maman qui crie fachee

J’ai crié pis je m’en veux pas

maman qui crie fachee

Hier, j’ai crié. Ça faisait quatre fois que je te demandais te sortir du bain, mais toi, tu voulais continuer de faire des gâteaux imaginaires à la fraise pis à la crotte de nez. Ça t’a même pas saisi. T’es resté là avec tes vieux plats de margarine. T’as fait comme si tu m’entendais pas.  Ma patience a pris le bord. Je t’ai menacé à grand coup de t’auras-pas-d’histoire, j’ai monté le ton d’une couple de crans, t’as fini par comprendre que t’avais dépassé les bornes, t’as fini ton gâteau à la crotte de pipi pis t’es sorti en pleurant. Je t’ai couché en quatrième vitesse avec mon plus bel air bête pis je suis partie me cacher dans le salon pour ventiler.

Normalement, c’est là que je te dis que je m’en veux. Que je sais ben que toi, t’es juste un enfant pis que dans toute ton innocence, tu voulais juste avoir du fun. Que c’est pas ta job de comprendre que j’ai ma journée dans le derrière. Que je me suis engueulée avec ton père. Ou que je suis SPM. Mais la vérité, c’est que j’ai crié. Pis je m’en veux pas.

J’aimerais ça te dire qu’on vit dans un monde en pain d’épices, qu’on voyage à dos de licorne pis qu’on paye notre maison en bonbons avec de l’argent en Monopoly. Mais ça marche pas de même. On dort mal, on se lève trop de bonne heure, on travaille, on fait le souper en quatrième vitesse pour aller au cours de soccer à la pluie battante, on fait de l’over pour payer les prochaines vacances dans le Maine, on se barre le dos, on est patchée, on attrape la gastro, on lave la toilette, on passe la balayeuse, on joue à Opération même si ça nous tente pas pantoute pis qu’on a juste le goût de caler un quarante onces de Jack Daniel’s pis on recommence à l’infini pendant des années. Ah, ben souvent, on a du fun. Mais chaque journée comporte son lot d’affaires plates. C’est de même dans l’attente que les Calinours débarquent.

Ça fait qu’on fait toutes notre bout de chemin. À quatre ans, le tien est moins long. C’est pour ça que je te lave même si je-te-déteste-tu-m’as-envoyé-du-savon-dans-les-yeux, que je te nourris même si tu boudes quand on mange des omelettes, que je lave ton linge même si je-voulais-mon-tee-shirt-des-Avengers-bon, que je te borde même si je reste jamais assez longtemps, que j’organise des sorties pour toi même si on ne va pas au nouveau Fun-Factory-2000-à-cinq-cents-piastres-la-journée-c’est-pas-juste pis que je fais ça avec un sourire empreint d’amour conditionnel. La plupart du temps.

Pis des fois, ben, je pogne les nerfs. Parce que t’écoutes pas, parce que j’ai mal à la tête, parce que ça fait cent-soixante-quinze fois que je te répète la même affaire, parce que j’ai fini plus tard à la job pis qu’on est en retard au cours de piscine, parce que je me suis pognée avec mon boss, parce que mes spaghettis ont collé au fond ou parce que je reviens de recevoir une facture de Revenu Québec que j’attendais pas pis que j’ai pas les moyens de payer.

Si c’était hormonal et gratuit, je m’excuse. Pis si j’ai crié, je m’excuse aussi. Parce qu’on apprend rien qu’à crier plus fort quand on commence ça. Si c’est de ta faute, je t’apprends. Pis si tu pleures, je te console. Mais dans tous les cas, je suis désolée de te le dire, mais je m’en veux pas.

Je m’en veux pas parce que je suis ni parfaite ni R2D2. J’agis sur le coup de l’émotion pis des émotions, j’en ai plein qui viennent de tout ce que je vis au quotidien. Je les contiens toujours au mieux de ma capacité mais j’aurai jamais le BAC de Roboto. Pis t’sais, on est toutes de même. Toute ta vie, tu vas être confronté à tes émotions pis à celles de tout le monde. Pis je te le dis, y’en a des pas mal plus coriaces que moi. Je veux pas que tu te transformes en énergumène qui engueule la caissière chez IGA parce que t’as ta journée dans le derrière. Ni que tu pognes les nerfs après tes amis parce que t’es en train de perdre ta game à Mario Kart. J’ai le goût de t’apprendre à être juste pis respectueux. Mais je veux aussi t’apprendre à être indulgent envers toi-même. T’as pas de fun quand tu passes ta vie à t’en vouloir. Fais de ton mieux pis assume-toi. En attendant, je vais continuer de faire pareil.

À soir j’ai crié pis je m’excuse mon grand.

Mais je m’en veux pas.

Partagez pour rappeler à toutes les mamans de ranger la culpabilité et la pression de toujours faire mieux au placard, d’être indulgentes envers elles-mêmes et d’être fières de la maman parfaitement imparfaite qu’elles sont chaque jour.

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En réaction à Ce soir tu t’es endormi en pleurant du blogue L’Emmèredeuse.

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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11 Comments

  • iiiish, avec une vie aussi palpitante (ou décrite de cette façon-là), la dépression semble être pas ben ben loin… Je ne vous le souhaite pas!

