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À toi, la maman d’un bébé hospitalisé à l’unité néonatale

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Je suis solidaire avec tous les parents qui sont dans la même situation que nous et je souhaite souligner l’immense professionnalisme des médecins et infirmières qui s’occupent de nos bébés comme si c’étaient les leurs. Vous faites partie de l’histoire familiale de beaucoup de gens et je vous fait une place dans la mienne avec grand plaisir.

À toi, la maman d’un bébé hospitalisé à l’unité néonatale,

Je voulais te dire que je te vois aller jour après jour et que je te lève mon chapeau. Je ne connais pas ton histoire, mais je sais que ce n’est vraiment pas facile ce que tu vis. Je sais aussi que tu n’as pas eu le bonheur que tu méritais tant à ton accouchement, qu’on t’a enlevé ton bébé à la seconde où il est sorti de ton ventre pour l’apporter en néonatalogie avec ton chum désemparé qui suivait en arrière, ne sachant pas trop s’il devait rester avec toi ou aller avec le bébé. Tout ce que tu t’étais imaginé de ta grossesse et de ton accouchement a pris le bord et c’est profondément déstabilisant. Il se peut même que tu aies vécu les derniers mois de ta grossesse à stresser parce que tu savais déjà que le bébé aurait un « problème », enchaînant rendez-vous, échographies et tests en tous genres pour en savoir plus.

Je vois bien ton regard inquiet à ton arrivée à l’hôpital chaque matin. Tu as peur qu’il se soit passé quelque chose pendant la nuit et je vois la tristesse dans tes yeux lorsque tu dois quitter le soir en laissant ton bébé seul là-bas. Je vous vois, toi et ton chum, jouer aux infirmiers et vivre des expériences traumatisantes à tous les jours; tout ce que tu peux vivre en une journée ne se raconte même pas.

Je ressens également votre frustration de ne jamais pouvoir avoir d’intimité tous les trois parce que tous vos gestes sont toujours scrutés à la loupe dans le cadre aseptisé de l’hôpital. Souvent, tu dois quitter ton bébé pour aller t’enfermer dans une petite salle pour tirer ton lait que tu dois étiqueter au nom de ton garçon et dater; ce n’est pas le rêve d’allaitement par excellence.

En plus, tu dois vivre tout ça loin de chez toi, loin de ta famille et de tes amis qui te soutiennent comme ils peuvent. Au travers du rétablissement de ton accouchement, de l’acceptation de ton nouveau corps et du flot d’hormones qui vient avec, vous devez faire face à un raz-de-marée d’informations nouvelles ponctuées de termes que vous ne connaissez pas et tout digérer ça d’un coup.

Pourquoi je sais tout ça? Parce que je suis ta voisine de chambre, qu’on vit sensiblement la même chose et que je sais bien qu’il faut le vivre pour le comprendre.

Dans les moins bons moments, j’aimerais que tu gardes en tête la raison pour laquelle tu es là, ramener ton bébé à la maison en santé et en profiter comme toutes les autres. Et pour pouvoir en profiter pleinement au retour, il faut prendre courage et concentrer ton énergie sur les points positifs. Il te faut aussi une bonne dose de lâcher-prise et accepter que ton chum ne réagisse pas comme toi dans les situation pénibles qui vous arrivent; laisse-le vivre l’épreuve comme il en a besoin. C’est dur pour le couple des affaires de même, mais n’oublie jamais qu’en faisant équipe, vous allez passer au travers beaucoup plus facilement. Accepte l’aide des autres et prends des moments pour toi, même si tu n’as pas beaucoup de temps puisque avoir un bébé hospitalisé, c’est une job à temps plein. Des fois, partir s’acheter un beau morceau de linge pour sauver sa santé mentale, c’est pas la fin du monde. Le principal, c’est que tu reviennes à la maison saine d’esprit. Je suis certaine que parfois, un éclair de culpabilité te passe à l’esprit, que tu te demandes ce que tu pourrais avoir fait de mal pour que tout cela vous arrive… parce que ces choses-là évidemment, ça n’arrive qu’aux autres!

Je sais aussi que voir son bébé grandir dans une isolette d’hôpital, c’est laisser passer beaucoup de moments de bonheur à la maison, mais profite quand même au maximum de tous ces petits moments (oui oui il y en a!) parce que le temps file et ne reviendra pas. Fais-toi à l’idée que tu ne reviendras pas à la maison avec un nouveau-né, mais que même s’ils viendront plus tard, toi aussi tu auras droit à des moments magiques une fois arrivée à la maison.

Puisque des fois, il nous faut une expérience négative pour voir plus clairement les choses, j’espère sincèrement que tu tireras profit de ton expérience à toi pour prioriser d’autres choses dans ta vie. Pour laisser ta brassée de linge pas pliée sur le top de la sécheuse, pour tolérer un peu de vaisselle sur le comptoir de temps en temps parce que t’es trop occupée à profiter de la vie avec ton petit.

Je te parle à toi, mais au fond c’est à moi-même que je dis toutes ces choses parce que j’en ai autant besoin que toi. Il y aurait tellement d’autres choses à dire à ce sujet, mais dans le fond, je sais que tu comprends et que tu les connais les autres choses que j’aurais envie de dire.

Surtout, ne t’en fais pas, tous les bébés que tu vois autour de toi, incluant le tien, sont des petits champions. Ils sont plus forts qu’ils n’en ont l’air, ils sont tellement impressionnants.

Allez, vas-y, t’es bonne pis t’es capable. Je sais que t’as l’impression de ne pas pouvoir assumer pleinement ton rôle de maman et que des fois tu te sens dépassée, mais ton bébé a besoin de toi et tu as aussi besoin de lui.

 

Crédit : MoiraM/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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  • Nous avons découvert à la naissance que notre bébé était atteint d’un hernie diaphragmatique. Il a été très malade et avons passé proche de le perdre. Maintenant il est âgé de 7 semaines et est au soin intermédiaire. On ne peu nous donner une date de sortie, nous devons vivre au jour le jour comme le dit l’es info. Ton texte décrit exactement se qu’il m’arrive, je crois que nous sommes voisins de chambre car ici il est vrais qu’il y a beaucoup de bébé prématuré. Les files sont de trop, emmêlé, décollé et encombrant, le tube à gavage toujours à réinstaller. Les yeux fixés sur l’écran lorsque la sonnerie retentit, la saturation maintenant fait partie de notre vocabulaire. Merci à tout le personnel médical, il on sauvé mon bébé et mon sauvé moi aussi en me permettant de prendre contact avec lui et de m’attacher.on pense que cela arrive seulement au autre mais je comprends maintenant que la vie est fragile.

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