unhapy little girl and mother

Non ma fille, t’as pas tous les droits

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Ma fille,

Ces derniers temps, tu passes ton temps à me dire que « t’as ben le droit ».  Tu me sors ta phrase coup de poing à toutes les sauces avec l’attitude très désagréable d’une préado en pleine crise d’affirmation.  Laisse-moi ici t’expliquer ce qu’il en est réellement.

Je vais te paraître bien plate ma chouette, mais je t’annonce qu’en fait, tu n’as aucun droit que je n’ai pas préalablement approuvé.  Je te rappelle que tu n’as que sept ans, et que jusqu’à preuve du contraire, je suis le maître à bord.  Je suis la police de ta conscience.  Ton gardien de prison.  Ta boss.  Je suis celle que tu te dois d’écouter et de respecter.

Alors quand tu décideras de faire tomber ta sœur par terre.  Lorsque tu décideras que ce soir, c’est congé de devoir et/ou congé de bain.  Lorsque tu choisiras de ne pas te coucher lorsque je te l’aurai demandé.  Lorsque tu décréteras que c’est inutile de ranger ta chambre et que c’est donc con de devoir te plier aux règlements que j’aurai décidés, sache ma belle enfant que je tiendrai mon bout et que non, rien de tout ça ne sont des droits acquis par ta petite personne.  Aucun de tes droits n’est légitime si je n’y ai pas d’abord consenti.  C’est bien fait, non?

Je sais que tu trouves ça ben plate et que déjà, tu commences à te dire que ta mère est donc sévère et dure avec toi.  Et là-dessus, je te donne raison.  Crois-moi, mon but n’est pas de brimer ta liberté et de briser ta personnalité.  Mon but est de faire de toi une personne responsable, consciente de sa chance et du fait que tout ne lui est pas dû.

Parce que, vois-tu, ta mère a reçu une éducation où le respect était la base. Une éducation où le sens des responsabilités était essentiel.  Et que je trouve que grâce entre autres à ces valeurs, j’ai un pas-pire-pantoute chemin de vie.  Et que j’aimerais donc bien ça que tu regardes un jour le tien en te disant toi aussi, que tu es fière de ton reflet dans le miroir.

Honnêtement, je te comprends parfois d’être à boutte de mes règles, de mes limites, de mes façons de faire bien établies, de moi. Je ne suis pas rendue vieille au point d’avoir oublié tout ce qui me faisait soupirer d’exaspération à ton âge.  Je ne comprenais pas plus grand-maman que tu ne me comprends actuellement.  Je l’ai comprise le jour où tu es arrivée dans ma vie.  Parce que ce jour-là, j’ai décidé que je ferais tout en sorte pour que tu grandisses de la plus belle façon qui soit.

Alors ma chouette, je t’annonce que je vais continuer.  Non pas à te faire suer.  Mais à m’assurer que tu grandis en étant consciente qu’avec tes actes, vient une responsabilité que tu devras toujours assumer.  Qu’elle soit positive ou négative.

Et puisque j’ai décidé de croire en toi pour toujours, je vais aussi m’assurer de t’inculquer des valeurs de respect, parce que je te respecte beaucoup trop pour te laisser grandir tout croche.

Alors, maintenant que c’est clair entre nous, range ta chambre et va au lit s’il te plaît.

Crédit : lightwavemedia/Shutterstock.com

Marie-Claude Lamarre

Maman de deux cocottes bourrées de caractère (la pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre), je suis une énergique, parfois énervante et souvent essoufflante. Mère indigne la moitié du temps, il me reste 50% pour vivre à fond ma vie de femme adulte, de travailleuse acharnée, d'amoureuse qui se redécouvre et d'amie passionnée que j'ai souvent mise de côté. Mes deux mini-moi sont mon port d'attache mais je parviens à travers leur absence à trouver l’équilibre qui m'a trop longtemps fait défaut.

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1 Comment

  • lol !!

    woaaa ! ça fait mal à la vie; pauvre enfant.

    y’en a qui devrait régler leurs problèmes psychologiques avant de songer à enfanter, c’est la moindre des choses; apprendre à prendre soin de soi pour être sur que l’on est en mesure de prendre soin des autres (et ne pas utiliser les autres comme des cobayes sur lesquels on teste nos phobies);

    l’enfant apprend par mimétisme, par l’exemple; si tu veux être respecté, apprend lui le respect, donc en la respectant !

    « TU N’AS AUCUN DROIT QUE JE NE T’AI PAS PRÉALABLEMENT APPROUVÉ. »
    !! eh oui c’est du lourd; les droits humains ont connait pas

    « JE SUIS LA POLICE DE TA CONSCIENCE. »
    ici elle déresponsabilise l’enfant en lui enlevant son rôle de contrôler sa conscience.

    « TON GARDIEN DE PRISON. »
    v’là le tableau ! on imagine l’ambiance; peu de liberté pour l’enfant, qui aura du mal à accéder à sa créativité dans un tel contexte.

    « je suis celle que TU TE DOIS D’ÉCOUTER ET DE RESPECTER. »
    eh oui l’enfant écoute, mais comme on dit ça rentre par une oreille et ça ressort par l’autre .. pourquoi ? parce que l’enfant apprend par l’exemple, par mimétisme, donc si votre parole n’est pas accompagnée de gestes, d’exemples concret, ce que vous dite n’a pas de valeur (le cerveau à cet age n’est pas complètement développé et ne peut pas permettre de raisonner comme un adulte peut le faire); du coup ce que vous dites ce ne sont que des mots, l’enfant vit dans le présent, l’action; ici on constate que la maman ne respecte pas les besoins, le rythme et les spécificités de son enfant; elle voudrait juste que son enfant soit une machine qui fasse tout ce qu’elle souhaite au moment où elle le décide; c’est « fait ce que je te dis mais pas ce que je fais ».

    L’enfant va résister au début, normal, il est ce qu’il est, il ne peut s’empêcher d’être qui il est comme peut le faire un adulte;
    les parents tortionnaires insistent et insistent avec leur propre vision de comment doit être leur enfant, qui a un moment, sous le coup des pressions, des diverses peurs, du chantage, … met de la distance entre ce qu’il est et ce qu’il vit, la nature de l’enfant s’efface et il se résigne ; et il deviendra quelqu’un d’autre, forcément mal dans sa peau, en quelque sorte éteint.

    C’est salaud pour des enfants que l’on prétend aimer.

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