mother and baby

Mon bébé, l’amour a ton visage

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Mon bébé, je n’aurais jamais pu imaginer que le sentiment d’amour qui m’a envahie quand je t’ai pris dans mes bras pour la première fois prendrait de l’ampleur et deviendrait démesuré. Un raz-de-marée. Un tsumani qui a ravagé mes terres. D’un coup, toutes mes batailles sont devenues insignifiantes. Mes combats ont maintenant ton visage.

Mon bébé, lorsque j’allaitais et que tu avais faim, tu t’évertuais à me le crier, pris d’une soudaine panique et d’une urgence de te nourrir. L’idée de te faire attendre plus longtemps m’était insupportable. Alors que dans des contrées lointaines, parfois voisines, des mamans comme moi n’ont rien d’autre à offrir à leur enfant que leurs bras amaigris par la famine et l’espoir d’un meilleur lendemain. Bouleversée par l’image de ta petite bouche qui chercherait mon sein en vain ou par le désespoir d’une mère à bout de force et terrassée par la faim, je souffre en silence. La famine a ton visage.

Mon bébé, toutes les fois que je te chatouille, que je te berce ou te console, je sens que je fais la différence, que ton univers serait ébranlé si je n’étais pas là. Tu as besoin de mes bras autant que j’ai besoin de respirer l’odeur de ta petite nuque chaude. Alors que par-delà les murs de notre maison aimante, des parents troquent lâchement les câlins par des coups ou l’odeur de ta peau par celle de l’alcool.  Imaginer tes yeux apeurés, larmoyants et pleins d’incompréhension après une gifle ou seulement penser que je ne suis pas là pour te prendre dans mes bras lorsque tu as besoin de réconfort m’atterre et me remplit d’une tristesse insurmontable.  L’indifférence a ton visage.

Depuis ta naissance, mes larmes te sont consacrées. Tous les malheurs et les souffrances du monde portent le masque de ton visage et me terrassent. Je m’étourdis à force de me concentrer sur ma famille, ce sur quoi j’ai de l’emprise, et m’aveugle des petits bonheurs au quotidien qui me font oublier tout le reste. Sinon, la vie serait trop dure. Sans toi, la vie serait trop dure. L’amour inconditionnel et la poésie ont aussi ton visage.

Crédit : Iryna Inshyna/Shuttterstock.com

Julie Pelletier

Bachelière ès arts et gourmande du verbe fin et de tartare, je consomme avidement les livres, le théâtre et la danse. Entre une coupe de vin blanc et une bière blanche, je m’abreuve de frissons et d’émoi. Du terrain de volley au tapis de mousse verte en forêt, je voyage souvent sur les territoires convoités de l’émerveillement. Certifiée maman d’un petit bonhomme et de deux belles jumelles identiques (quelques empreintes de la maternité à l’appui), je suis constamment ébranlée par des rafales d’émotions contradictoires. Ne mettez pas tout sur la faute des hormones, elles ont le dos large, mais j’ai le cœur encore plus grand!

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