little boy holding father's leg

Pardon, mes enfants

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Si je vous disais que je vous demande pardon. Pardon d’avoir baissé ma garde, d’avoir accepté un combat perdu d’avance à coups d’avocats et de procès. Le combat que votre père a voulu mener pour vous avoir avec lui à temps plein.

Si je vous disais que je m’en veux d’avoir tout donné quand vous étiez si jeunes et qu’en vieillissant, j’ai un peu ralenti la cadence et pensé à moi, que c’est peut-être ça qui nous a menés là.

Si je vous demandais pardon, pardon d’avoir cru que d’additionner quelques bébés à vous mes grands nous aurait quand même gardés unis. D’avoir osé croire que de me faire une autre petite famille ne vous ferait pas regretter la vôtre d’avant. Pardon de séparer mon temps, mon attention, mon budget, ma fierté en quatre. Pardon que vous ne soyez plus les seuls à être mes enfants.

Si je vous disais que je vous comprends de préférer le temps que vous passez avec votre père à celui que nous passons ensemble. Je sais qu’il n’a que vous, ses grands, à qui tout donner.

Si je vous disais que je vous aime quand même. Que ce que je veux pour vous va bien au-delà de mes désirs d’être humain, de femme, de maman. Que j’ai appris à placer mon coeur ailleurs pour lui éviter de saigner. Que j’ai mis mon orgueil et mon égo à la poubelle pour sécher mes larmes et vous laisser vivre chez votre père la majorité du temps. Qu’en espérant votre bonheur et votre épanouissement, j’ai accepté votre départ.

Si je vous disais que nous sommes si heureux à votre arrivée. Qu’ici vous serez toujours chez vous, vous aurez toujours votre place. Toujours.

Si je vous disais que je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir parlé et d’avoir laissé votre père vous éloigner de moi, alors qu’il vous gâtait à longueur de fin de semaine.  Sachant ne pas avoir la possibilité d’égaler ce que papa offrait, avec ses billets bruns que je n’ai pas. Ces billets qu’il n’a jamais accepté de partager.

Si je vous disais que peut-être au fond de moi, je savais qu’il était mieux pour vous d’être là-bas, chez papa. Que sa ville vous offrirait plus d’opportunités que ma campagne. Mais pas au point de ne presque plus vous voir.

Si je vous disais que je m’en veux d’avoir été naïve à son égard, d’avoir cru que votre père n’oserait jamais nous briser à ce point. Parce qu’un enfant a besoin de son père et de sa mère, tout le temps, pas juste quand l’un des deux le décide.

Si je vous disais que je souhaite profondément qu’en grandissant vous voyiez clair dans son jeu, dans ce qui lui sert de coeur. Car je sais que j’ai semé en vous des graines, de bonnes graines qui feront de vous de bons adultes, malgré la vie déchirée que nous vous aurons offerte.

Si je vous disais que je vous fais confiance, que vous êtes mes roses et que je vous trouve magnifiques, les enfants. Et ce, malgré la séparation, dans la distance et à jamais, mes amours. Si je vous disais que je vous aime?

Si je vous avouais que je sais que vous le savez, quoi qu’il ose en dire.

Maman

Crédit : George Rudy/Shutterstock.com

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La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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