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Tout finit par passer, ma belle maman

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Ma belle maman,

Tu sais que la vie comporte son lot d’épreuves mais bien souvent, tu n’en vois pas la fin. Tu y penses le soir dans ton lit, comme un fil qui se déroule à l’infini. Tu te demandes comment tu vas réussir à passer à travers une autre journée, une autre semaine, une autre année. T’as le sentiment de porter le monde entier sur tes épaules, et peut-être que c’est véritablement le cas. T’as l’impression d’être la clé pour trop de monde et t’as plus les ressources nécessaires pour y arriver.

Mais si je te disais que tout, vraiment, tout finit par passer.

Si je te disais que ton manque de sommeil va finir par s’estomper. Cachée derrière tes cernes, tu ne me crois pas présentement, mais souviens-toi de ton adolescence. Rappelle-toi à quel point tes parents devaient se battre avec toi pour t’extirper du lit avant onze heures le matin. Tes enfants ne feront pas exception à cette règle. Et là, je t’entends me dire que l’adolescence, c’est trop loin, que tu ne tiendras pas le coup jusque-là…. Mais je t’assure que oui, et ça viendra, bien plus vite que tu ne le crois.

Si je te disais que chaque stade de la vie de tes enfants a une durée limitée, même les plus effrayants. Les dents feront place à la phase du non, qui cédera du terrain au terrible-two, qui perdurera possiblement malheureusement jusqu’au fucking four qui te tiendra occupée jusqu’à l’arrivée de la préadolescence… et tu me vois venir pour l’étape suivante… Bon, vu comme ça, c’est pas très reluisant, mais je t’assure que dans chacune de ces étapes, tu trouveras le moyen d’apprécier le fait que celle d’avant est maintenant chose du passé. Accroche-toi. Je t’assure. Tous ces petits moments finiront un jour par te manquer.

Si je te disais ma belle maman en peine d’amour que ça passera et que ton cœur en miettes se ressoudera et qu’il se reconstruira. Que tu retrouveras foi en l’amour. Si te disais que celui qui t’a détruite n’était tout simplement pas le bon, malgré ce que tu crois. Si je te disais que tu finiras par en rire et aimer à nouveau, malgré les larmes qui envahissent présentement ton regard. Oserais-tu me croire? Parce que c’est ce qui arrivera lorsque tu décideras d’aller de l’avant. Et un jour ce sera ton tour de répéter à tes enfants tout ce que je viens de te dire.

Si je te disais que ton sentiment de n’être qu’une mère va également finir par se résorber. Bien sûr, t’en seras toujours une, mais peu à peu, la femme que tu étais avant de devenir maman reviendra te visiter et exigera de reprendre du terrain et de ravoir ses droits. Parce qu’elle a autant besoin d’exister que la maman qui s’est éveillée en toi. Alors, ne la laisse pas tomber. Tu auras toujours besoin d’elle pour t’accomplir. Et n’oublie jamais que le jour viendra où tes enfants quitteront le nid et où ton bonheur reposera en bonne partie sur ses épaules.

Si je te disais que même ta culpabilité de mère finira par passer, que tu finiras par choisir tes batailles et comprendre que Wonder Woman et toi n’avez aucun gène en commun. Que tu finiras par accepter que tes enfants survivront à une journée «parkés» devant la télé, qu’ils ne souffriront d’aucune carence alimentaire parce que ce soir, t’as décidé de maudire une pizza congelée dans le four. Tu finiras par accepter que ta santé mentale a droit à un break, même au détriment de toutes les belles idéologies que tu t’étais construites avant l’arrivée de ta précieuse marmaille.

Alors, dans les pires moments, accroche-toi. Rappelle-toi cette vérité : tout finit par passer.

Crédit : chuanpis/Shutterstock.com

Marie-Claude Lamarre

Maman de deux cocottes bourrées de caractère (la pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre), je suis une énergique, parfois énervante et souvent essoufflante. Mère indigne la moitié du temps, il me reste 50% pour vivre à fond ma vie de femme adulte, de travailleuse acharnée, d'amoureuse qui se redécouvre et d'amie passionnée que j'ai souvent mise de côté. Mes deux mini-moi sont mon port d'attache mais je parviens à travers leur absence à trouver l’équilibre qui m'a trop longtemps fait défaut.

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