main couple

Mon homme

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Mon homme, y’a des jours où j’me demande comment j’ai fait pour en arriver là. La tête pleine de tracas, de soucis et d’interrogations. Je regarde la cuisine, le salon, la salle de bain et la panique s’empare de moi. J’essaie tant bien que mal de me bouger les fesses, de ranger avec mon sciatique coincé et j’aimerais dont ben ça, un grand coup de main.

Et là tu reviens du travail, tu garroches ton linge à côté du panier de ligne sale que j’ai tenté de vider par trois fois. Tu sautes dans la douche en laissant les débris de ta journée de construction tout autour. Tu prends la paire de shorts au fond du panier de linge propre et plié en ne te souciant pas de l’état du linge qui est au-dessus. Tu prends ta petite bière et tu t’assoies à l’ordinateur. Peinard. Relax. Pis moi j’te watch. Crains pas que j’ai le feu aux fesses, littéralement.

Et là, tout compte fait, après des années mois, je me rends compte que que ce n’est pas contre toi que j’en ai. Mais contre moi. Oui, mets un X sur le calendrier, j’le dirai pas souvent, mais j’suis jalouse.

Jalouse de ton insouciance. Parce que je sais que pour toi, le ménage, c’est pas grave. Tu sais le faire, oui, mais c’est pas classé très haut dans ta liste de priorités. Prendre le temps de simplement prendre le temps passe avant. Pour moi, non. T’es chanceux de pouvoir jouer avec les enfants en sortant toutes les bébelles, aussi petites soient-elles, sans toujours penser qu’il va falloir que tu les ramasses après. Moi j’y arrive pas et ça me fout en rogne.

Jalouse de ta liberté. Quand tu quittes le matin pour le travail et que tu peux t’aérer l’esprit. Quand tu quittes pour aller jouer au hockey pour te défouler. Quand moi, je suis prise presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre à la semaine longue à la maison. Combien de fois je t’ai menacé de vouloir aller travailler, qu’on échange les rôles. Je voulais juste que tu comprennes mon point de vue. Avec mes œillères. J’avais pas compris que pour garder le cap et ta santé mentale en bon état, t’avais besoin de respirer. Je m’excuse pour toutes ces fois où t’es parti avec ton regard de chien battu parce que je pleurais sur le divan, l’air complètement désemparé.

Jalouse de ton je-m’en-foutisme. Ce que les autres pensent et disent, tu t’en contrefous. Moi,  je n’y arrive pas. À toutes les fois où je me pose des questions, que je tombe dans mes lubies de j’pas-une-bonne-maman-comment-on-fait ou que je pète ma coche pour absolument rien pis toute, tu me rassures. T’as toujours les bons mots pour me ramener sur le plancher des vaches et quand c’est pas les mots, juste ton regard me fait comprendre que j’ai pas d’allure. Parce que j’ai ben de l’allure dans le fond.

Je sais que tu dois en avoir ras le pompon de ma fâcheuse tendance à tout gérer tout le temps au quart de tour. Ce que je ne dis pas, c’est que j’ai peur. La vie métro-boulot-dodo avec trois enfants, ça me fait peur. Pire, ça me tétanise. Et je suis totalement jalouse de ta façon à toi de l’aborder, cette vie-là. Tranquillement, une journée à la fois. Je ne sais pas comment tu fais, mais j’essaie de prendre exemple sur toi, sois-en convaincu.

Il m’arrive souvent de regretter ma vie d’avant. Pas longtemps, mais un petit peu parfois. Mais s’il y a quelque chose que je ne regrette pas, et que je ne regretterai jamais, c’est de t’avoir rencontré. C’est pas donné à tout le monde de pouvoir partager sa vie avec un amoureux aimant et attentionné comme toi. Je n’aurais pas pu souhaiter rencontrer un homme aussi imparfait que moi. Mon alter ego masculin.

Quand tu fais tes blagues ou des choses qui ne font aucun sens et que nos amis font des yeux de maudit-grand-innocent-t’as-pas-fait-ça, ben moi je ris. Des fois j’me cache parce que c’est vrai que parfois tu pousses loin, mais j’te trouve drôle. J’me surprends même parfois quand je perds mon temps sur les réseaux sociaux à regarder des photos de toi. Pas celles avec les enfants, juste de toi. Parce que je te trouve dont beau et tellement sexy. Encore plus qu’avant t’sais.

L’autre soir, j’me suis souvenue le moment précis ou je suis tombée amoureuse de toi et ça m’a fait l’effet d’une bombe. Malheureusement, dans ma nouvelle vie de maman, il m’arrive d’oublier à quel point je t’aime et que j’ai de la chance de partager ma vie avec toi. Avec un homme qui me fait rire à tous les jours et qui est encore amoureux de sa jadis-belle-blonde-maintenant-maganée-par-les-grossesses.

