maman parfaite

La maman parfaite

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La maman parfaite, t’es certaine de la connaître. C’est ton amie, c’est la femme de ton beau-frère, c’est ta voisine, c’est ta soeur, c’est ta collègue au boulot. Tout le monde en a une dans son entourage. Si tu n’es pas sûre d’en connaître une dans les alentours, t’inquiètes, tu vas la connaître sous peu pis elle aura le don de te rappeler à quel point t’es non seulement une maman imparfaite mais qu’en prime, tu ne sais pas pantoute ce que tu fais.

Parce que t’sais, ton instinct maternel, celui que tout le monde te disait que tu n’aurais qu’à suivre, il n’a clairement pas eu le mémo pis il brille par son absence.

Mais elle, la maman parfaite, c’est pas de sa faute si elle sait « instinctivement » ce que son bébé a besoin quand il tombe malade pis que toi t’es perdue comme une poule pu de tête pis que ça fait huit fois en 5 heures que t’appelles Info-Santé parce que tu penses que ton kid est en phase terminale du rhume et que la téléphoniste t’appelle par ton petit nom.

Pis c’est pas tout, la maman parfaite, elle, elle a toute perdu le poids pris durant sa grossesse quarante-huit heures après avoir expulsé son rejeton pendant que toi, t’es là, avec ton surplus de poids d’après-grossesse, ton surpoids de dépression post-partum – t’sais ça se boit pas tout seul ces coupes de vino-là – et ton surpoids de fille qui allaite pis qui a un appétit de camionneur.

La maman parfaite ne perd jamais patience après son petit bout d’humain durant ses crises aux raisons indétectables. Elle est tellement calme qu’elle en rendrait le Dalaï Lama jaloux. Elle connaît la méthode du Docteur Untel qui fait un miracle avec son mini mais qui fonctionne zéro pis une barre avec ton modèle à toi. Comme si toi, t’avais un radar qui projetait l’incompétence à ton kid. Bravo la mère.

La maman parfaite, elle, elle couche son petit bébé tout neuf dans sa bassinette dans sa chambre à lui puis il fait ses nuits depuis qu’il a trois semaines. Non mais, c’est quoi cette sorcellerie?! Parle de sommeil avec la maman parfaite, elle a la technique pour toi. Ça a fonctionné en à peine quatre nuits pour elle et toi, après vingt-quatre nuits tu étais prête à vendre ton bébé sur le marché noir parce que c’est un échec aussi total que le toupet de Donald Trump. Ça fait que toi, à c’t’heure, tu fais du cododo. Pas parce que t’es une adepte de la parentalité rapprochée mais juste parce que t’es une paresseuse qui veut dormir la nuit et non se lever dix mille fois. Parce que, oui, toi, ton modèle se réveille aux deux heures la nuit. Disons que l’intimité et les rapprochements entre toi pis le monsieur sont rendus quasi inexistants suite à l’arrivée de l’intrus dans votre lit.

La maman parfaite est toute fière de te dire comment elle et le monsieur ont repris les galipettes seulement trois semaines après l’arrivée de bébé et combien sa libido est au rendez-vous tandis que ton organe inférieur souffre tellement encore qu’il a désormais son propre rythme cardiaque. Pendant ce temps-là, ta libido est tellement allumée qu’elle est aussi active qu’un obèse morbide devant une émission des Retrouvailles de Claire Lamarche.

Elle a eu un allaitement parfait; la production au top dès le départ, pas de gerçures, pas d’irritations, une vraie balade dans le jardin, t’sais. Pis toi, tu rush avec ton allaitement aux deux heures qui durent une heure par boire avec une production merdique que tu dois augmenter en utilisant le tire-lait électrique à chaque boire. Tu te sens comme une vache industrialisée, totalement à l’opposé des images de la maternité pulpeuse et plantureuse. Sans compter les saprés suppléments naturels de fenugrec et de chardon béni qui te donnent un appétit sans fond. Tout pour aider ta perte de poids de grossesse.

En plus est tellement sur la coche qu’elle réduit toute la bouffe du petit en purée elle-même. Lui dit surtout pas que t’a acheté de la Mère Poule pis que t’a pas moulu ton poulet jusqu’à le réduire en fine poudre du style crémation finale là. Ça manque de volonté et d’abnégation ton affaire.

Puis tout ça sans compter tout ce qu’elle fait d’autre de parfait. Elle pourrait définitivement être la porte-parole du Mieux-Vivre parce que c’est évidemment son livre de chevet ou tout du moins être la vedette d’une télé-réalité basée sur cette bible de la maternité culpabilisante.

Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que la maman parfaite n’existe pas. La fille dont tu vénères les qualités de mère vénère probablement aussi les tiennes ou celles d’une autre. T’es pas parfaite. Et elle ne l’est pas non plus. Personne ne l’est. Mais si tu te questionnes, on s’entend pour dire que tu te soucies du sort de ta progéniture. On s’entend aussi pour dire que tu fais déjà de ton mieux pis que tu combles la balance avec une tonne d’amour, et ça, c’est pas mal mieux que toute la perfection du monde.

Sarah Perron
SARAH PERRON
Crédit : yacobchuk / 123RF Stock Photo

Sarah Perron

Maman accident d’une minie mignonne de 2 ans, je patauge dans l’anxiété du foutu perfectionnisme gracieusement hérité de ma mère et je tente de ne pas trop traumatiser l’héritière, parce que t’sais, c’est dispendieux des bons psychologues. Entrepreneure dans l’âme, éternelle indécise, sensible qui s’ignore, rêveuse et finalement, pas pire compliquée, assez sympathique, mais pas trop. J’évacue les poux qui stagnent au grenier par l’écriture et cherche un peu à changer le monde par mes extravagances vocabulaires. Attention à mes textes caustiques qui égratigneront les petites mentalités sensibles.

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