peanut allergy concept

Bannir les allergènes de l’école ou les enfants allergiques?

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Les allergies alimentaires sont une question de santé publique tout comme la vaccination, les poux, la santé buccale et la pauvreté des élèves qui n’ont pas déjeuné à leur faim ce matin. Le gouvernement veille à favoriser la santé des enfants en favorisant de saines habitudes de vie avec des initiatives comme les cubes énergie, de l’information sur le guide alimentaire, des activités parascolaires et des courses chronométrées.  Dans tous ces cas, on parle d’améliorer la santé des enfants. Dans le cas des enfants allergiques, on parle de conséquences vitales sans toutefois prévoir des initiatives provinciales. Pourquoi ne pas simplement les responsabiliser? Oui, les enfants de la maternelle, ils vont comprendre rapidement non?

Le Québec ne souhaite plus prendre en charge le risque mortel lié à la présence d’allergènes dans nos écoles primaires. On ne parle pas de quelques épidémies, de lentes de poux ou d’enfants qui mangent du macaroni au fromage, on parle de la vie de plus de 7% des enfants en milieu scolaire. On ne laisserait jamais entrer d’arme à feu à l’école, de Pitbull dans la cour, de drogue et encore moins de parents non identifiés pour risque d’enlèvement, mais des arachides et des kiwis, pourquoi pas! C’est juste une allergie. Ils se feront une injection d’épinéphrine au pire. Sauf que le choc anaphylactique peut être mortel même avec une injection, même avec une seconde injection. Les allergies, ça tue comme l’alcool au volant, comme les textos, comme les piscines mal surveillées. L’alcool, tu peux décider de ne pas en prendre, tu peux décider de ne pas texter ou de mieux encadrer la surveillance de ta piscine, mais ton allergie, bien, tu peux juste essayer de limiter les contacts car c’est aussi celui qui en consomme qui peut te tuer.

Et si c’était votre enfant ou plutôt le lunch que vous avez préparé à votre enfant qui causait la mort de Juliette demain midi ? Oseriez-vous regarder son papa et lui dire je suis désolée mon enfant voulait manger des amandes ce midi. Vous comprenez ? Jusqu’où va notre responsabilité civile en tant que parent? Malheureusement, on ne peut pas s’excuser ou retourner en arrière car Juliette est décédée.

Ce que l’école projette, c’est de mettre en action un plan de sensibilisation. Ils font croire que les parents qui ont des enfants allergiques sont insensibles à leur rôle de prévention. Pourtant ces enfants sont vraiment responsables, informés, formés, prévenus et avant que j’oublie, ils sont inquiets. On devra mieux éduquer les autres enfants? On leur enseigne déjà tout cela, mais ils ne comprennent pas que l’impact de la vie d’un enfant est menacé par un geste banal.

On a couru après ma fille il y a deux semaines dans la cour d’école. Un petit garçon qui avait une arachide cachée dans sa poche. Il voulait juste la tuer car il ne l’aime pas. Il pense peut-être que c’est un jeu vidéo ou des inventions de bébé comme il dit. Au dîner, parfois, des amis lui tendent les mains pour dire que leur muffin contenait des noix. Comment savoir la vérité? Vous pensez que ma fille a envie de terminer son repas? Qu’elle n’a pas peur de mourir du haut de ses onze ans? Elle va craindre un contact avec cet enfant toute la journée et cet enfant le sait!

Plusieurs enfants allergiques développent de l’anxiété grave en plus de se faire intimider. On banalise. On les isole pour les calmer. Maintenant la seule façon que le Québec trouvera pour aider ces enfants est de les protéger avec des plans de formation.

Chaque jour de sa vie, ma fille doit apprendre à vivre avec ses allergies, en sortie, au cinéma, aux fêtes d’amies, au camp d’été, au restaurant et c’est normal puisque nous sommes là pour lui apprendre à se protéger. Cependant à l’école, les parents ne sont pas là. Comment une enseignante de 25 élèves et une éducatrice du dîner pourront gérer les risques. Elles devront scruter tous les dîners? Elles vont isoler mon enfant avec une belle étiquette « Ne pas toucher »? Elles vont relaver les 25 bureaux qui sont les mêmes sur lesquels les enfants vont travailler dans l’après-midi. Elles devront relaver aussi les micro-ondes et surveiller que chaque enfant se lave les mains avec du savon?

