little girl say goodbye

Lettre à mon père qui nous a vues grandir une fin de semaine sur deux

little girl say goodbye

Papa,

C’est  par un jour de pluie battante, comme dans les films d’Hollywood, que tout a basculé pour toi. J’étais trop jeune pour comprendre ce qui se passait vraiment. Quand ce soir-là tu es rentré chez toi, seul dans ton 1 1/2, tu n’avais qu’une chose en tête : ce verdict de la Cour qui était tombé. Dommage collatéral inévitable de ton divorce : tu avais désormais la garde de tes précieux enfants une fin de semaine sur deux seulement. Ça, ç’a dû fesser sur un temps rare.

Être privé des rires de ses enfants, être empêché de les voir évoluer chaque jour, de les voir grandir au même rythme qu’un grand-parent qui rend visite. La colère, l’impuissance, la solitude et le vide ont remplacé la présence des deux petits êtres qui étaient les plus chers à tes yeux; tu n’avais pas grand-chose à séparer avec maman car vous n’étiez pas riches, mais tu avais tout perdu. Comment garder la joie de vivre en sachant que tu ne serais pas témoin de la plupart des grands moments dans la vie de tes enfants ?

Quand j’étais petite, je ne réalisais pas ce que ça représentait « une fin de semaine sur deux » pour toi qui adores tes deux filles plus que toi-même. Tu faisais toujours tout pour nous plaire. Tu étais un papa gâteau par culpabilité. Maintenant que je suis mère, je comprends ce que tu as pu ressentir, car mes enfants, je voudrais les voir grandir tous les jours, pas juste quatre jours par mois. Quatre jours par mois. Le reste du temps, c’est le vide, l’attente, la tristesse.

Sûrement, papa, que c’est l’orgueil masculin qui t’a empêché de pleurer ou de te plaindre. Mais tu l’a payée cher, ton union ratée. Des fois, j’essaie d’imaginer comment ce serait d’être monoparentale. Et tout de suite, je ressens le gouffre, le vide qui m’arrache la poitrine.

Mon cher papa, je t’admire pour tout l’amour que tu nous as donné malgré la douleur que notre absence, à moi et à ma soeur, a pu créer dans ton coeur. Je t’admire pour ton courage qui t’a permis de garder le sourire dans les moments où tu aurais voulu t’effondrer de désarroi.

Je souhaite de tout coeur que mes enfants n’aient jamais à choisir entre papa ou maman. Je souhaite à tous les parents du monde de pouvoir jouir du bonheur de voir grandir leurs enfants. Parce que ce bonheur n’est pas quelque chose qui nous revient de droit, mais bien un privilège.

Mais si un jour ma famille éclatait, sache que je te prendrai comme exemple, que j’essaierai d’être aussi forte que toi dans cette tragique épreuve qu’est la garde partagée.

Je t’aime.

Crédit : Jessica Leigh Ann Denney/Shutterstock.com

Marie-Lune

Maman d'une adorable fille-système-d'alarme depuis 2016, ex-chanteuse, ex-karatéka et ex-hygiéniste dentaire. Je suis une intello attirée par tout ce qui sort de l'ordinaire, les gens uniques, colorés, mais agréables. Je suis allergique aux gens négatifs et pessimistes. Je crois qu'il y a toujours une solution à tout. J'ai toujours tendance malgré moi à ressortir du lot étant donné que je ne fais jamais les choses comme tout le monde. Je ne suis pas habile socialement et je m'embourbe parfois dans des tempêtes de verre d'eau si je ne tourne pas ma langue 7 fois avant de parler.

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8 Comments

  • Le POUVOIR donné aux meres au detriment di pere TUE cet équilibre que l’enfant est en DROIT de vivre.

    En 2018 le système doit changer et tenir compte de L’INTÉRÊT DES ENFANTS et non du parent.

    Message aux pères RESPONSABILISEZ VOUS et tenez vous debout pour le respect de NOTRE paternité.

    Je me suis tenu debout alors faite le à VOTRE tour.

    • Cher Normand,
      En 2018, la garde-partagée est quasi automatique, à moins qu’un des deux parents prouve que l’autre peut nuire au développement ou à la sécurité de ses enfants. Justement, comme vous dîtes, c’est l’intérêt de l’enfant qui prime. Et bien au-delà de la responsabilisation des papas, les mères devraient elles aussi se rappeler que faire des enfants, c’est accepter de faire des sacrifices, des concessions et de marcher constamment sur son petit orgueil mal placé… et ça continue d’être vrai même quand la personne que tu as choisi, à l’époque par amour, pour fonder une famille est maintenant ton ex…

  • Très beau message pour ton père. Pas facile d’etre Un père… J’espère avoir le même un jour….
    Malheureusement quand tu es un homme dans ce système TRÈS MAL géré, tu n’es pas grand chose…..

