violent little girl

Les filles aussi peuvent être des agresseurs, mon garçon

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Mon garçon,

Je suis désolée. Hier, j’ai réalisé que je ne t’avais pas préparé à faire face à la violence, à l’intimidation, au harcèlement. Pourtant, je t’ai appris à défendre ta sœur, à respecter les autres. Je t’ai enseigné à prendre position, à t’interposer quand tu était témoin de gestes agressifs, à ne pas tolérer la violence verbale. Je t’ai transmis ces notions-là, mais j’ai oublié de te préparer toi à faire face à cette violence.

Hier, j’ai vu ta petite amie te frapper, te pousser, te bousculer. Parce qu’elle te démontre son mécontentement de cette façon.

Hier, je t’ai vu te faire crier après devant tous tes amis par ta copine, parce qu’elle n’était pas contente que tu lui dises qu’elle pouvait aller chercher ses croustilles elle-même.

Hier, elle t’a boudé et a fait la baboune parce que tu jasais avec tes chums de gars et elle voulait que tu lui accordes toute ton attention.

Hier, j’ai senti que tu étais surveillé et que si tu allais à la toilette trop longtemps, tu te le faisais dire.

Hier, je l’ai vue se frotter sur toi et chercher ton attention en t’agrippant l’entrejambe. Quand tu as repoussé sa main, tu as eu droit à une crise monumentale.

C’est inacceptable.

Mon garçon, je suis désolée. On  accepte trop souvent que les filles poussent les garçons et on a appris à faire comme si ce n’était pas grave. T’sais, c’est juste mignon et charmant. Elle t’aime et elle tient à toi, c’est normal. C’est un geste tendre. Elle fait juste démontrer que tu es important pour elle. Tu es bien plus grand et fort qu’elle, c’est pas comme si elle pouvait te faire mal t’sais, voyons, tu ne vas pas te plaindre pour ça, t’es un homme.

Non. Ce n’est pas charmant, ce n’est pas mignon, ce n’est pas un geste amoureux. C’est même l’inverse. Si tu avais été une fille et qu’un gars aurait agi comme ça avec toi, personne n’aurait ri, personne n’aurait trouvé ça mignon et romantique. Mais tu es un gars. Alors on détourne le regard et on fait comme si c’était normal et correct, quand ça ne l’est pas.

Hier, j’en ai eu assez et j’ai fait ce que je t’avais toujours montré : je suis intervenue. Je lui ai demandé de partir de la fête et je me suis assise avec toi, gêné et mal à l’aise. J’aurais dû agir plus tôt. J’ai failli comme parent. J’ai agi inversement à tout ce que je t’enseigne.

Mon garçon, tu n’as pas à subir d’agressions par une femme parce que tu es un homme. Tu n’as pas à être mal à l’aise parce que tu n’as pas envie que ta copine se frotte sur toi. Tu ne devrais jamais tolérer qu’on lève la main sur toi. Tu serais le premier à défendre ta sœur si quelqu’un le faisait sur elle; il n’y a aucune raison que tu tolères qu’une fille lève la main sur toi.

J’ai appris à ta sœur de ne jamais accepter des comportements qui la rendaient mal à l’aise. À la maison, vous avez appris à traiter les autres avec respect et équité. Que ce soit elle ou toi, vous n’avez pas à subir de comportements inadéquats. Jamais. C’est de la violence, du contrôle, de la manipulation, de l’intimidation et du harcèlement.

Que tu sois un homme ou une femme, c’est inacceptable. Et je m’attends à ce que toi, tu ne les tolères pas non plus.

Hier, j’ai réalisé que je ne t’avais pas préparé comme j’avais préparé ta sœur. J’ai honte de mon féminisme pour avoir agi avec des préjugés et des idées préconçues et de ne pas avoir su voir la violence quand elle était devant moi. Je prône l’équité et j’ai failli à mes idéaux, magistralement. Une femme n’a pas plus le droit de frotter sa poitrine volontairement sur un homme, qu’un homme a de droit de se frotter sur une femme.

J’avais tellement peur que vous, mes garçons, soyez des agresseurs que j’ai oublié que les filles aussi pouvaient l’être.  Aucun de vous, fils ou filles, devez subir des comportements inacceptables, ni agir de façon inacceptable. Jamais. Je n’ai juste pas assez insisté avec toi et ton frère. Parce que t’sais, des gars c’est capable d’en prendre.

J’ai eu tout faux. Je suis désolée.

Crédit : Pavel Litvinsky/Shutterstock.com

Lily Côté

Maman dans la quarantaine investie dans une famille recomposée de cinq enfants du "terrible two" jusqu'aux ados, je réussis quand même à trouver le temps pour relaxer dans un bain avec un bon verre de vin à la main entre le travail, les tâches ménagères, les devoirs et les activités sportives et artistiques de tout la bande. C'est moi, la mère en running shoes qui est toujours à moitié peignée et que vous voyez arriver en retard à la finale du tournoi de ses enfants ou à la dernière minute pour le cours d'art. Avec mon premier, j'ai essayé de suivre tous les standards imposés aux mamans et j'ai échoué de façon magistrale. J'ai donc plutôt choisi d'être parent au rythme des saisons et de l'évolution de ma troupe. Un combat à la fois.

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1 Comment

  • Bien dit.
    J’ai vécu similaire avec mon fils quand il avait 7-8 ans. J’ai trouvé ça mignon que la petite fille veuille toujours l’embrasser. Mais quand mon gars m’a répondu que si c’etait lui qui faisait ça, je ne le tolérerais jamais, il m’a sacrément bien remis à ma place! T’as bien raison mon fils, l’inacceptable va dans les 2 sens.

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