Les enfants du primaire sont trop jeunes pour autant de responsabilisation. Vous pensez que l’ami de Juliette voudrait la voir quitter en ambulance en échange d’une beurrée de beurre d’arachides? On prive qui dans cette histoire? Est-ce que interdire les allergènes potentiellement mortels prive les enfants non allergiques?

Certaines intolérances alimentaires ne causent pas de choc anaphylactique. Je suis allergique au lactose et pour ma part tout le monde peut en utiliser sans craindre pour ma santé, pareil pour ma plus jeune qui a une intolérance au maïs. Les nutritionnistes devraient peut-être débuter par la création d’une charte claire des aliments à interdire en raison de leur niveau de risque.

Depuis plusieurs années, le Québec a misé sur l’intégration en milieu scolaire des enfants en difficulté ou handicapés dans les classes régulières avec une implication financière, quoique insuffisante, et des ressources dédiées. Qu’est-ce que le Québec fait pour les enfants allergiques? Dans la ville de Québec, il y a une infirmière pour quatre écoles qui offre une présence d’une demi-journée par semaine. Espérant que le choc anaphylactique de Juliette se déroulera pendant cette journée! Les écoles ajoutent une brève phrase aux communications parentales sur les repas sans allergènes. Elles achètent un auto-injecteur par prévention et un beau petit sac plastifié pour y placer l’auto-injecteur des enfants allergiques. Elles prévoient une période spéciale pour les enfants allergiques par année pour les informer des symptômes et les protéger. Vous pensez que le système intègre vraiment les enfants allergiques dans nos écoles?

Au lieu de penser au retour des allergènes pour la plus grande liberté des parents, j’aimerais qu’on me parle d’élaborer un vrai plan d’action visant à mieux gérer leur anxiété en milieu scolaire, agir sur l’intimidation et non seulement sécuriser davantage les enfants allergiques, mais en plus sensibiliser les autres enfants et les parents aux risques mortels des allergies en milieu scolaire de la même façon qu’on sensibilise les citoyens face à la vitesse dans les zones scolaires, qu’on informe les parents de la présence de prédateurs sexuels ou d’épidémies de poux!

 

Crédit : 2YouStockPhoto/Shutterstock.com

Natacha Lahaie

Mère monoparentale de deux filles, je cherche l’antidote à la superwoman car j’ai aussi ma garde-robe de capes! Polyvalente, je m’intéresse à la politique, à la construction mais tout autant à la féminité. Pourquoi choisir entre sa cape et ses bottes à cap? Éternelle étudiante, j’ai une maîtrise en communication numérique et je retourne continuellement sur les bancs d’école tantôt en gouvernement électronique puis en gestion publique. Un jour m’est venue cette idée de profiter activement de ma double vie de monoparentale et de solitaire : je suis devenue grimpeuse de montagnes, joggeuse, skieuse et me voilà blogueuse, tant que cela me rend heureuse!

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10 Comments

  • Bonjour,
    Je suis franchement désolée que ton enfant soit allergique. Tu as été « chanceuse », ta fille a une allergie aux arachides. La mienne, c’est aux poissons et crustacés. Même la vapeur la rend malade. Éventuellement, elle en fera des chocs anaphylactiques… mais là, ce n’est que lorqu’elle en mange. Pis, tu sais quoi, même les légumes des jardins peuvent être dangeureux pour elle. On n’y pense pas mais, le compost de crevettes là… c’est fait de crevettes. Aucune école n’a jamais voulu rien faire.

    Aucun CPE, aucune gardienne, rien, personne n’a voulu changer quoique ce soit. Jamais. Et tu sais quoi? Maintenant, qu’elle a 19 ans, j’en suis bien contente! Tant mieux! Ce n’est pas à 95% de la population à s’adapter au 5%. C’est plate, mais ce sera ça toute sa vie! Elle doit apprendre, faire face, s’organiser. Dès l’âge de 18 mois dans le cas de ma fille. Oui, oui, à 18 mois elle a dû commencer à apprendre à refuser la bouffe des autres. Tout le temps!