  • Que ce soit un père ou une mère qui obtient la garde des enfants , c’est tout aussi cruel pour le bien des enfants .
    Les enfants n’ont pas a subir l’éloignement d’un parent où l’autre , les enfants ont le droit d’aimer et de voir leurs parents aussi souvent un que l’autre .C’est aux parents d’être assez intelligent pour que les enfants ne subissent
    pas de mal par rapport a la situation du couple séparé.

  • Marie Lune…

    Ton texte me touche droit au coeur. Je suis celle qui as vécu ce que des dizaines d’hommes vivent, une fin de semaine sur deux. Le cauchemar de ma vie!!! Par amour, je les ai laissés dans la sécurité que leur père était en mesure de leur donner. Sans travail depuis longtemps puisque j’aimais mieux être une maman au foyer pour être avec eux, sans un sous et complètement démolie, je suis partie. Je me suis mise en mode automatique et je suis partie……..

    Laissé derrière moi les êtres que j’aime le plus au monde en sachant qu’il y aura toujours 12 jours où je n’entendrait pas MAMAN et ne vivre que pour le moment où cette fin de semaine arriverait, a été le plus grand traumatisme que j’ai vécu et laisse moi te dire que j’en ai vécu avant et après cette séparation.

    Cela s’est passé, il ya 22 ans et je ne suis toujours pas guérie. Je n’ai jamais réussi à combler ce vide. Je me sens complète que quand ils sont avec moi. Ma récompense: mes fils sont devenus des hommes merveilleux et parfaitement équilibrés. Peut-être ais-je fais le bon choix!!!!

    Ton texte est très beau et tu donne une belle compréhension de ce que c’est que de séparer de nos enfants. Qu’ont soit mère ou père, c’est comme se fendre le coeur en mille morceaux et la vie, sans eux, n’est plus et ne sera plus jamais pareille. J’aurais tellement aimé ne jamais être séparé d’eux….

    Merci Marie Lune

  • Marie-Lune a eu beaucoup de chance de tomber sur un bon juge qui a accordé la garde alternée à son papa !
    Moi, en 1994, après avoir revu (depuis janvier 1994) mes deux plus jeunes enfants (garçon de 9 et fille de 10 ans) lors de la deuxième fois, dans un  »Centre de rencontres » agréé, le Juge LOBET (du tribunal de Nivelles – Belgique) a décidé que les rencontres avec mes deux enfants n’avaient aucune utilité pour eux. Il a donc supprimé les visites.
    Depuis, et jusqu’à ce jour (14 avril 2018), je ne les vois plus ! Ils ont 33 et 34 ans !
    Tout cela, pour le motif – qu’après 28 ans de mariage – je fus accusé de violence sur mes enfants et sur mon épouse, et d’atteintes à la sexualité de mes filles de 10 et 16 ans ! Tout cela, par ma femme, et sans fournir aucune preuve !
    Peut-on croire une pareille injustice ? Oui, c’est bien une  »justice de bric-à-brac » ! Parole de Juge !

    Merci, Marie-Lune, pour ton témoignage

  • J ai pleurer chaque 2e fin de semaine pour 2 ans.j ai subi beaucoup de douleur d elle pour les voir plus souvent et meme apres 5 ans elle joue le jeux ah je suis seul parent quand j ai tous le temp ete la et disponnible pour aider aucun appreciation de sa par.. Merci pour cet lettre ca m aide a continuer..

  • Bonjour,
    Je suis un père monoparental qui a eu la garde de mes enfants pendant plus de 10 ans. La lettre m’a vraiment touchée. Car je ne voulais pas séparer la mère de mes deux filles sans raison. Je l’ai fait pour leur bien. Et, bien qu’elles soient adultes maintenant, je me sens encore coupable. Mais j’ai réussi à leur bien-être. J’ai tenté de tout faire pour leur bien-être, en les réconciliant avec leur mère. En aidant comme je pouvais.
    Pour les mère monoparentales, c’est la même chose, j’en suis sûr.
    Aujourd’hui, j’ai de la difficulté à refaire ma vie. Elles sont encore avec moi au domicile bien que de très jeunes adultes aux études, mais le réflexe de les protéger est encore là. Je pense à ces mères qui peuvent vivre la même chose que moi et je me dis que je ne suis pas seul.
    Merci pour la lettre. Merci.

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