kids in graveyard

Lettre au père de mes enfants parti trop tôt

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Tu es parti beaucoup trop tôt. La vie t’a arraché à moi, à tes enfants, à ta famille, à tes amis. Tu étais encore jeune et tu avais la vie devant toi. Une vie pour voir tes enfants grandir. Une vie pour pratiquer ton sport préféré. Une vie pour voyager. La vie est ingrate parfois.

Ça fait maintenant longtemps que tu es parti, mais je pense souvent à toi. Déjà plusieurs années se sont écoulées depuis que tu nous as quittés et les souvenirs que je garde de toi sont toujours aussi clairs dans ma mémoire. Je te revois encore, couché dans ton lit d’hôpital, devenu ton lit de mort, branché à plusieurs fils et à un respirateur. Je me souviens de moi qui restais positive et qui me disais que tout était encore possible, que tu allais revenir, que tu étais fait fort.

Face à cette impossibilité, j’ai commencé à penser que c’était moi qui devait être forte : forte pour moi, forte pour nos enfants, forte pour la suite des choses.

Quand tu es parti, j’ai cessé de penser à moi pour ne penser qu’à nos deux amours; il fallait garder le cap. La routine et être avec eux m’aidaient à définir cette vie qui serait dorénavant sans toi. Mais, je n’étais pas seule. J’étais entourée de mes amis et de ma famille. Tard le soir, je pleurais pour que les enfants ne me voient pas. Et le lendemain, je commençais ma journée avec une routine réconfortante pour eux.

Je t’ai parlé un soir, m’as-tu entendue ? Je t’ai demandé quelle serait la suite? La suite que je n’attendais pas de sitôt. Tu l’avais prédit. Quelques mois avant de mourir, tu m’avais dit que je trouverais quelqu’un et je t’ai répondu que tu ne pouvais pas me parler comme ça, que non, c’était impossible et que de toute façon, tu ne mourrais pas.

J’étais aveuglée par la peine, mais tu avais raison : la vie continue et aujourd’hui, l’amour s’est présenté à ma porte, par la grande porte. La porte qui te montre de quoi la vie est faite. D’amour, de joie, de rencontres.

Je sais que tu serais fier de nous. De voir ce que nous sommes devenus. De voir que nous sommes heureux.

Crédit : Lukassek/Shutterstock.com

Mélanie Dufort

Passionnée de piano, de guitare et de chant, je suis la maman de deux garçons, orphelins de père et aussi la belle-maman d’une fille et d’un garçon, orphelins de mère. Mon conjoint et moi formons donc une belle famille recomposée. Même après un baccalauréat en marketing et une attestation d’études en design d’intérieur, j’ai choisi de rester à la maison. Après ce que j’ai vécu, je crois que l’écriture devient une nécessité.

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6 Comments

  • Bonjour
    Merci pour cet article. Mon mari est décédé en janvier, des suites d’une maladie, qu’on pouvait soigner (mais la vie en a voulu autrement). J’ai deux fils, de bientôt 2 ans et 4 ans et demi. Le futur m’apparaît très difficile. Je ne cherche pas à rencontrer quelqu’un, j’ai l’impression que je ne pourrai jamais aimer quelqu’un d’autre, ou aimer les enfants d’un autre (les miens me demandent déjà tellement d’énergie). Je veux juste retrouver la joie de vivre, et l’énergie de faire mieux que survivre, pour mes enfants, et pour moi.
    S’il est possible de vous contacter en MP cela m’apporterait beaucoup de pouvoir discuter avec vous de votre vécu.
    Anonyme

  • Bravo pour se beau texte. Moi ça fait aujourd’hui 18mois qu’il est parti c’est tellement difficile encore.
    Bravo pour votre courage

    • Courage et patience, brave femme !
      Rien ne vaut le bonheur de vos deux lionceaux, de ces braves orphelins.
      Ma chère mère a vécu une histoire similaire, et notre soeur benjamine est née deux mois après la disparition tragique de notre cher papa.
      Nous étions encore des petits poussins, et nous avons fini par grandir et par prendre la vie à bras le corps.
      Notre écorce s’est endurcie, et notre chère mère est devenue une femme rayonnante et qui dégage du bonheur et de la satisfaction à un degré admirable.
      Vos enfants vous rendront tout le bien que vous leur prodiguez, ne vous-en faîtes pas.

      Bon courage, brave femme !

    • Prenez soin de vos petits enfants, et la vie vous le rendra.
      Bon courage, brave femme !

  • C’est tellement vrai vécu ça aussi avec le père de mes enfants et ses exactement ça être forte bravo à vous merci pour ce beau text touchant Et vrai

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