drunk man

Quand ton chum vire une sale brosse

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On va régler une affaire en partant : ton chum, tu l’aimes. Il est un amoureux attentionné – la plupart du temps – pis un père merveilleux. Tu es consciente de ses qualités et tu remercies le ciel d’avoir placé un homme comme lui sur ton chemin.

Mais comme la perfection n’est pas de ce monde, et malgré toutes les belles qualités que ton homme possède, des fois, il te met dans tous tes états. Pis par là, ce que je veux dire, c’est qu’il te met en beau calvaire.

Pis au top du top des affaires qu’il fait pour te rendre dans un état de crissitude hors du commun, c’est l’échapper. T’sais, l’échapper solide. Virer une brosse de la mort. Tu vois le genre, j’en suis certaine.

Là je te parle pas de prendre deux trois p’tites bières avec les gars du bureau après la job, nenon (quoi que ça aussi ça te tape sur les nerfs des fois, avoue). Je te parle de prendre un coup, un vrai de vrai. Le genre de coup où ton chum perd le son pis les lumières. Pis son orgueil. Pis sa fierté aussi, le lendemain matin.

C’est le genre de brosse qui arrive quand vous sortez enfin sans les enfants, un vrai miracle. Pis comme un miracle n’arrive jamais seul, grand-maman les garde même à coucher. Ça fait que toi la mère, tu prévois faire autre chose de ta fin de soirée que de gérer un gars saoul. Tu veux en profiter. Avoir du sexe. Pis dormir.

Mais monsieur-ton-chum, lui, a comme perdu de vue ton objectif à quelque part au milieu de la soirée. Vous avez du fun, avez pris quelques verres –juste un pour toi en fait, ça ben l’air que c’est toi qui chauffes le char pour revenir- pis la soirée s’annonce prometteuse.

C’est à cet instant précis que tu perçois cette petite lueur dans les yeux de ton chum. T’sais, cette lueur qui annonce que s’il prend un verre de plus, il va l’échapper. C’est pas la première fois que tu la vois, cette maudite lueur. Ça fait que tu essaies de dire gentiment à ton homme, sans trop passer pour une germaine, de slaquer un peu sur la boisson.

Tu te doutes fortement que ton conseil s’est noyé dans son prochain drink.

C’est à partir de là que ta belle soirée se transforme en enfer. On ne va pas se le cacher, un gars sur la brosse, ça perd légèrement le contrôle de lui-même. Pis de son portefeuille. Tu te rends bien compte que le tien est fait sur le même modèle que les autres.

Ton chum s’est soudainement fait un tas de nouveaux amis, à qui il paye joyeusement des tournées de shooters. Tu ne peux pas lui en vouloir, il est tellement sociable. Sauf que toi la mère, t’es ben à frette. Ça fait que ses nouveaux amis, tu t’en sacres solidement.

Après de nombreux essais infructueux, tu réussis finalement à signer son bill de carte de crédit – parce que lui ne voit plus clair- pis à l’embarquer dans ta minivan familiale – qui ne contient aucun enfant pour une très rare fois, je te le rappelle. Troisième miracle de la veillée, et le dernier.

Après quelques kilomètres, tu entends un son sorti tout droit d’outre-tombe. Un son qui te fait frémir d’horreur et de dégoût.

Ton chum vomit par terre, dans TON char. Dans ton derrière de minivan à TOI.

Tu y es allée fort sur les gros mots.

Pis comme t’as pu de miracle en banque, tu n’as jamais été capable de le débarquer du char. Ça fait que toi, tu t’es couchée toute seule, en beau joualvert, t’as pas eu de sexe, pis t’as pas dormi.

Ça fait que c’est ça. Quand ton chum l’échappe, ça fuck tes plans sur un méchant temps.

Pis là je ne t’ai même pas parlé du lendemain, quand tes enfants sont revenus de chez grand-maman brûlés ben raide pis qu’il a fallu que tu les gères en même temps que ton chum transformé en zombie au-dessus du bol de toilette. Une maudite belle journée.

Pis à par de ça, quand toi tu prends un coup, qui gère les enfants? Quand même toi. Frustrant pas rien qu’un peu.

Mais la mère, as-tu pensé que ton chum, des fois, lui aussi a besoin de faire sortir la pression de la vie familiale? Je suis bien d’accord que de virer une sale brosse, ce n’est sûrement pas la meilleure façon de s’y prendre.

Mais toi, t’y prends-tu toujours de la meilleure façon?

C’est ça.

Ça fait qu’apporte-lui deux Advils pis un verre d’eau, pis passe par-dessus en te souvenant de toutes ses belles qualités.

Mais laisse-le nettoyer son vomi, quand même.

Crédit : ViChizh/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

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