À toutes les fois où j’te demande de me lâcher les fesses ou que tu me prends dans tes bras pour absolument aucune raison et que je soupire, bien en fait, ce que je veux te dire, c’est de le faire encore et encore. Je t’en supplie, n’arrête jamais de faire ça. Ça me permet de sentir, malgré mes grosses bobettes beiges et mes cernes qui touchent à terre, que je suis encore une femme. Une belle femme.

Mon homme, après presque six ans de vie commune et nos magnifiques enfants, je veux que tu saches que je t’aime plus que tout. Et que de l’amour pour toi, j’en aurai toujours. Pour l’instant c’est pas facile avec le cercle vicieux des couches, des rénovations, des soucis financiers et tout le reste. Si tu pouvais savoir à quel point tu me manques même si tu es là physiquement. Pis je l’attends, le moment de nos retrouvailles. Pis j’irais n’importe où avec toi, les yeux fermés.

Je t’aime mon chum.

Mélissa Rondeau
MÉLISSA RONDEAU
Crédit : loganban / 123RF Stock Photo

Mélissa Rondeau

Autrefois sirène devenue baleine, j'ai l'immense bonheur de partager ma vie avec le plus beau des requins, le plus sage des poissons-chats de 3-ans-j’suis-grand-bon », la plus espiègle des piranhas et le plus charmeur des petits menés. Essayant tant bien que mal de me garder la tête hors du courant infernal de la perfection maternelle, je fais de mon mieux pour rester une amoureuse attentionnée et une maman amusante qui tente de garder le cap . Au travers des regards des autres qui me font souvent parfois douter de ma façon de faire ou encore de l'état de ma santé mentale, j'aime surtout apprécier les petits sourires que je croise où je suis capable de lire « High five la mère!» Après tout, on ne fait ça qu'une seule fois, aussi bien le faire sans crainte du jugement et avec un amour aussi pur et puissant que celui que nos enfants nous donnent en retour !

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7 Comments

  • Quel beau texte! Je fêterai mes 15 ans de vie commune avec mon chum très bientôt.
    Après 4 enfants qui ont aujourd’hui entre 5 et 12 ans, c’est notre premier été depuis 12 ans que nous retrouvons réellement notre couple.
    Je suis retombée follement amoureuse de mon chum cette année.
    Ça n’a pas toujours été facile le quotidien., mais ça vaut tellement le coup de s’attendre.
    On est redevenu comme 2 ados, maintenant on ne se cache plus de nos parents, mais de nos enfants!☺️
    Soyons patients et amoureux…

  • J’espère que tu lui montreras ce superbe texte à ton homme qui représente tellement ma réalité à moi aussi…

  • Oh mon dieu!! J’ai l’impression de lire un épisode de ma vie… J’ai également 3 beaux enfants et mon homme, je l’adore même 22 ans plus tard! Bon courage ma belle, tu vas voir, l’intimité, les soucis financiers et tout le reste vont finir par se placer. Patience, ce moment de « jalousie » va s’estomper avec le temps et tu vas tellement apprécier tout ces concessions que t’as fait quand tu vas regarder des enfants prendre leur envol et grandir!
    Jpense que c’est ÇA l’amour d’une maman et l’amour qu’il y a entre toi et ton homme!
    Jte souhaite pleins de bonheurs et des tonnes d’amour de ta magnifique famille! xxx

    • Mille mercis à toi. Des fois des beaux mots d’encouragement qui ne viennent pas de sa propre maman ça fait encore plus de bien 🙂 Je tenterai de garder ça en tête quand j’aurai mes crises de jalousie mal placée 🙂 Mais je ne changerais pas de place avec personne !!

      • Je te comprends! Je te souhaite plein de bonheurs ma belle. On ne se connaît pas mais je t’aime bien! ?

  • Les seul choses qui feront qu’un couple traverseront les années je pense que c’est en premier l’amour beaucoup beaucoup d’amour la complicité et l’amitié et il ne faut j’aimais oublier que nous sommes des amoureux avant d’être des parents moi j’ai toujours dit a mes enfants qui ont aujourd’hui , mon grand garçon 16 ans et ma grande fille ( trisomique) 19 ans que j’aime leur père plus qu’eux parce que je l’ai choisis et que le plus beau cadeau que l’on puisse leur donner c’est de rester amoureux c’est les fondements d’une famille …. pus d’amour,pus de famille ,un jour nos enfants auront leur vie et il ne restera que nous deux ……. 25 ans d’amour bientôt le 26 juin❤️❤️❤️

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