    Elle a survécu à l’école. Elle est responsable, autonome, réfléchi. Tu sais, nous n’interdirons pas aux abeilles d’exister? Life goes on…

    • Non…nous ne pouvons interdire aux abeilles d’exister…il va s’en dire! Par contre, nous ne ferions JAMAIS exprès d’aller placer un petit enfant allergique aux abeilles près d’un essaim d’abeilles…..en lui disant d’être prudent seulement! Dans le même ordre d’idée, il revient à nous les adultes de protéger un enfant très allergique….de baigner au quotidien dans un milieu qui pourra maintenant être rempli , sans interdit….d’aliments MORTELS pour lui….

  • Ce n’est pas en les interdisant qu’on va régler le problème. Il faut sensibiliser, informer, prévenir.

    Ce n’est pas en créant un faux sentiment d’insécurité dans les écoles qu’on va régler le problème.

    Il n’est pas logique d’empêcher 300 enfants de manger du poisson parce qu’un d’entre eux y est allergique.

    A notre école, rien n’est interdit, malgré les allergies aux arachides et aux noix de certains. tout le monde est au courant, il y a des affiches, la localisation des épipènes et les instructions est très bien indiqués. Tout le monde en est conscient, enseignants, personnel, enfants et parents de qui et quoi et tout va bien, personne n’est jugé, tout le monde mange bien et équilibré, les parents sont heureux……

  • Je suis ambivalent sur cette question.

    Oui, les enfants ayant des allergies provoquant des chocs anaphylactiques doivent être protégés. Oui, ils ont le droit d’être socialisés avec les enfants qui ne sont pas allergiques. Non, il n’est pas réaliste (ni souhaitable) de faire intégrer une hygiène digne de Gattaca dans les écoles pour tenter d’éviter un choc anaphylactique.

    Par contre, j’ai un problème qui concerne la préparation des repas pour nos enfants. J’ai vu (oui, oui) une liste d’interdiction alimentaire pour une école (heureusement, pas la mienne, celle d’une amie) qui incluait: blé, avoine, soya, sulfites, noix, arachides, oeufs, lait, kiwi, ananas, saveur artificielle de fraise. Et comme l’école ne garantissait pas un accès à des micro-ondes (7 pour 600 étudiants), il était conseillé que le repas ne doive pas être réchauffé.

    Il reste quoi, pour faire un lunch? Pas de sandwich. Pas de viandes froides / charcuteries (sulfite). Pas de yogourt, pas de fromage, pas de lait, pas d’oeuf: comme protéines froides, il reste des légumineuses? Condiments? Pas d’oeuf donc pas de mayonnaise non plus. Pas de margarine. Pas de beurre. Il reste ketchup, relish, moutarde. Avec des fruits et légumes seuls? Le chocolat était interdit (lait). Le caramel aussi (beurre). Pas de biscuits, pas de gâteau. Même de la soupe poulet et nouille Lipton ne passe pas parce qu’il y a du blé et des substances laitières modifiées.

    Alors il est là, mon problème. Je ne veux pas que les enfants ayant des allergies graves soient brimés. D’un autre côté, je me demande comment un parent fait pour nourrir son enfant avec une liste de restrictions pareille.

    Est-ce qu’on peut trouver une solution de compromis raisonnable pour que toutes les familles, avec enfants allergiques et non allergiques, puissent vivre en sécurité et sans frustration extrême quotidienne?

    Je terminerai en disant: et s’il y avait dans cette école un enfant allergique à l’eau (oui, ça existe), est-ce qu’on interdit l’eau aux autres enfants?

