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Ta vie avec un préadolescent

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Les préadolescents. En France et aux États-Unis, ils les appellent les tweens. Ici, des fois, on les appelle les adunaissants. C’est pas mal assez laid comme mot. Pas loin derrière moignon.

Les préados veulent qu’on les traite comme des grands, veulent les bébelles d’adolescents, mais chialent encore en bobettes Sponge Bob qu’ils ne veulent pas aller se coucher parce qu’ils veulent continuer de jouer avec leur trash pack. En gros, pendant six quatre ans, c’est comme l’armoire de plats de plastique; tu fais juste rentrer du nouveau stock sans jamais rien jeter de l’ancien. Sauf que tu peux pas te dépêcher de fermer la porte avant que tous les couvercles tombent. Va falloir que tu deal avec certaines nouveautés.

Tu l’avais un peu pris pour acquis jusque là, mais tranquillement, tes sponsors de lunch tout inclus pour enfants te laissent tomber. Finis, les Super Héro chez St-Hubert, la Pizza Lapin du Pacini et les Bébittes au fromage du Boston Pizza pis bonjour au full lunch à 12-14$, avec le verre de lait à 3.50$ en sus. Tu vas devenir la meilleure mascotte de la place qui va les convaincre que de l’eau, c’est ça qui est bon avec un gros brownie à 6$ avec toute ton enthousiasme! Pas grave puisqu’on a déjà l’air des bonhommes de fête foraine de supermarché avec les bras qui flacottent dans les airs la moitié du temps anyway.

Évidemment, ça commence tranquillement à être hormonées ces petites bêtes-là. Un soupçon d’abord pour ajouter le drama nécessaire à leur propre épisode de Bold and the Beautiful. Il faut juste remplacer les fioles de cristal remplies de scotch par des boîtes de jus mandarine-extra-cerises pis un peu moins de cheveux crêpés aux rouleaux. De la même façon, tu deviendras floue en background quand tu leur poseras une question et ils détacheront leur regard au loin dans le vide en faisant tout à fait semblant qu’ils n’ont rien entendu. Ça met l’emphase sur le fait qu’on ne comprend pas leur vie et qu’ils attendent toujours la réponse à “on a-tu-quek-chose-à-manger”. De la jalousie (leur vie sociale à l’école), des trahisons (qui a encore mis des gros yeux collants qui bougent sur ses photos d’école sur le frigidaire) et des pas-gentils-jumeaux-jusque-là-inconnus (c’est pas moi, c’est Bradley/Ashley).

Évidemment, ça veut commencer à être plus coquet. C’est fini ça, la période où tu peux les décorer à ton goût. Fini les p’tites barrettes rose ou le p’tit foulard ramasse-toupette. Mais il commence à y avoir des pics-pics sur les bracelets, des noeuds au bas des gilets et des bottes pas mal moins caoutchouteuses. Si t’as une fille, ça se peut même qu’on commence à jaser de débroussailler les papattes parce que ça commence à devenir gênant durant les cours d’éducation physique. Jusque là, me semble qu’elle disait être heureuse parce que ça la tenait au chaud! Et vlan, tu réalises qu’on commence une autre série d’affaires auxquelles tu n’étais pas encore prête à faire nécessairement face.

Les préados, c’est aussi la recherche d’une nouvelle autonomie. En tant que parent, tu salues cette relative nouvelle liberté; tu peux aller faire des commissions à la SAQ pharmacie d’à côté tout en laissant ta progéniture faire le télégume devant l’ordi pendant ce temps-là. Tu lui fais confiance à ton grand (confiance = lui laisser ton numéro de cellulaire, laisser celui de papa, lui noter aussi le numéro de grand-maman, lui rappeler quand c’est OK d’appeler le 9-1-1, l’avertir qu’en aucun cas il ne peut répondre à la porte et que s’il a besoin, il peut aller voir le voisin de confiance).

Si ça prend trois minutes de plus à la caisse, te v’là prise de remords incroyables pour finalement retrouver ton fettuccine al dente devant son ordi qui ne s’est à peu près jamais rendu compte que tu étais partie.

Ces premières libertés, ça veut aussi dire que ton préado voudra aller au dépanneur tout seul à quatre coins de rue. Pas de problème, mon poulet — de ta mère qui va te suivre en catimini avec un recul de cinquante pieds, avec la même tactique qu’un chat qui se dandine le derrière en traquant un pigeon. Tu as peut-être pas de classe, mais tu surveilles toujours tes p’tits parce que depuis que tu as des enfants, la population est composée à  90% de personnes à l’air louche.

La dernière chose qui change un peu, c’est les colleux devant les autres. Hi! Maman! On fait pu jamais ça! Sauf évidemment quand on se retrouve seuls à la maison. Là, on a encore droit au festin.

Mais t’sais,  la préadolescence c’est carrément un break à côté de ce qui s’en vient.

Lâche pas !

Isabelle Martineau
Crédit : Prometeus / 123RF Stock Photo

Isabelle Martineau

Je suis la maman co-parentale d’une belle grande fille de dix ans qui a compris sur le tard comment l’abeille cruise le chou. J’ai passé une bonne partie de ma vie sur les bancs d’école - faut les mettre à quelque part ces restants de Juicy Fruit-là. Je me promène entre la recherche scientifique et l’administration et entre les deux, je demeure à Québec dans ma première très humble et petite maison. J’attends impatiemment l’adolescence pour débattre, tourner les crises en beaux fous rires et sacrer les p’tits garçons en bas de la galerie.

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