little boy walking

Il n’y a pas si longtemps il me semble

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Il n’y a pas si longtemps il me semble, tu étais encore tout petit. Tu t’endormais dans mes bras en enroulant une mèche de mes cheveux dans tes petites mains. Tu pleurais pour ne pas aller faire dodo. Tu tendais les bras vers moi pour que je te soulève et que je te prenne dans les miens. Tu gloussais à pleins poumons quand je te chatouillais sous le menton. Je me souviens encore de la première fois où je t’ai enfin eu dans mes bras, je ne voulais plus te lâcher. Je te serrais contre ma poitrine, je t’entourais de mes bras et je te donnais tout plein de bisous sur le front.

Il n’y a pas si longtemps il me semble, j’allais te reconduire à ta première journée de maternelle et tu t’accrochais à ma jambe un peu inquiet. Tu avais tellement hâte de rentrer en classe, mais tu étais hésitant. Moi, je t’encourageais à partir vite, je ne voulais pas que tu me vois pleurer. Tu t’es retourné vers moi et tu m’as demandé si je pleurais. Je t’ai répondu que j’avais une poussière dans l’oeil. J’étais là, debout devant toi, émue de te voir entamer cette nouvelle aventure, ta nouvelle aventure, mon bébé qui rentrait à l’école.

Il n’y a pas si longtemps il me semble, on allait d’école en école pour les examens du secondaire. Ça n’a pas été facile pour toi. Tu passais du primaire au secondaire, tu étais en charge des plus jeunes après l’école, tu traversais mille et un changements hormonaux, tu avais l’impression que ta vie s’effondrait autour de toi. On en a vécu des crises cette année-là. Ta première année de secondaire a été un vrai défi. Tu as passé à travers et tu as choisi de te réfugier dans ta chambre pour l’été. Tu avais besoin de ta bulle, d’espace, de temps à toi.

Il n’y a pas si longtemps il me semble, tu étais un grand garçon qui dévalisait mon garde-manger et qui disparaissait dans sa chambre en grognant. Puis, un beau matin de la mi-août,  un jeune homme est sorti de ta chambre et s’est mis à fouiller dans le frigo. Avec des bras trop longs pour son corps, trois pouces plus grand que moi, une voix plus grave, des poils foncés sur les jambes et sous les aisselles. Je ne t’ai pratiquement pas reconnu et je me suis retenue à deux mains sur le comptoir pour ne pas tomber. Toute la poussière du plancher s’est retrouvée dans mes yeux d’un seul coup.

Mon petit bébé est devenu un beau grand jeune homme, un adolescent. Je crois même que je vois un bouton d’acné sur le menton en dessous duquel je lui faisais des chatouilles. Il est plus grand que moi maintenant. Il ne vient même plus se blottir quand il a de la peine, il gère ça par lui même, comme un grand. « C’est rien maman, juste une poussière dans l’œil ». Une maison poussiéreuse, c’est  avantageux.

Mon grand adolescent a ses propres activités, ses loisirs. C’est beau de le voir développer ses opinions, de l’entendre argumenter, de le voir prendre l’initiative de faire des patates à déjeuner ou de passer la tondeuse. C’est agréable de l’écouter pratiquer sa musique. C’est plaisant de le voir partir tout seul à ses activités sportives. C’est différent d’attendre son retour tard le soir. On dort très inconfortablement sur le sofa du salon dans ces moments-là ou on dort d’une seule oreille sur notre oreiller dans notre lit.

Il faut quand même l’encadrer ce grand flanc-mou, rester présent et disponible. C’est important d’être là, de l’écouter. Parfois, ce qu’il nous raconte nous brise le cœur.  Il nous déteste, ne veut plus jamais nous voir, on est le pire parent au monde -Claquage de porte -.

C’est un vrai adolescent. Il est en train de se définir. Il forge sa personnalité. C’est merveilleux et terrifiant.

Par moments, je trouve ça difficile de le voir grandir, de le voir vieillir. Mon bébé. En même temps, je suis tellement fière de l’homme qu’il devient. Je trouve ça merveilleux de le voir se frayer une place dans le monde.

Aujourd’hui, quand j’ai les yeux pleins d’eau en regardant mon petit bébé devenu grand, c’est lui qui me prend dans ses bras, contre sa poitrine, et qui me donne un bisou sur le front.

« Je vais passer la balayeuse maman, ça va faire moins de poussière, t’en as encore dans les yeux. »

Crédit : Juan Aunion/Shutterstock.com

Lily Côté

Maman dans la quarantaine investie dans une famille recomposée de cinq enfants du "terrible two" jusqu'aux ados, je réussis quand même à trouver le temps pour relaxer dans un bain avec un bon verre de vin à la main entre le travail, les tâches ménagères, les devoirs et les activités sportives et artistiques de tout la bande. C'est moi, la mère en running shoes qui est toujours à moitié peignée et que vous voyez arriver en retard à la finale du tournoi de ses enfants ou à la dernière minute pour le cours d'art. Avec mon premier, j'ai essayé de suivre tous les standards imposés aux mamans et j'ai échoué de façon magistrale. J'ai donc plutôt choisi d'être parent au rythme des saisons et de l'évolution de ma troupe. Un combat à la fois.

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