maman prison culpabilité

Pour en finir avec la culpabilité

maman prison culpabilité

Comme tu fais partie du club sélect des femmes qui ont perpétué la race humaine, tu fais donc aussi partie du club tout aussi sélect des petites-mères-qui-se-sentent-coupables-pour-tout-pis-rien. Parce qu’on va se dire les vraies affaires, en donnant naissance à ton enfant, tu as aussi donné naissance à ce sentiment infâme qui vient te pourrir la vie à tous les jours de ton existence : la maudite culpabilité.

Ça fait qu’il faut qu’on règle ça une bonne fois pour toute, toi et moi. Je vais te parler direct dans le blancs des yeux, te remettre les points sur les i pis les barres sur les t. Pis tant qu’à faire, les points sur les j pis les barres sur les f, t’sais, juste pour être certaine que tu me comprends vraiment bien. Assis-toi ben carré pis attache ta tuque avec de la broche, ça va donner un grand coup.

Tu ne portes pas tous les torts du monde sur tes épaules parce que tu as porté un enfant. Tout n’est pas de ta faute, comme tu sembles si souvent le penser.

Donc, à partir d’aujourd’hui, tu vas arrêter de te sentir coupable et recommencer à avoir confiance en toi et en tes capacités de maman. Pis là quand je dis aujourd’hui, ça veut dire tu-suite-immédiatement-à-cet-instant-précis-de-ta-vie. Right now beauté.

Quand tu vas te sentir coupable de ne pas avoir allaité ou de ne pas l’avoir fait assez longtemps, tu vas te dire que ton enfant est nourri, en santé et heureux. Quand ben même tu lui auras donné du lait maternisé, il ne sera pas poche à l’école ou incompétent dans sa future job. Si tu as pris cette décision, c’était la bonne pis il y avait une raison en arrière de tout ça. Ne te justifie pas. Pis ta voisine, qu’elle se mêle de ses affaires.

Quand tu vas te sentir coupable d’avoir chicané ton petit un peu trop fort, tu vas te dire que ton enfant vient d’apprendre à connaître tes limites. Je sais bien que tu préfères lui expliquer les choses de la vie calmement, mais parfois, la manière viens-ici-mon-petit-chaton-faut-que-maman-te-parle-doucement-dans-l’oreille ne fonctionne pas aussi bien que tu voudrais. Y’a des matins où tu as grandement besoin d’un peu plus d’impact, ça fait que t’exposes que t’es à bout de façon un petit peu plus claire. Pis c’est pas grave, parce que tu lui as aussi dit douze fois que tu l’aimais aujourd’hui. Arrête de focusser sur le négatif. Vois ce que tu fais de bon. Pis l’aimer, c’est bon en mosus ça.

Quand tu te sentiras coupable de ne pas assez jouer avec tes kids, tu te diras que tes enfants apprennent à développer leur imagination. Tu es une maman, pas une animatrice de camp de jour. Tu n’es pas obligée d’entertainer tes enfants nuit et jour en ayant peur que si tu ne le fais pas, ils seront sous-stimulés. En les laissant s’ennuyer, tu leur permets de se débrouiller un peu tout seuls, de se trouver des idées sans qu’il y ait tout le temps quelqu’un qui leur dit quoi faire. Tu leur dis déjà en masse quoi faire le reste du temps. Ça fait qu’arrête de paniquer avec ça, tu travailles leur autonomie, c’est-tu pas super, ça?

Quand tu te sentiras coupable de laisser tes mignons petits chéris longtemps devant leur écran, tu te diras que des fois, ça fait juste du bien à tout le monde. Que c’est franchement humain de vouloir un break de temps en temps pour faire un souper qui a de l’allure ou plier une des huit brassées qui t’attendent depuis trois jours. Une fois n’est pas coutume. Pis deux fois non plus si tu veux mon avis. Tes enfants font autre chose ma belle. As-tu oublié tous les cours auxquels tu les as inscris et tous les beaux lifts que ça représente pour tes soirées de semaine déjà pleines? Ben c’est ça. Une heure de télé de plus, ça va tuer personne.

Quand tu te sentiras coupable de ne plus avoir ton corps de jeune-fille-n’ayant-jamais-pris-soixante-livres-parce-qu’elle-porte-la-vie-en-elle, tu te diras que les femmes ne sont jamais aussi belles que lorsqu’elles deviennent maman. Demande à ton chum. Il pense comme moi. Pis en parlant de lui, t’es-tu rendu compte qu’il a pris un peu de bedaine dernièrement pis qu’il commence à perdre ses cheveux? Pis sais-tu quoi? Tu l’aimes pareil. Ça fait qu’arrête de t’en vouloir. Sors tes beaux dessous, pis recommence à te trouver belle. Parce que tu es belle, la mère.

Il y a encore douze mille affaires pour lesquelles tu te sens coupable. Mais il faut que tu apprennes à te parler.

Botte-lui le derrière à ta culpabilité.

Tu es une mère, tu fais de ton mieux. Et jamais, au grand jamais, tu ne devrais te sentir coupable pour ça.

Audrey Roy
AUDREY ROY
Crédit : sifotography / 123RF Stock Photo

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

Plus d'articles

Post navigation

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *