Toi, le beau-père que je déteste

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Je dois être honnête envers toi et aussi envers moi. Je te déteste.  Toutes les fibres de mon corps ont envie de sacrer leur camp en courant quand on se voit. Ce que je trouve dommage dans tout ça, c’est que c’est de ta faute.

Avant de te connaître vraiment, j’avais l’impression que tu étais une bonne personne. Tu as toujours donné l’image d’un homme sociable, bon et très charismatique. Dans ton travail avec les jeunes, tu étais la coqueluche, on te trouvait cool. Ça, c’était ce que tu voulais bien nous montrer. Mais ce n’était pas vraiment toi.

J’ai vu tes deux visages et je peux franchement dire que tu as toujours bien caché ton jeu. Maintenant, la vie a fait en sorte que je suis devenue ta belle-fille. L’homme de ma vie est ton enfant et je le plains. Je le plains d’avoir eu un père qui se foutait bien de ce qui pouvait lui arriver la plupart du temps. Je le plains d’avoir à dealer encore aujourd’hui avec tes sautes d’humeur et tes idées qui n’ont ni queue ni tête. Je ressens vraiment de la tristesse pour le petit garçon que l’homme de ma vie a été et qui a probablement et désespérément cherché à avoir un père présent. Un père qui prend le temps d’être un père. Un papa qui joue avec ses enfants et qui les aime sans condition. Et pourtant, sans que je comprenne pourquoi, vous êtes encore en contact.

En tant qu’amoureuse, je te déteste pour avoir été un père qui n’a pas su donner d’amour à son enfant. Je te déteste pour les multiples fois où j’ai dû prendre mon amour dans mes bras pour calmer la peine que tu lui as causée. Je te déteste pour toutes les fois où ton entourage t’a tendu la perche et tu as renoncé à te faire aider du revers de la main. Je te déteste pour tous ces appels où tu tentes de nous faire sentir comme des moins que rien, où l’on doit t’écouter sans dire un mot parce que de toute façon, toi, tu ne nous écoutes pas.  Entends-tu seulement ce qu’on te dit ? Non, de toute façon il n’y a que ta vérité qui est bonne, que ta vérité qui compte.

En tant que maman, je te déteste pour le grand-père que tu ne seras jamais. Je te déteste de priver mes filles de tous ces moments où tu aurais pu prendre le temps de les voir grandir.  Je te déteste à un tel point que j’ai sincèrement hésité avant de te présenter tes petites-filles.  Lorsqu’elles étaient petites, je ne voulais pas que tu les prennes dans tes bras. Je ne voulais pas qu’elles aient affaire à toi.

Honnêtement, tu n’apportes rien de positif dans ma vie et dans la vie de ma famille. Lorsqu’on entend parler de toi, c’est parce que tu as besoin de nous. Tu te fais tout mielleux et tu ne taris pas d’éloges sur le fait que ton garçon est un bon papa. C’est à ce moment-là que tu beurres épais et que tu nous joues ta petite mélodie à la con en nous ressassant toujours la même affaire… quand tu étais jeune, tu ne pouvais pas être un bon père parce que tu avais deux emplois et que tu devais subvenir financièrement aux besoins de ta famille. Comme si mon mari se décrottait le nez vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Comme s’il ne travaillait pas et qu’il était assis sur son beigne en attendant le temps qui passe. Ça, ça m’enrage au plus haut point.

Tant qu’à être honnête, je vais l’être jusqu’au bout. Si demain matin mon chum me disait que c’était terminé, que tu ne faisais plus partie de notre vie, je serais sincèrement soulagée. Soulagée pour mes filles qui n’ont pas besoin d’un grand-père en pleine décrépitude qui ne se rappelle même pas leurs noms. C’est pas compliqué, tu n’en n’as pas dix petites-filles, tu en as deux.

Je serais soulagée parce que je n’aurais pas à me farcir toutes ces rencontres avec toi aux différentes fêtes pendant l’année. Je sais très bien que tout comme moi, tu n’as pas du tout envie d’être là avec nous non plus.

Je serais également soulagée pour mon chum qui ne passerait pas son temps à se demander ce qui se passe avec toi lorsque ça fait deux mois qu’on n’a pas de nouvelles. Ben oui, on a beau t’appeler, mais souvent tu ne daignes même pas répondre. C’est tout de même fascinant que tu penses toujours juste à toi à ce point-là.

Aujourd’hui, je ne me pose plus de questions. Est-ce que tu m’apprécies en tant que belle-fille ? Je m’en fous pas mal. Est-ce que tu agis de cette façon parce que tu as eu une enfance difficile ? Ça, c’est trop facile de prendre cette excuse-là ! Tu as eu tous les moyens disponibles pour ne pas répéter le même scénario ! Est-ce que je suis trop méchante avec toi ? Non, pas du tout. Même que je me trouve assez conciliante ! Quand tu fais du mal à ceux que j’aime, c’est aussi à moi que tu en fais et pauvre toi, tu n’as aucune chance avec moi puisque je suis assez rancunière !

La seule chose qui me ferait vraiment plaisir, c’est que subitement tu prennes conscience de tout le mal que tu as fait autour de toi pendant tant d’années. Bien sûr, tu ne pourrais rien changer et dans mon cas, toute l’estime que j’ai déjà eue pour toi est à jamais envolée.  Donc à mon avis, ton chien est mort.  Mais je pense aux autres… le fait est que tu seras toujours le père de mon amoureux et le grand-père de mes enfants. Alors si jamais c’est possible qu’il se produise un miracle, je te souhaite de comprendre que tout ne tourne pas autour de toi. Ton nombril n’est pas le centre de l’univers. Je souhaite que tu sois capable de demander pardon à ton garçon… et peut-être qu’à ce moment-là, je te détesterai moins…

 

Crédit : Valery Sidelnykov/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

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