woman hold belly

&%$# que j’ai pu de shape depuis que j’ai eu les enfants

woman hold belly

On se connaît pas. Si peu en fait. Il m’arrive de voir passer des photos de toi sur les réseaux sociaux parce qu’on a des amis communs. Y’a pas à dire, t’es une belle fille. En tous cas, selon mes goûts à moi. En plus, tu sembles vraiment gentille. Cute pis fine. T’es chanceuse ma belle.

Hier soir, en allaitant fiston, je scrollais mon fil d’actualité (t’sais, quand tu veux pas t’endormir en allaitant) pis je t’ai vue. Sublime dans ta robe noire. T’étais sur le bord de la plage avec deux autres pitounes. Ce qui m’a frappée en premier, c’est ton visage fermé. Pas comme d’habitude. Pis j’ai lu ton commentaire.

Et là, je t’ai soudainement trouvée moins gentille, moins fine (mais tout aussi belle).

« Osti que j’ai pu de shape depuis que j’ai eu les enfants ». C’est ça que tu as écrit. Et moi, je lis ça. Moi dont le corps n’a jamais été l’ombre du tien. Moi qui réussis à perdre du poids uniquement en combinant régime strict et entraînement rigoureux. Moi qui suis en train d’allaiter mon bébé de douze semaines en espérant que mon dix-huit-mois ne se réveille pas à cause des maudites dents cette nuit pour que je puisse espérer dormir un semblant de nuit. Moi qui regarde passer toutes les publicités de « qui n’a pas trente minutes par jour pour se prendre en main ? » (by the way, ça se peut avec deux jeunes enfants de ne pas avoir trente minutes pour soi dans la journée) pis qui commence lesdits exercices sans jamais les terminer pour cause de bébé qui a besoin de maman. Moi qui essaie tant bien que mal de garder le sourire alors que mon post-partum me frappe en pleine face. Moi qui ne souhaiterais que dormir plus de six heures. Moi qui te regarde, envieuse de ton  corps de marde. Corps que je n’aurai jamais…

Sais-tu combien  ta recherche de « ben non, t’es belle », « arrête, t’es même pas grosse », « ben là, y en a des pires que toi » me fait mal ? Sais-tu combien j’aimerais que tu te vois avec mes yeux ? Je peux comprendre que tu n’as plus le corps que tu avais. Je peux comprendre que tu trouves ça difficile. Mais je voudrais aussi que tu comprennes que la majorité des filles n’ont pas ta shape. Que ce deuil lié à tes grossesses que tu vis, c’est le deuil d’une vie pour bien des filles. Je voudrais que tu comprennes qu’une de mes plus grandes préoccupations du moment, c’est de savoir comment je vais faire pour retrouver un semblant de shape. Pas pour moi, pas pour des likes ou des commentaires sur des photos. Mais pour pas que mes gars soient pognés avec « la grosse mère«  de l’école.

Mais je ne sais pas si tu peux le comprendre. La seule chose que tu as en tête, c’est que le gazon est plus vert chez le voisin. Pis tu te doutes même pas que pour ben des voisines, ton gazon est vert en crisse.

Je vais continuer de regarder ta shape de robe noire avec envie. Pis une pointe (ou deux) de jalousie. Mais tu m’as fait réaliser que même si j’ai l’impression de ne plus avoir de gazon sous les pieds en ce moment, il me reste encore des bouts jaunes qui peuvent faire l’envie de certaines… et je vais m’assurer qu’ils redeviennent verts.

Crédit : Koy Jung/Shutterstock.com

Édith Deschambault

Vieille jeune maman de trente-huit ans, j'ai un charmant garçon de treize mois et j'en attends un deuxième qui devrait arriver sous peu. Pas en couple avec le papa, nous avons décidé de faire des bébés (ça devait être un, ce sera deux). Ayant été longtemps une maman parfaite (oui, je jugeais les repas, les activités et le ménage pas fait chez mes amies), la réalité me frappe en plein fouet et j'essaie tant bien que mal d'accepter que je suis, bien malgré moi, ordinaire.

Plus d'articles

Post navigation

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *