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À toi qui n’as jamais vu de jumeaux de ta vie

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Il fallait être un peu naïve pour penser qu’en attendant des jumeaux, ma grossesse et ce qui allait suivre ne changeraient pas complètement ma vie. Fallait surtout être un peu nounoune pour penser que je passerais maintenant inaperçue partout où je me pointerais le bout du nez.

Déjà, quand t’attends des jumeaux, t’es comme un éléphant qui vient de manger un plateau XXXL de sushis. T’es gonflée. Pu capable. Tu viens rapidement tannée de te faire dire que t’es sur le point d’accoucher alors que t’as même pas encore commencé ton troisième trimestre. Pis tu deviens comme une bête de cirque. Tout le monde capote autour de toi. Sauf toi. Y’ont même pensé faire un nouveau show du Cirque du Soleil sur mon histoire. Ils voulaient appeler ça ENORMISTA. Finalement, je chargeais trop cher, ç’a l’air.

Quand tu reçois des jumeaux en cadeau – parce que, comme surprise, c’est pas mal dur à battre –, on dirait que ça vient avec un freepass pour que tout le monde rentre dans ta bulle. Attends là, quand je dis tout le monde, je veux surtout dire les gens du troisième âge. Comme s’ils n’avaient jamais vu de jumeaux de toute leur vie. Comme si tu venais d’une autre planète. Comme si t’avais triché aux cartes pis que tout le monde se permettait de venir te le dire en pleine face.

Et ça commence bêtement. Tu te promènes avec ton autobus (lire ici : poussette double) au centre commercial et, rapidement, tu penses que t’as un pénis de tatoué dans le front. Ils viennent tous te voir, curieux et complètement insouciants de ce que tu peux ben foutre d’eux autres, pour te demander si, à tout hasard, t’aurais eu deux bébés en même temps. S’ils sont pareils ou pas pareils (qu’est-ce que ça change?). Combien de mois ils ont de différence (hein?). Si t’as accouché naturellement (WTF?). Si t’as déchiré (pardon?). S’y sont « naturels » (ben là!). Si t’es sûre qu’ils sont identiques (non, je suis une maudite menteuse qui cherche de l’attention; j’suis de même). Si t’en veux d’autres (pas de tes affaireeesssss). Si t’aimes ça (non, j’ai voulu les retourner. Y’ont pas voulu). Si t’as de l’aide (oui, merci ben!). S’ils peuvent venir les garder (franchement, madame!).

Je me suis même fait demander si c’étaient des vraies ou des fausses, mes minis. Veux-tu ben me dire où est-ce que t’as été élevée pour oser me demander si j’ai des « fausses »? Dans le fin fond de Saint-Clinclin-des-Meumeux? Come on, ma p’tite dame. Tu penses sincèrement que je les ai fait cloner ou quoi? Tu penses quoi, que je les ai commandées sur Internet, comme une ostie de sacoche cheap de marque-mais-qui-est-pas-vraiment-de-marque?

Pis là, tu te dis que t’as tout vu. Que c’est drôle, mais pas tant que ça quand même. Pis que le monde est ben spécial. Pis au moment où t’as cette pensée, y’a une madame qui vient te voir pour te demander si elle peut les prendre en photo. EN PHOTO? Pour vrai? Écoute, si t’as jamais vu de jumeaux de ta vie, soit tu commences à sortir de chez vous right f*cking now, soit tu te crées un compte Facebook. Ça va faire là!

Fait que là, quelque part en Chaudière-Appalaches, y’a une madame qui doit passer son temps à montrer des photos de mes bébés à ses p’tites potes du Cercle des fermières. Ben oui, parce que t’es ben trop fine, toi la nouvelle maman de jumeaux, pour dire non, t’sais.

Ah, pis toi. C’était donc ben ton rêve d’en avoir deux d’un seul coup. T’as rêvé de ça toute ta vie. T’étais sûre que t’allais en avoir deux. Que t’allais être une statistique. Mais maintenant que tu me vois « goaler » avec les miens, t’es finalement pu sûre. Ç’a ben trop l’air d’être de l’ouvrage. Ç’a donc ben pas de bon sens. Ça doit tellement être dur. Tu sais pas comment tu ferais. Tu sais pas si t’aurais passé à travers. Tu sais même pas comment t’aurais fait pour donner deux biberons simultanément.

À toi, la p’tite dame qui vient me voir au magasin, je t’aime d’amour. Mais quand t’es loin et que tu ne me parles pas. Regarde-moi. Fais-moi un beau sourire. Mais, pitié, calme-toi le pompon. Parce que t’es fine et sociable, tu penses que tu peux tout me dire. Sauf que ce que tu me dis en pensant que c’est innocent, souvent, ça blesse pas mal. Pas que je suis pas faite forte. Mais tu comprendras que j’ai déjà assez à gérer dans mon entourage. Tes commentaires que tu penses si anodins et ta face de stupéfaction comme si tu venais de voir un extraterrestre, j’en ai rien à cirer.

 

Crédit : Patryk Kosmider/Shutterstock.com

La Mamalaisante

Communicatrice et rédactrice de longue date et après avoir porté plusieurs chapeaux, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de mettre bas. J’étais parfaitement convaincue que je faisais la bonne chose jusqu’à ce qu’une sympathique madame m’apprenne que j’allais avoir deux enfants en même temps. Ayant vite déchanté de mes belles idées pré-faites, j’ai sauté à pieds joints dans cette aventure qu’est celle d’être une maman pas parfaite pantoute et même un peu baveuse qui n’a pas peur de se faire juger… et qui trouve même un malin plaisir à faire douter tout le monde.

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1 Comment

  • J’ai perdu mes jujus en fin de grossesse. Crois-moi, j’avais vraiment hâte que les gens aient une certaine curiosité face à mes bébés. Je t’envie tellement. Je donnerais tout pour être à ta place. Profite de cette merveilleuse chance.

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