little boy close his ears

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries

little boy close his ears

Papa,

J’ai cinq ans et depuis que je suis tout petit, je rêve de devenir comme toi quand je serai grand. D’être aussi fort et de faire le métier que tu fais. Je fais tout ce que je peux pour que tu sois fier de moi parce que ça fait gonfler mon cœur de bonheur de te voir me regarder avec tes yeux brillants quand je fais un bon coup. Ou que je compte un but.

Mais quand tu cries après moi en plein match de soccer pour que je performe mieux, pour que je performe plus, Papa, ça me rend malheureux. Quand tu me parles fort avec ta grosse voix parce que je n’ai pas frappé la balle à temps en jouant au base-ball dans la cour, j’ai de la peine. Et quand j’y repense à l’heure du dodo le soir, souvent, j’ai envie de pleurer.

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries. Parce que je t’entends quand tu me parles et que tu n’as pas besoin de lever le ton pour que je te comprenne. Parce que je suis un petit garçon intelligent et que j’entends bien tous les mots que tu prononces, même à voix basse. Quand tu cries, ce que tu dis me rentre par une oreille et me sort par l’autre parce que je suis trop occupé à protéger mon cœur de ta grosse voix.

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries. Parce que rien ne me rend plus triste que de te voir en colère contre moi. Je me donne beaucoup de mal pour respecter toutes les règles à la maison comme partout ailleurs et j’écoute toujours tes consignes avec toute ma petite attention. Quand tu cries, j’ai l’impression que je viens de faire quelque chose d’interdit sans comprendre ce que c’est et je ne sais pas quoi faire.

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries. Parce que je sens que je ne suis pas la hauteur et que je te déçois. Parce que parfois, quand tu élèves la voix, j’ai l’impression que je ne serai jamais le petit garçon que tu rêvais d’avoir. Celui qui compte des milliers de buts et qui n’a jamais peur de tomber. Je ne suis pas comme ça, moi, Papa. Je suis différent, je suis moi et tu ne me changeras pas en criant.

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries. Parce que je joue pour m’amuser. Je sais que pour toi, la victoire est importante, mais je ne suis pas toi, Papa. Et moi, j’ai envie de m’amuser. Parfois, j’ai envie de courir sur le terrain gazonné sans plus me soucier du ballon qui s’apprête à franchir le but de mon équipe. Parfois, j’ai envie de courir comme un fou plutôt que de me pratiquer à faire du vélo à deux roues. Parfois, j’ai envie de frapper ma balle dans tous les sens plutôt que d’apprendre à faire des services. Bien sûr, je sais que je dois me concentrer et je passe le plus clair de mon temps à le faire. Je participe. Je m’améliore. Mais si je manque mon coup, je ris. Toi, pourquoi tu cries, Papa ?

Papa, je n’aime pas ça quand tu cries. Parce que ça ne m’encourage pas à faire des efforts; ça me donne envie d’abandonner. Toutes les fois que ta voix résonne pour me gronder parce que j’ai raté une passe ou que je tombe à vélo, ça me fait mal. C’est comme un petit clou que tu plantes dans mon cœur et il commence à y en avoir beaucoup, des petits clous.

Papa, arrête de crier.

Crédit : Roman Yanushevsky/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

Plus d'articles

Post navigation

1 Comment

  • ah quelle belle leçon de vie à un père qui croit qu en criant son fils l entendra. alors que c est faux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *