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Câli?&$ de Tabarn*# : l’ABC de mon sacrage maternel

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Quand j’étais petite, mon père sacrait. Pas si souvent, en fait.  Principalement quand il sortait son coffre à outils. Mais chose certaine, quand j’entendais ça, je marchais les fesses serrées. C’était épeurant, plus qu’une colère standard, c’était une coche au-dessus. Pis jamais, au grand jamais, je n’aurais osé, moi, utiliser un de ces mots « d’adulte » devant mes parents.

Puis un jour, vers douze ans, je me suis mise à sacrer un peu dans la rue ou l’autobus, pour faire ma cool, pour faire comme les autres. C’était ma petite rébellion à moi.  Tranquillement, les osti de ce monde se sont taillé une place de choix dans mon vocabulaire, sans que je m’en rende vraiment compte. Jusqu’à ce jour où j’ai entendu ma fillette de vingt mois lâcher un retentissant criss devant la visite! Enfer et damnation! Pourtant incapable de répéter le mot « fromage » alors que c’était son aliment favori, elle avait assimilé à la première écoute ce vilain terme qui m’avait échappé malgré moi! C’est donc bien fait, les enfants, non? Pfffft!  Ce jour-là, je l’ai juré, je ne sacrerais plus JAMAIS!

Le hic c’est que, sacrer, ça devient vite comme grincer des dents ou se ronger les ongles : une mauvaise habitude, un mouvement réflexe, une chose qu’on fait par automatisme sans y penser. Malgré toutes les bonnes intentions du monde, quand je me pète l’orteil sur la patte de la table du salon, mon cerveau émet un signal, et laisse-moi te dire que ce signal ne sonne pas comme « zut de flûte ». Pas le choix, si je veux arrêter de sacrer, va falloir tout me reconditionner!

Heureusement pour moi, mes enfants se font un plaisir de m’aider! Suite à leur entrée à l’école, ils sont désormais formés pour reconnaître les fameux « mots-poubelle » et se font  un plaisir de souligner à grands traits mes moindres écarts de langage. Ça donne d’ailleurs lieu à une multitude de discussions et d’obstinations. Dire ‘’maudit’’, est-ce que c’est sacrer? « Merde » est-il acceptable ou non? Ciboire, cibole, viarge, sacrement…Tous des mots d’église, mais quand même plus softs un peu que les jurons traditionnels, non? Peut-on se les permettre ou pas, devant les enfants? Pour ma part si je laisse échapper un « maudit », vous n’avez pas idée de ce qui me passe vraiment par la tête à ce moment, donc je considère cet inoffensif petit mot comme une grande victoire dans le domaine du self-control.

J’ai souvent entendu des gens dire que sacrer c’était « laid, pour une fille ». Moi je pense que, homme ou femme, c’est effectivement laid et pas mal inutile. Alors, tel un fumeur avec sa patch de nicotine, j’y travaille fort, avec mes hauts et mes bas, je respire quand la tentation est trop forte, je rattrape de peine et de misère ces mots tabous avant qu’ils ne s’échappent. Et je me rabats sur l’efficace « calvaire », qui est assez politiquement correct pour être prononcé en public tout en offrant un meilleur potentiel de défoulement qu’une niaiserie comme « saperlipopette ».

Un jour, je ne sacrerai plus. Sauf le jour où je me péterai l’orteil sur la patte de la table…

Crédit : SpeedKingz/Shutterstock.com

Mélissa Brassard

Journaliste dans une ancienne vie, je suis maintenant une mère à temps plein pour ma dramaqueen de 6 ans et mon garçon-qui-se-prend-pour-un-lion de quatre ans. Je les élève en toute simplicité, avec l’aide indispensable de mon presque parfait mari, du fin fond de notre Saguenay natal. Mon besoin d’écrire ne m’a toutefois jamais quitté avec les années. Véritable amoureuse des mots, je dévore les livres comme d’autres dévorent des chips…Sauf que je dévore aussi les chips! Oups! J’aime les débats respectueux et les discussions animées! J’aime aussi rire et le ridicule ne m’a pas encore tuée à ce jour!

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