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Le retour du calvaire des lunchs scolaires

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Dans mon temps, les lunchs, c’était ben simple. Ma mère me faisait une sandwich au jambon. Tous les jours. Tout le monde mangeait des sandwiches au jambon sauf les trois mêmes petits amis exotiques qui faisaient régulièrement chauffer une matière douteuse au micro-ondes sous notre regard ébahi. Personne s’en faisait avec les peanuts, l’éducatrice qui s’occupait de moi a même déjà fait chauffer une Oh Henry dans le micro-ondes à des fins d’expérience. Le même micro-ondes qui réchauffait les lunchs douteux des trois enfants fancy qui ne mangeaient pas de sandwiches.

Par deux fois, ma mère a essayé de mettre du 7up dans mon thermos. Mais le 7up sous pression, ça se passe plus ou moins bien. Reste qu’à défaut d’avoir trouvé le contenant idéal pour en apporter, j’avais le droit d’en boire. Pour dessert, c’était le festival des échanges de petits gâteaux Vachon et on plaignait toujours le même pauvre petit gars dont les parents étaient particulièrement granos qui devait se contenter d’une salade de fruits en cup pas de cerises. Des fois j’avais une pomme. Des fois. Aujourd’hui, j’ai 32 ans, mon système immunitaire fonctionne à plein régime et je ne suis pratiquement jamais malade.

J’en déduis donc qu’il s’est passé un fait marquant entre 1995 et 2010. Étant davantage préoccupée par ma bière du vendredi soir que par les lunchs scolaires à l’époque, j’ai dû manquer l’annonce d’une épidémie de diabète infantile, la mort subite d’un jeune mangeur de gâteaux Vachon ou l’histoire d’une overdose de sandwiches au jambon. Bref, suite à ce fait marquant inconnu, la planète s’est revirée de bord. Exit le glucose-fructose. Exit les gras trans. Exit le fun. Exit la demi-mesure. Exit le bon jugement laissé au soin des parents. Aujourd’hui, on se fait tatouer le guide alimentaire sur le cœur et on ne sort plus nulle part sans sa carotte. Si tu trouves que j’exagère, j’en déduis que ton enfant ne va pas à l’école.

Premièrement, il y a la collation. La collation doit être composée de fruits frais, de légumes frais ou de fromage frais. Fine. Je ne connais personne qui est contre la fraîcheur. Sauf que des fois, c’est le fun, un petit package de biscuits à tartiner avec du Cheez Wiz ou un pain aux bananes pas de peanuts acheté à l’épicerie fait maison. Pis une compote en sachet, ben ça dépanne. Oui, oui, une compote, sans sucre là. Mais non. Non. Semblerait-il qu’on ne sait pas véritablement ce qu’elle contient, cette compote-là. Même si « sans sucre » est marqué plus gros que « compote » sur la boite, ce ne serait ni plus ni moins qu’un guet-apens pour berner les parents en quête d’une collation santé. Mais OH ! L’école n’est pas dupe et ne se laisse pas berner comme ce pauvre parent naïf. Afin de préserver la santé fragile de ses bénéficiaires, mieux vaut proscrire lesdites compotes, les coupes de fruits et tout dérivé des fruits et légumes qui ne se présente pas sous la forme d’une bonne vieille banane. Une pierre deux coups, la survie de l’espèce est assurée. Je rêve du jour où un enfant va faire une overdose de brocoli pour nous donner un break de verdure. Malheureusement, jusqu’ici, à part une diarrhée explosive, rien de nouveau sous le soleil.

Quand sonne midi, la variété est au menu. Ne pas diversifier les repas de son enfant en revient ni plus ni moins à ne pas l’aimer. En tout cas, pas sincèrement. Pas profondément. Parce que l’absence de diversité nuit à son développement cognitif. Vous savez ce qu’on dit :  « Après deux lunchs de spaghetti, ton cerveau ramollit. » Je n’ose même pas imaginer l’état du mien en tant que membre officiel de la génération sandwich au jambon.

Bref, si tu oses deux portions de lasagne dans une même semaine, attends-toi à recevoir un billet des-diététistes-certifiées-du-service-de-garde-de-l’école-d’à-côté via la boite à lunch de ton enfant t’annonçant que ton manque de discernement face à tes choix alimentaires relève de la négligence. « Nous avons remarqué que Charles-Étienne avait mangé deux fois de la lasagne cette semaine. Nous vous rappelons qu’il est important de diversifier l’alimentation de votre enfant. Merci. » Une chance que vous êtes là. Mon plus grand regret est que vous n’ayez pas participé à mon accouchement et à l’éducation de mon enfant pendant les cinq premières années de sa vie. Je remercie le ciel chaque jour d’avoir eu la chance inouïe de le maintenir en vie jusqu’ici malgré mon manque cruel de jugement.

Pour ce qui est du dessert, ne prends jamais rien pour acquis. Si on t’annonce que les desserts sucrés sont permis à l’exception des bonbons et du chocolat en début d’année, tu n’es pas à l’abri d’un revirement de situation inattendu qui mettra assurément du piquant dans ta vie. « Nous avons remarqué que Benjamin mange souvent des Jos Louis comme dessert le midi. Bien que les desserts sucrés soient permis, nous recommandons fortement de les alterner avec des fruits frais. Merci. »

Heureusement, la diversification des lunchs a engendré chez moi une recrudescence de créativité. Le lendemain, mon fils est parti de la maison avec une boite à lunch vide. « Compte tenu de mon flagrant manque de jugement, je recommande fortement que vous remplissiez vous-mêmes la boite à lunch de mon enfant afin que vous puissiez vous assurer qu’il dispose de tous les nutriments nécessaires à son évolution. Vous pouvez aussi passer le prendre après les cours et l’amener à son cours de natation. Merci. »

Bonne rentrée là !

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Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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