angry mom schold kid

Je suis tannée de vous chicaner

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« Maman, on dirait que t’es toujours fâchée. »

BANG. Comme un coup de poignard dans le cœur.

Cette phrase, sortie innocemment de la bouche de mon enfant, m’a frappée de plein fouet. Sur le coup, je n’ai rien trouvé à lui répondre. Les émotions étaient prises en motton au fond de ma gorge.

Puis, j’ai pleuré. Longtemps.

Quand les larmes ont fini par finir de couler, mes idées étaient un peu plus claires. Mais mon cœur, encore assombri.

J’ai réfléchi. Beaucoup. Je me suis remise en question, tellement.

Mon verdict est tombé : j’étais une mauvaise mère. J’élevais mes enfants en leur criant dessus. Je me fâchais trop fort, trop souvent. J’étais anéantie.

Comment avais-je pu en arriver là? Moi qui était miss-bonne-humeur avant d’avoir des enfants, comment mon tempérament avait-il pu revirer de bord de cette façon? Moi qui avais tant désiré mes enfants, comment pouvais-je en être rendue à bougonner constamment?

J’ai revu dans ma tête toutes les fois où je m’étais fâchée contre mes enfants dernièrement. Il y en avait beaucoup. Certaines sur des sujets importants, d’autres sur des détails plus insignifiants les uns que les autres.

J’ai eu un choc quand je me suis aperçue que j’étais devenue une chicaneuse professionnelle d’enfants.

Pourquoi est-ce que je me fâchais autant? Est-ce que  j’avais de bonnes raisons de me fâcher aussi souvent? Deux maudites bonnes questions.

Mais je n’avais pas de réponse. J’avais juste toute la culpabilité du monde sur mes épaules.

J’étais consciente qu’il m’était impossible d’être une maman parfaite, calme et souriante en tout temps et sifflant son bonheur du matin au soir. Je ne vivais pas dans le déni quand même. Même si des fois, en regardant l’image de perfection que certaines mamans projetaient sur les réseaux sociaux, j’étais un peu jalouse. Restaient-elles vraiment patientes à chaque mauvais coup que leurs rejetons faisaient? J’en doutais fortement.

À moins qu’elles aient un fournisseur secret de patience en sachet. Si c’était le cas, j’étais presque prête à vendre un de mes reins pour avoir son numéro. Un pusher de patience, quel rêve.

Parce que mon sac à patience à moi, il s’est lentement vidé avec l’arrivée de chacun de mes enfants. Pis j’avais beau me dire qu’il était peut-être normal de se fâcher trois fois plus quand on a trois enfants, ça n’apaisait pas ma peine que mes enfants me perçoivent comme la maman toujours fâchée. Comme la maman qui ne fait que les chicaner.

Comme ce matin où j’ai levé le ton parce que les enfants perdaient leur temps au lieu d’avancer dans la satanée routine matinale. Avais-je eu raison de chicaner mes enfants parce qu’ils n’adoptaient pas MA vitesse de croisière? Ou avais-je bien fait de leur inculquer qu’il y a des moments pour flâner et d’autres pour avancer? Je ne le sais pas.

Comme cet après-midi où j’ai littéralement explosé parce que les enfants n’arrêtaient pas de se chamailler et de se faire pleurer l’un et l’autre. Avais-je eu raison d’intervenir de cette façon alors que j’aurais pu les laisser tenter de régler leurs conflits seuls? Ou avais-je bien fait de leur montrer qu’entre frères et sœurs, il y a une limite à ne pas franchir au plan du respect? J’en n’ai aucune idée.

Comme cette soirée où je les ai chicanés en hurlant parce que je trouvais qu’ils hurlaient eux-mêmes trop fort dans un moment où j’aurais espéré le calme. Avais-je eu raison de crier alors que je leur demandais exactement le contraire? Ou avais-je bien fait de leur montrer qu’il y a des règles établies dans une maison et qu’il y a un bout à vouloir faire le contraire de ce que les parents demandent? Encore une fois, je n’ai pas de réponse claire.

Puis la fois où je me suis fâchée pour un verre de lait renversé, pour un vêtement sali, pour la millième fois où je suis retournée dans leur chambre après l’heure du dodo, pour avoir volé le jouet du plus jeune, pour avoir menti sur leur consommation de bonbons, pour du pleurnichage inutile, pour avoir refusé de goûter au souper que j’avais préparé à la sueur de mon front, pour des jouets étalés à la grandeur de la maison, pour une crise de bacon au magasin, puis pour tellement d’autres choses aussi.

J’en suis venue à la conclusion que plusieurs de ces fois où j’ai chicané mes enfants étaient valables. Parce que des fois, il y a des limites.

Mais malheureusement, j’ai aussi chicané mes enfants trop souvent parce que j’étais à bout de ma journée. Parce que j’étais épuisée.

Puis pour toutes ces fois-là, je suis montée dans la chambre de mes enfants et je me suis excusée. Parce que je suis tannée de les chicaner.

Puis parce qu’une maman, ça a le droit de se fâcher.

Mais ça peut aussi se tromper.

Crédit : didesign021/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

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