  • Je vais dans le même sens que les commentaires précédents. La liste des allergènes potentiellement mortels est assez élevée. Alors rendu là, on fait quoi ? Il est faux de penser que seulement les arachides, les poissons et les kiwis sont à risques. On fait quoi avec le lait, les oeufs, l’ananas et autre ??? Je compatis avec vous pour l’allergie de votre fille et je peux très bien comprendre votre sentiment d’insécurité. Mais en même temps, je suis partagé car toute sa vie, votre fille sera à risque de contact avec son allergène. Créer un faux sentiment de sécurité n’est probablement pas la solution. Tout passe par l’éducation, la sensibilisation. L’enfant qui court après votre fille dans la cour avec une arachide, a un sacré problème de comportement. Selon moi, une action doit être prise par l’école. À 11 ans, un enfant sait que la mort est quelque chose d’irréversible. Je pense qu’il a besoin d’une bonne discussion….. Il a besoin d’apprendre à vivre en société…. Ceci dit, je continuerai de mettre des collations sans arachides dans les lunchs de mes enfants. Mais parfois, ils auront du lait, des oeufs, de la mayonnaise, une coupe de salade de fruits qui contient peut-être des ananas…. Je ne pourrai jamais garantir que mes boîtes à lunch ne contiennent aucun allergène. Je ne fais pas exprès mais je ne suis pas experte en la matière. Votre grande de 11 ans, quittera bientôt pour le secondaire et vous savez quoi ? Il n’y a aucune restriction d’aliment au secondaire. Vaut mieux qu’elle soit armée et préparée pour affronter la vraie vie.

  • Et pour les diabétiques, on interdit toute forme de sucre? Et pour les enfants aux prises avec un syndrome de genre von Willebrand, qui font des hémorragies dès qu’on les touche, on interdit le jeu? Leur apprendre à vivre avec ce qu’ils ont, comme ils sont, et conscientiser les autres, voilà la clé!

  • Je comprends que ça te fâche, mais dans ton argumentaire tu mets les chiens de type molossoïde sur le même pied d’égalité en frais de dangerosité que les armes, l’alcool, les prédateurs sexuels et les allergènes…

    Je trouve que ton argumentaire démagogique et c’est réellement triste parce que sans cela il aurait été possible de me convaincre.

    Parce que si je fie à ta façon de penser, le fait que j’élève une famille et possède des « PIT BULL » ( ça existe pas en passant, c’est pas une race) et bien je vais dire à mes enfants de tartiner les autres au beurre d’arachides ou leur lancer des crevettes…

    Désolé de me montrer condescendante, mais il faut éduquer les enfants et les parents. Parce que même si tu bannis les allergènes des écoles les aliments demeurent disponible sur le marché alors il est toujours possible d’en trouver… n’importe où…

  • J’ai la chance d’avoir des enfants qui n’ont aucune allergies jusqu’à ce jour. Il est vrai qu il faut les sensibiliser aux autres enfants qui ont de graves allergies. Par contre, ma grande de 10 ans est dans la classe d’un enfant qui est gravement allergique au produits laitier, et les enfants de cette classe n ont pas le droit d apporter de produits laitier et ou même de produits qui peuvent contenir du lait (yogourt, fromage, biscottes, pouding au riz ect) puisqu’ils mangent en classe la collation. Il est arrivé une fois dans l année que j ai mis un yogourt à ma fille dans sa boîte à lunch, c était pour le dîner. Elle a décidé de le prendre à la collation du matin ( je lui avait dit de ne pas le manger en classe mais tk) lorsque elle a ouvert son pot de yogourt il a éclaboussé sur son bureau ses vêtements et sa chaise. L enfant allergique était loin du bureau de ma fille. L’enseignante a paniquée et a dit à ma fille devant les autres élèves que ma fille aurait pu faire mourir le jeune en question. On m à téléphoner au travail pour que j aille chercher ma fille et la change car il y avait des traces de yogourt sur son chandail et ses pantalons. Suivi d une lettre du prof adressée à tous les parents de la classe ( la lettre sur un ton très ferme)
    Ma fille en a eu pour une semaine à se faire dire par les autres enfants qu elle aurait pu tuer l enfant. Bref ma fille a de la difficulté à se faire des amis déjà d avance. En tk, mon opinion est que en tant que parent il est de notre devoir d éduquer et sensibiliser nos enfants à cette réalité mais en même temps est ce qu il faut paniquer et devenir parano avec ça?

  • J’hallucine ! Un enfant allergique à l’arachide peut faire un malaise juste si vous ouvrez un paquet de curly devant lui. Il peut mourir juste en ingurgitant une miette de cacahuète ! Oui cet enfant vous dérange mais seulement parceque ce n’est pas le votre !!!
    Juste un peu de respect vous ne risquez pas de perdre votre enfant à chaque minute !
    Certains propos dans les commentaires me dégoûte !!!
    Je suis de tout cœur avec vous, je sais a quel point c’est dur.

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