    • Bonjour, ce blogue vise à déconstruire l’image de la mère parfaite et à permettre à toutes les mères de famille de se sentir normale à travers toutes les émotions entourant leur rôle de parent. Il va donc de soi que cette ligne directrice amène des propos comme ceux tenus dans cet article sur un ton qui n’en demeure pas moins humoristique. Partons toujours du principe fondamental que tous les parents adorent leurs enfants pour bien saisir le deuxième degré de ses propos ????

      • Oufff, il y a encore de l’éducation à faire sur la dépression, surtout la dépression parentale! Non, une dépression ne veut pas dire qu’on n’aime pas ses enfants. Non, une dépression ne veut pas dire qu’on veut du mal à ses enfants (la psychose post-partum peut entraîner des actions horribles, et elle est à distinguer de la dépression; et même là, la personne doit vivre avec ses actions pour le reste de sa vie). Non, une dépression ne veut pas dire qu’on voudrait ne jamais avoir fait d’enfants. C’est une maladie extrêmement difficile à vivre, et les parents qui vivent ça ne devraient pas se faire pointer du doigt; ils ne sont pas de moins bons parents pour autant.

        J’avais compris la tentative d’humour, mais je trouvais que la description semblait pointer vers un mal de vivre sous-jacent. Mais bon, je ne suis pas médecin, et même un médecin ne pourrait pas diagnostiquer une dépression avec un simple billet de blogue! Cela dit, je vous souhaite davantage de fun, ça se prend toujours bien! 🙂

      • Sur un mode humoristique??
        .. j’avais oublié que c’est drôle de montrer à son enfant que l’agressivité est une solution qui est acceptable (d’ailleurs, l’auteur (ou plutôt la personne qui a vomi cette salade de mots) ne culpabilise pas d’avoir été agressive) lorsque les « emotions » prennent le dessus… Calvaire, comment j’ai pu oublier ce concept fondamental de l’humour!?!

      • Il n’est en aucun cas question de défendre la violence ou l’agressivité ni de ne pas encourager les gens à s’améliorer mais plutôt d’accepter le fait que personne n’est parfait, qu’on a tous nos limites, qu’on les atteint parfois plus vite, qu’on fera toujours en sorte de limiter ces moments où l’on crie ou l’on n’agit pas comme on le souhaiterait mais qu’on accepte et qu’on assume le fait qu’on peut se tromper et qu’une grande partie des réactions qu’on adopte font aussi partie de la vie.

  • Cette façon que tu as de terminer chaque phrase par un point  » .  » t’es suuuuure que t’es pas en dépression Maman cinglante? 😉

  • Merci beaucoup pour ce texte!!! Il tombe à point avec ma journée!!! Ça m’a fait du bien de te lire, c’est le reflet de ma vie! Et avec tout ce qu’on vois,sur les médias sociaux surtout, je m’en confesse,je suis addit, on en viens à se trouver mauvaise mère à toute les 2 minutes. …. ça fais du bien parfois de lire des textes, ou des statuts, plus… réel….. même si l’opposé à aussi sa place! On apprend de tout et de tous. Pis y faut de bons exemple pour pouvoir se fixer des objectifs…. mais il ne faut pas oublié notre qualité d’être humain imparfait! Merci!!!!!

  • Et bien moi, je suis comme Maman cinglante! Je l’ai lu, et j’ai souri en me reconnaissant, et croyez-moi, je suis loin de la dépression! Je suis une maman qui a le « cri facile », et quand je demande à mes enfants de 4 et 6 ans s’ils me trouvent chialeuse, ils me regardent et n’ont pas l’air de comprendre le fondement de ma question, tout en me répondant un gros Nooooooon!
    Merci Maman cinglante pour vos textes magnifiques! J’aimerais être capable de mettre de pareils mots sur tout ce que comporte ma vie de maman!

  • Merci pour se texte. Je viens de déculpabiliser sur pleins de point. Maman de 3 jeunes enfants donc des jumeaux, pas toujours facile avec le plus grand.. À partir de maintenant je m assumerais sur mes émotions ?

  • Hahahaha en tout cas pour ma part j’ai adoré, j’ai souris à plusieurs passage ou je me suis vu et je peux vous dire que je suis une mère très heureuse comme celle qui a écris se texte et pour ceux qui ose en dire le contraire ben vous me faites bien rire continuer de vous montrer toujours comme si rien ne vois atteignait , vous autres les famille si parfaite qui ne leve jamais le ton et ne perde jamais patience !!! Belle génération d’enfant roi ça haha
    En tout cas moi j’ai jamais eu peur de le dire avoir des enfants pis une job une maison et tout le reste c’est de l’ouvrage en esti pis du temp pour toi juste pour toi t’en a pu mais qu aussi ça apporte tellement de bonheur que de voir ses enfants s’épanouir et être heureux ya rien de comparable comme sentiment … Sur ce je te remercie toi qui a écrit ce poste et pour les autre ben passer donc votre tour si vous aimer pas ça au lieu d’essayer de jouer au médecin avec vos diagnostic de niouf

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