La chasse aux citrouilles

citrouille halloween

C’est l’automne, pis entre deux averses et trois tas de feuilles, tu te cherches encore désespérément des idées pour divertir ta marmaille. Comme t’es allée trois fois aux pommes et que t’as fait douze bricolages de feuilles mortes, tu commences un peu à tourner en rond, quand soudain te vient l’illumination, tu vas aller aux citrouilles !

Ça fait que sous un ciel gris un peu poche et humide, t’habilles tout ton p’tit monde comme s’il faisait -15 pis que tu t’en allais au fin fond de la toundra arctique tout en tentant tant bien que mal de susciter l’enthousiasme enfantin devant ce légume/fruit dont personne ne veut vraiment, et tu prends le chemin de la ferme. Aussitôt arrivée, tu te rends bien compte que t’es pas la seule à avoir eu cette idée géniale; le stationnement est littéralement envahi par des vans pis des VUS de tout style, desquels émergent des lignées d’enfants aussi heureux que s’ils allaient chez le dentiste, entourés de mamans qui font tout leur possible pour les faire sourire un peu.

Les deux pieds dans la vase, tu fais la file pendant un bon vingt-cinq minutes avec ta gang pendant que l’humidité envahit tranquillement tes bottes en rubber pis se faufile un chemin jusqu’au fin fond de tes os, en attendant le tracteur qui va vous amener, dans la joie, dans le céleste champ de cucurbitacées. Pis c’est juste là, au moment de mettre les pieds dans la remorque bourrée de balles de foin, que ton p’tit dernier se rappelle qu’il a une phobie frénétique et débilitante des tracteurs pis qu’il commence à hurler et à pleurer comme si (ou parce que si) sa vie en dépend. Fait que renonçant au confort de la ride genre tape-cul, tu montes dans le champ en sacrant pas si discrètement que ça dans tes joues, ta gang braillant de pas-avoir-fait-de-tracteur en remorque pis ton exorcisé qui soupire et qui te morve dans le cou.

Arrivée en haut du champ, une vision de guerre s’offre à tes yeux : environ 5000 citrouilles qui attendent, placides, qu’un des 12 000 enfants hurlant qui courent de bord en bord du champ vienne la choisir. Les p’tits sont soudainement frénétiques à l’idée de choisir la PLUS GROSSE citrouille que la terre ait jamais portée, tandis que tu comprends soudainement le trouble dans lequel tu viens de te mettre (toi pis ton dos). Ben oui, t’as tout compris : c’est soudain la compétition féroce à qui trouverait ZE citrouille, celle qui va ben te coûter 59$ pis que tu vas pouvoir transformer en spa une fois l’Halloween passée. Pis t’as trois compétiteurs qui veulent la médaille d’or.

Ça fait que tu tentes l’impossible, tu suggères les p’tites courges décoratives (« SONT LAITTEESS »), celles que tu peux soulever sans un treuil (ben trop p’tites), tu en trouves des blanches, des jaunes, des vertes, à verrues, lisses, mais non, tout ce qui pogne c’est les GROSSES MAUDITES CITROUILLES ORANGES. En sacrant de moins en moins discrètement, tu hisses donc trois de ces monstres dans ta brouette pour acheter la paix pis tu te diriges d’un pas chancelant vers la caisse, en roulant dans la glaise pis en entendant tes vertèbres lombaires se disloquer les unes après les autres.

Pis c’est en te retournant, que du coin de l’œil t’as ta récompense. Dans un rayon de soleil, assis sur le bord du champ sur une botte de foin, #1 mange un p’tit bout de courge en flattant la tuque de #2 qui embrasse sa citrouille, pendant que #3 rêvasse à ses futurs bonbons d’Halloween en regardant en l’air, pendant que la scène d’apocalypse se poursuit en arrière-plan.

Finalement, dans toute l’aventure, c’t’encore toi qui va avoir la plus belle citrouille de ton champ.

Maman Au Cube
MAMAN AU CUBE
Crédit : pexels.com

Maman Au Cube

Je suis une maman tout ce qu’il a de plus ordinaire, sauf que j’ai trois bébés du même âge. Ils sont parfaitement gros, parfaitement en santé, parfaitement plates, nommément #1, #2 et #3. Ça fait qu’à quatre, on n’entre pas pantoute dans le moule de la Maternité-parfaite, ni même dans celle de la maternité normale. Grande acerbe devant l’Éternel, chialeuse de compétition, critique perpétuelle, je n’aspire à rien d’autre qu’à faire comme tout le monde, sans jamais y arriver. Faut comprendre, le monde est fou !!!!

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