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Plainte à Monsieur Sommeil

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À Monsieur Sommeil, directeur des opérations,

Je vous écris aujourd’hui, car je n’ai toujours pas reçu de réponse de votre part concernant mon insatisfaction devant le manque flagrant du service de votre unité.

Je vous rappelle la chronologie des événements qui ont eu des effets dévastateurs sur l’état général de mon endormissement.

Alors enceinte de Bébé, je savais que la qualité et la fréquence de mes dodos diminueraient significativement dès son arrivée. Par contre, je ne pouvais tester la validité de cette affirmation, car vous me permettiez à ce moment-là de ne pas craindre un réveil nocturne brutal et de me prélasser dans mon lit jusqu’à dix heures les week-ends. Ce sont mes amies mamans qui m’ont avertie de votre désengagement dès que Bébé serait parmi nous. Je croyais à une légère exagération de leur part et j’étais tout de même convaincue que vous feriez exception avec moi, une si bonne cliente.

Mais, quelle ne fut pas ma désagréable surprise lorsque je constatais, qu’effectivement, votre service avait perdu en qualité dès les premières nuits de Bébé. Dormir que trois heures entre les boires? Cela était compréhensible, compte tenu que l’estomac de Bébé ne pouvait contenir plus que quelques millilitres à la fois. J’étais prête à passer l’éponge sur ce petit désagrément momentané. Mais ne dormir que trois heures d’affilée alors que Bébé a maintenant six mois? Non, cela est une faute inexcusable, Monsieur Sommeil.

En effet, cette baisse de service affecte considérablement ma vie de tous les jours. Plus la journée avance, plus mon manque de jugement pour les tâches simples devient dangereux. Prenez par exemple la fois où je me suis endormie à un feu de circulation. Ou la fois où je me suis endormie sur le divan, en pleine conversation avec ma belle-mère. Ou, pire, celle où j’ai failli mettre le bébé dans le frigo au lieu de son lait. Et vous croyez que ces endormissements impromptus et à l’envolée devraient me satisfaire? Non, Monsieur Sommeil, cela n’est pas acceptable comme arrangement.

Bien que je doive rendormir Bébé plusieurs fois par nuit, ce qui m’exaspère le plus, ce sont ses siestes le jour qui sont terriblement mauvaises. Il ne dort que quarante-cinq minutes par sieste. Oui, oui! Que quarante-cinq minutes! Pourtant, je le vois dans le visage de mon poupon, dans ses cernes bleutés, dans ses yeux rouges, dans son comportement incohérent, tout chez lui crie votre nom : Sommeil? Où es-tu Sommeil? Et que faites-vous devant ce petit bébé qui fait si pitié et qui suce ma patience avec ses cris de désespoir comme un vampire suce le sang? Rien du tout! De plus, croyez-vous que quarante-cinq petites minutes sont suffisantes pour me coucher, stopper le hamster qui court infiniment dans ma tête et finalement, m’endormir de façon efficace? C’est exiger beaucoup trop de vos clients, Monsieur.

Donc, je vous écris pour vous rappeler que j’attends une action concrète de votre part (celle de me laisser dormir). Mais surtout, je vous écris pour souligner l’affront suprême dont vous avez fait preuve ce matin. Pour la première fois depuis sa naissance, Bébé a dormi une nuit entière, tout comme moi d’ailleurs. Mais, rendu au matin, impossible de savourer ce moment zen, car les jappements du chien de ma voisine m’ont réveillée. C’est à la limite de l’affront, Monsieur Sommeil.

En attente d’une réparation des torts que vous m’avez causés, veuillez recevoir mes salutations.

D’une mère cernée jusqu’aux genoux.

 

Crédit : Edw/Shutterstock.com

Isabelle Loiseau

Nouvellement maman (un peu sur le tard) d’une petite fille, j’explore petit à petit les méandres de la maternité. Avec l’aide de mon conjoint, nous déambulons (parfois comme des zombies insomniaques) à travers les défis que met chaque jour sur notre chemin la parentalité. L’art d’être parent est plein de mystères et j’espère partager avec vous mes coups de cœur, coups de gueule et petites angoisses de toutes sortes.

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