ce que je fais pour occuper mes temps libres : -J’élève à temps partiel mon frisé brun de 10 ans et mon frisé blond de 7 ans. -Je m’auto-proclame la « best hockey mom » de ma progéniture. -Je lis une tonne de livres et je suis une passionnée d’écriture. -Je sacre des fois mon rôle de mère au dernier rang sans me sentir coupable. Avant d’être une mère parfaitement cinglante, je suis une femme parfaitement cinglante. Toi qui est devenue mère, la femme, tu l’as mis où ?

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