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L’allaitement en public : quand ton « indiscrétion » fait jaser

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Toi, celle qui allaite le sein bien à découvert, sans aucune retenue,

Tu fais parfois réagir les passants, tu l’as constaté. Les réseaux sociaux sont parfois ta tribune où tu dénonces haut et fort les propos et réactions de gens qui désapprouvent ta façon de faire. Dans ces moments, je suis mitigée. Je trouve que tu as du guts. Je t’admire pour l’assurance que tu as à afficher aussi ouvertement ton allaitement et tes attributs avec. Je t’envie pour la simplicité que tu t’accordes dans l’accomplissement de ce geste. Sauf que je me questionne toujours sur la nécessité de dévoiler autant.

Qu’on me comprenne bien, la question n’est pas d’allaiter en public ou non. J’en suis d’ailleurs une adepte régulière : j’utilise alors un tablier d’allaitement ou une légère couverture, selon ce que j’ai sous la main. Il n’est pas non plus question de la fille qui relève discrètement son chandail et ne dévoile que quelques secondes son mamelon le temps de la mise au sein. Ni de celle qui allaite sans se couvrir dans le confort de son salon en compagnie de ses proches. Non, je parle de celle qui dénude complètement ses seins quand vient le temps de nourrir bébé au restaurant, au parc. Celle qui glisse son sein par-dessus l’encolure de son chandail, alors qu’elle est entourée d’étrangers, et le laisse à l’air durant toute la tétée.

Je suis peut-être vieux jeu, mais je n’en suis pas encore à me convertir à un allaitement aussi libre que le tien.

Je ne serai jamais de celles qui exposent leur poitrine en public pour allaiter. Je préconise la discrétion. Sauf que je ne te respecte pas moins.

Quand je te vois, je me demande si tu ne trouves pas le regard des autres intrusifs parce que, on va se le dire, un sein nu, c’est tape-à-l’œil dans une foule même quand on ne veut pas regarder. Dans ces moments, je ne peux qu’être épatée par ta capacité à faire abstraction de leur regard et à te faire confiance. Force est d’admettre que tu es un modèle de femme qui accepte son corps tel qu’il est, alors qu’on se sent souvent moche après avoir enfanté. De plus, dans une ère où les femmes se battent pour leur droit à allaiter en public, n’est-il pas contradictoire de ne pas leur attribuer le mérite d’aller jusqu’au bout de leur conviction? Il se peut aussi que tu allaites aussi librement simplement parce que tu te sens plus à l’aise ainsi. On met déjà suffisamment de pression aux femmes en leur vantant les bienfaits de l’allaitement. Pourquoi te blâmer en plus et te dicter comment faire?

J’ai compris que, dans la vie, il n’y a pas qu’une seule façon de bien faire les choses. L’allaitement ne fait pas exception à la règle, que ça choque ou non.

On est de la même ligue toi et moi. Comme toi, je trouve que l’allaitement est un moment de quiétude unique entre bébé et moi. Je ne peux que m’émerveiller à chaque fois devant la douceur de cet instant, mais je comprends que les inconnus puissent voir la chose différemment. Je ne te trouve pas grossière ni provocatrice. Si mes filles allaitent un jour et se sentent aussi libres que toi, je respecterai leur façon de faire. Oui, j’ai un malaise à voir ton sein dans son intégralité en public. Je vais me contenter de détourner le regard, comme je l’ai toujours fait. Je vais condamner comme toi les gens qui critiquent les femmes qui donnent le sein à leur nourrisson en public. Continue de faire comme tu veux, et moi aussi de mon côté. Néanmoins, n’oublie pas que les regards et les propos devant ton sein complètement nu, à moins qu’ils te soient dirigés sous forme d’insultes, ne sont que l’expression d’un malaise. Alors, ne crie pas trop vite au scandale.

Crédit : Lolostock/Shutterstock.com

La Discrète Maman

Professionnelle trentenaire, fan des deux petites poules que j'ai mises au monde, passionnée par l'humain et les lettres, je partage avec vous mes pensées, réflexions, réussites et difficultés en tant que mère et conjointe. Douce, introvertie, mais néanmoins déterminée et ambitieuse, je vous livre sans filtre mes états d'âme. À travers mes mots, je renoue avec mes anciennes amours, comme l'écriture. J'espère vous faire sourire, réfléchir, vous toucher ou simplement vous faire sentir moins seuls.

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12 Comments

  • Le tablier, c’est un accessoire pour les mamans de bébé jusqu’à genre… 4 mois! Bonne chance avec ton 9 mois, ton 15 mois, ou ton 3 ans. La tite couverte, ou le tablier vont prendre le bord assez vite!

    Maman de 2

    • Ça dépend des bébés… mon amie avait des enfants qui n’acceptaient pas de demeurer sous la couverture. Comme elle n’était pas à l’aise de se battre avec la doudou, elle a fait le choix de donner son lait au biberon en public. Mon 3e enfant, 2e allaitement, arrive a 4 mois et reste entre calme sous la couverture… j’ai hâte de voir plus tard, mais son grand-frère a été allaité n’importe où, sous sa couverture, jusqu’à ses 10 mois et demi.

      J’avoue qu’à 3 ans, ça doit être plus difficile !!

  • Bonjour,

    Je partage votre opinion sur l’allaitement. J’ai allaité mes 3 enfants en publique mais avec beaucoup de doigté et de respect pour mon corps et les autres. Au 3ieme on devient plus habile , tellement que parfois les gens autour se rendait compte que j’allaitais uniquement après plusieurs minutes.

