depressed mother

Ta «bébépression»

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À toi la maman forte et merveilleuse qui se bat avec une «bébépression», j’avais le goût de t’écrire aujourd’hui et te dire ce que j’aurais aimé lire dans le cauchemar qu’est devenue pour moi la maternité. Car oui, maman, t’es pas seule, moi aussi j’ai fait une «bébépression». J’avais planifié ma vie au quart de tour, j’aurais la maison digne de Décormag, je cuisinerais pour ma progéniture tel Ricardo et mes enfants auraient des fêtes d’anniversaire digne de Martha Stewart.

J’étais en bon chemin, j’y arrivais, jusqu’à ce qu’arrive dans ma vie bébé numéro deux.  Du jour au lendemain, le soleil qui brillait de mille feux, ben il s’est éteint. Juste comme ça. Non, ce n’était pas un gros nuage. De la lumière, il y en avait pu. Ma vie s’est brisée en mille morceaux devant mes yeux sans que j’aie même eu le temps d’apercevoir ce qui m’attaquait. J’ai pleuré, merveilleuse maman, toutes les larmes de mon corps. J’ai eu mal aussi, forte maman, comme jamais j’ai eu mal de ma vie. Crois-moi, j’aurais accouché à tous les jours au lieu de vivre ça.

Et c’est pas que je n’étais pas préparée à la venue d’un enfant, j’étais armée jusqu’aux dents. En tant qu’éducatrice, la matière je la connaissais par cœur. De la psychologie des enfants, passant par le soin des poupons, name it. Les enfants, ça me connaissait. Ce pourquoi je n’étais pas préparée, c’était moi. Je n’avais pas imaginé sombrer aussi vite, aussi creux, au point de ne plus me reconnaître et de ne même plus aimer la vie. Je me suis longtemps demandé, pourquoi moi? Je voyais mes amies accoucher et malgré les embûches, elles rayonnaient. Pourquoi le bonheur était passé tout droit devant moi sans même s’arrêter?

T’sais, maman forte et merveilleuse, avec le temps, ça finit par passer. Un jour la lumière s’est rallumée, peut-être pas aussi forte qu’un soleil de midi, mais avec le temps elle s’est intensifiée. Si je t’écris ça, maman, c’est que je veux que tu saches que tu es incroyable. Oui, oui, ta «bébépression» te rend encore plus incroyable car tu vas passer au travers et être fière de toi. Ne laisse personne (quand je dis personne, ça t’inclut) te dire que t’es faible ou que tu pourrais t’en sortir si tu te motivais un peu. T’as une «bébépression», pas une démotivation passagère. Malgré les préjugés, je t’en parle ouvertement, car depuis que j’en parle, je découvre que je suis loin d’être la seule et que par le fait même, toi aussi tu es loin de l’être. Je me suis longtemps sentie une mauvaise maman, mais pour mon bébé, j’ai pilé sur mon orgueil et j’ai demandé de l’aide. Ça a pas été facile, loin de là. Aujourd’hui j’ai compris, je ne suis pas une mauvaise maman, juste une maman qui a eu besoin d’être rafistolée.

 

Crédit : Tolikoff Photography/Shutterstock.com

Sophie Goderre

Maman de deux petites princesses de trois ans et demi (Ouf! C’est important le demi) et de dix-huit mois, on me surnomme également ben voyons donc. Reine des mères indignes, je prive ma progéniture de leurs nutriments essentiels en élevant une famille végétalienne (ben voyons donc!) et je brime leur enfance et leur droit d’avoir des jouets en étant une maman minimaliste (ben voyons donc!). Parce que deux enfants ce n’était pas assez pour moi, je porte le chapeau d’éducatrice en petite enfance le jour venu. Bienvenue dans mon tourbillon! Sur ce, une petite gorgée de café froid?

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