maman enfant cuisine

Ta mauvaise maman qui t’aime

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D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu fonder une famille. Les rumeurs voulaient que je sois faite pour enfanter une armée de lardons. J’y croyais.

Aujourd’hui, je doute.

Mon garçon, trop souvent je me demande si je suis la bonne personne pour toi. Si je suis celle que tu aurais choisie. Continuellement, je ne me sens pas à la hauteur. Dès tes premières heures de vie, je me remettais déjà en question. Étais-je faite pour être maman?

Tu es sans aucun doute le plus bel accomplissement de ma vie, de notre vie. Hélas, je ne suis pas parfaite. Shit non. La mère qu’on voit dans les annonces avec le regard pétillant et le sourire Colgate jusqu’aux oreilles qui se réjouit en regardant son enfant renverser un verre de jus d’orange sur son tapis blanc juste parce qu’elle pourra passer un coup de Bounty sur le plancher, ce n’est pas moi. Je ne suis même pas proche.

Mon garçon, parfois, je ne ressens pas ce sentiment de culpabilité qui devrait m’envahir en tant que bonne mère de famille.

Il y a des matins où je m’empresse de partir au boulot. Car ces matins-là, je préfère de loin la sonnerie du téléphone à ton pleurnichage.

Il y a des soirs où je sors avec des amies et je m’assure que l’heure du dodo soit passée pour rentrer à la maison. Car ces soirs-là, je préfère siroter un verre de blanc et parler du bon vieux temps que de me faire lancer du macaroni et de me faire baragouiner des mots pas trop clairs.

Il y a des fois où j’envie ces amies, qui n’ont pas d’enfants, pour qui la vie se résume à leur nombril. Ces amies qui ont conservé cette naïveté qui leur permet de croire que c’est si simple d’être maman.

Ce n’est pas compliqué, il y a des jours où j’ai le goût de tout laisser tomber et de sacrer mon camp vendre de la limonade dans un tipi en paille sur une île tropicale.

Mais aussitôt le lendemain matin venu, quand toi et ta petite binette arrivez en courant avec le toupet frisé dans le vent pour me sauter dans les bras et me dire « je t’aime » à ta façon,  la culpabilité s’empare de moi. Parce qu’au fond, il n’y a pas d’amour plus pur que le nôtre. Et bien vite, trop vite, j’aurai le cafard et je voudrai assurément revenir en arrière pour revivre tous ces petits moments que j’aurai tenté d’esquiver.

Tôt ou tard, je sais qu’il y aura des matins où c’est toi qui t’empresseras de quitter la maison. Car ces matins-là, tu préféreras de loin entendre le bruit de la cloche d’école que ton père et moi qui nous obstinons. Et moi, je m’ennuierai de ta si petite voix qui réclamait mon attention.

Il y aura des soirs où c’est toi qui ne voudras pas rentrer à la maison. Car ces soirs-là, tu préféreras siroter une slush avec tes amis dans la ruelle que de te faire ordonner de ranger ta chambre. Et moi, je m’ennuierai de ta petite face tachée de sauce tomate et de tes premiers mots.

Puis, plus tard, tu envieras inévitablement tes amis qui auront une mère plus cool que la tienne.

Et fiston, peut-être que pour toi aussi, arrivera ce jour où tu auras le goût de sacrer ton camp et partir faire ta vie.

Et ce jour-là, c’est moi qui courrai dans tes bras pour te dire « je t’aime » à ma façon.

Ta mauvaise maman qui t’aime.

Crédit : alenkasm / 123RF Stock Photo

Rose-Marie Martel

Maman recrue, je suis loin d'être parfaite. J'ai tout ce qu'il faut pour être une mère indigne du XXIème siècle. De formation ainsi que de métier, je suis designer d'intérieur donc un peu artiste sur les bords. Je demeure dans la région de Québec et j'ai fait traiter mon gazon pour la première fois cette année. J'adore le sarcasme et la musique classique (une de ces deux affirmations est fausse). J'ai le goût de partager mes vilaines pensées avec vous au lieu d'aller me confesser sur un banc d'église. Ça pue dans une église.

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4 Comments

  • Voilà! Très bien dit car en effet plusieurs élément qui nous irritent de temps à autre nous manqueront plus tard!! ❤ Nous devons profiter des moments où ils ont encore besoin de nous ha ha! De ce fait ils nous démontrent aussi que OUI c’est nous qu’ils ont choisi! ?

  • Le ressenti n’a pas force de vérité….! C’est uniquement une interrogation…Pour vous rassurer, sachez que les « sages » de toutes les croyances et de toute les civilisations, ont compris que c’étaient les enfants qui choisissaient leurs parents !!!! Alors méditez et surtout vivez vos émotions qui sont les vrais guides de votre bonheur….

  • Ce soir, j’ai dû chicaner mon fils car il m’avait crié après. Monoparentale temps plein de 2 kids en bas de 7 ans, ce soir j’avais mauditement hâte qu’ils aillent se coucher. J’ai fait pleurer mon fils car je l’ai subitement mis au lit… C’est dur parfois de pas se sentir coupable envers eux, en continuant tout de même à jouer la figure d’autorité à la fois du père et de la mère. Beau texte. …

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