    J’ajouterai que j’éprouve pour ma part un grand malaise (j’ignore pourquoi) devant l’allaitement lorsqu’un sein est complètement dénudé mais également lorsque l’enfant allaité est âgé de 2-3 ans (voir même 4 ans), qu’il parle, qu’il marche, qu’il demande et prend son lait à même le sein comme un « self service ».

    Si jamais vous êtes comme moi et que ça vous inspire un texte …

  • Pour un blogue qui juge aucunement les mamans dans le texte l’auteur dit qu’elle respecte le sujet mais ressent quand même le besoin de faire un texte et poser un jugement …pourquoi ne pas laisser aller simplement et détourner le regard au lieu de critiquer?! Vraiment cheap shot de publier ce genre de texte en pleine semaine mondiale de l’allaitement .

    • Dans ce billet, l’auteure fait simplement part de son point de vue mais surtout de ce qu’elle ressent face à l’allaitement en public et quand on regarde les commentaires reçus, je pense que le sujet ouvre un débat très intéressant qui peut tous nous permettre d’aller plus loin, autant l’auteure du billet que les lectrices qui le liront.

  • « Néanmoins, n’oublie pas que les regards et les propos devant ton sein complètement nu (…), ne sont que l’expression d’un malaise. »

    Malaise que vous perpétuez en écrivant ce texte.
    Est-ce que l’objectif d’une forme ou une autre de solidarité féminine dont vous sembliez faire état dans le début du texte, (allant même jusqu’à dire « je t’admire » et « je t’envie ») ne serait pas justement de « ne pas » perpétuer le malaise?

    Votre malaise n’appartient pas aux femmes qui allaitent. C’est un faux débat. Dans une société qui se pète les bretelles sur l’idée que les hommes et les femmes sont « déjà » égaux, cette question est un non-lieu.

    SIgné: une mère allaitante qui n’a que très rarement, sur 7 ans d’allaitement, subi les regards que vous évoquez.

  • Jessica, j’aimerais savoir ce qui vous provoque un malaise à la vue d’un enfant de 3-4 ans qui est allaité. Le sevrage biologique se fait pourtant entre 3 et 6 ans si l’allaitement n’est pas réduit trop tôt à cause d’un retour au travail ou autres. J’aimerais savoir aussi pourquoi vous considérez votre malaise comme étant quelque chose de légitime et non comme quelque chose qu’il vous reste à éclaircir, comprendre et à mettre définitivement de côté. Tout est culturel et ce qui vous paraît contre-intuitif ici et maintenant peut être tout à fait normal ailleurs ou à une autre époque de l’évolution de notre espèce.

    Lorsque j’éprouve un malaise face à quelque chose, je tente de l’analyser et si je reconnais que j’ai tort d’être mal à l’aise, j’essaie de le déconstruire ou de le garder pour moi car je sais qu’il est inutile de le partager.

  • Vous ne trouvez pas absurde que les femmes, qui ont une sacré bonne raison de se dénuder la poitrine, recoivent toujours autant de jugements quand elles le font alors que les hommes, à qui ce dénudement ne sert strictement à rien (mis à part pour se rafraîchir le chest) se promènent le torse nu dans l’indifférence généralisée. Moi cette absurdité me frustre. C’est un non-sens. C’est moi qui nourrit l’enfant, c’est moi qui a une poitrine qui sert un besoin primaire pis c’est moi qui recoit les jugements? WTF. Que notre société est mal faite.

    Quand je vois une femme qui se dénude la poitrine, que ce soit pour l’allaitement ou non, j’ai le goût de lui dire Hell Yeah! avec mes deux pouces en l’air! Free the nipples calice.

  • Est-ce que vous détournez aussi le regard devant les publicités de brassières? Est-ce qu’on crie au scandale devant toutes ces publicités de corps de femme découvert? Non, pourtant, on voit exactement le même haut du sein qu’une maman « indiscrète ». Et puis, tu sais, à 38 degrés, la couverture ou le tablier… pauvre bébé. Plutôt que le terme indiscrète qui est négatif, je préfère celui de assumée, ou de affirmée. Tu as raison, on a chacun son opinion et c’est bien correct. Cependant, je ne suis pas d’accord avec le fait qu’il ne faille pas crier scandale lorsque quelqu’un exprime son malaise sous forme d’insulte. Les insultes, même si elles sont le reflet d’un malaise ne sont jamais acceptables. Sous toutes ses formes, l’allaitement, c’est naturel et c’est un droit tout comme le respect. Point final.

  • Remplaçons l’acte d’allaiter en public par le port de jupe courte et ça donnerait quelque chose du genre:

    « Je t’admire de t’assumer et de ne pas tenir compte du jugement et des réactions face à ton habillement. Mais sache que les gens qui te font des commentaires le font parce qu’ils ressentent un malaise ou du désir à cause de ce que tu portes. Alors ne crie pas trop vite au scandale »

    C’est la définition même du blâme de la victime.

  • Je ne te juge pas mais je te juge… Quel étrange texte, non? quel est l’idée maîtresse? Détourne les yeux, alors oui. Moi, ce sont les gros décolletés sexués qui me mettent mal à l’aise: sur des affiches, dans le métro, à la télé et au cinéma, dans les videoclips… partout! Et sans aucune remise en question du message « tordu » que ça peut envoyer dans l’espace public. À chacune ses seins, à chacune leurs fonctions, à chacun leurs malaises.

  • Les seins ont été sexualiser, j’ai été supris la premiere fois que je me suis vraiment rendu compte que y’a du lait qui se fait la dedans! Comme les vaches, les chats, les chiens… ayoye bin crime c’est vrai ont est des mammiferes!

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