mother with newborn

Ton arrivée

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Aujourd’hui, mon fils,  j’ai envie de te raconter l’histoire de ta naissance différemment. J’aimerais mettre des mots sur ce sentiment qui ne se décrit pas, sur cet état dans lequel je suis depuis que mon regard s’est posé sur toi. Te dire, mon garçon,  comment ton arrivée a transformé ma vie.

Je t’ai raconté des centaines de fois les circonstances de ta naissance. Ce moment précis où, de la fenêtre de ma chambre d’hôpital qui donnait sur le fleuve Saint-Laurent, j’ai vu le lever du soleil. Un splendide lever du jour qui m’a accompagnée pendant les heures de travail. L’absence de douleur, cadeau de la péridurale, me permettait de profiter pleinement de ce moment d’une beauté silencieuse. Il s’est cristallisé dans mon esprit et est devenu un souvenir brut, précis, et duquel je ressens encore la plénitude. Ce matin-là, le plus imposant bateau de croisière au monde arrivait au port de Québec. De ma chambre d’hôpital sur la rive sud, moi, ton papa et l’équipe médicale nous sommes extasiés entre chacune des poussées. Nos regards tournés vers la fenêtre pour profiter de ce spectacle. Je vivais quelque chose d’unique, avais rarement vu quelque chose d’aussi beau.

Tu es venu au monde dans ce moment de magnificence. Comment décrire comment je me suis sentie quand tu as quitté mon corps pour être déposé dans mes bras ? Quels mots utiliser pour tenter d’expliquer comment je me suis sentie de t’avoir donné la vie ? Mon fils, ta naissance sublime tous les moments de plénitude que j’ai pu connaître avant toi. Rien n’égalera jamais ton arrivée, le plus beau lever du soleil ou le plus majestueux des bateaux qui accoste au port. Tout ce que mes yeux ont vu, ce que mon cœur a ressenti avant toi prenait un sens inattendu. Lorsque mes yeux se sont posés sur toi, que mes bras ont enlacé ton petit corps, j’ai tout compris.

J’ai compris pourquoi l’humain aime. Qu’il est instinctivement fait pour aimer. J’ai compris ma mère. J’ai été inondée d’un sentiment fort d’amour pour cette femme qui est à l’origine de ce que je vivais ce jour-là. J’ai pensé à toutes ces femmes qui permettent à d’autres femmes de vivre cette expérience magnifique de donner la vie. J’ai compris à quel point ta fragilité me renvoyait la mienne. Je découvrais ma vulnérabilité, un tsunami de peur et de courage. J’étais face à un être totalement inconnu. Alors que je croyais savoir comment ça se passerait, alors que j’avais fait mes devoirs d’apprentissage de la maternité, j’ai rapidement constaté que je ne savais rien. J’allais devoir apprendre à te connaître, toi.

Je t’ai regardé comme on regarde une page blanche. Avec l’euphorie de la première rencontre. Ton histoire allait s’écrire jour après jour et je réalisais que je n’en connaissais aucune ligne. Ta vie au jour zéro, et moi celle qui allait t’accompagner, celle qui avait aujourd’hui la responsabilité de tout créer. J’étais celle-là maintenant. La créatrice de ton histoire, de ta vie, de chacun de tes souvenirs. Tout dorénavant passerait par moi, ton papa et les gens qui nous entourent. En une fraction de seconde mon enfant, j’ai compris l’immensité de ce que c’est d’être mère. Je l’ai ressentie tellement profondément et je crois que c’est pour cela que l’on pleure en fait. Pleurer de trop de clarté, pleurer parce que l’on voit ce que l’on n’avait jamais vu avant. Non pas avec les yeux, mais avec tout ce que l’on ressent.

Si vite, quelques minutes, tout change.

Ton arrivée, mon ancrage pour le reste de ma vie.

Crédit : PHDG/Shutterstock.com

Marie-Ève Baillargeon

Mère monoparentale, célibataire, travailleuse sociale, et amie de mon ex-mari, voici ce que je fais pour occuper mes temps libres : -J’élève à temps partiel mon frisé brun de 10 ans et mon frisé blond de 7 ans. -Je m’auto-proclame la « best hockey mom » de ma progéniture. -Je lis une tonne de livres et je suis une passionnée d’écriture. -Je sacre des fois mon rôle de mère au dernier rang sans me sentir coupable. Avant d’être une mère parfaitement cinglante, je suis une femme parfaitement cinglante. Toi qui est devenue mère, la femme, tu l’as mis où ?

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