nurse with baby

Le métier d’infirmière : ma vision avant/après bébé

nurse with baby

Dans mon ancienne tête-de-fille-qui-n’avait-pas-encore-accouché, le métier d’infirmière en était un comme les autres. Je veux dire, je voyais ça comme un métier noble dans un domaine pas facile pratiqué par des filles intelligentes, un peu comme être comptable, psychologue ou enseignante, mais sans plus.

Dans ma tête d’avant juillet 2015, les infirmières assistaient les médecins, soignaient les bobos et s’occupaient de vacciner les filles de quatrième année contre le VPH. Elles faisaient aussi des heures supplémentaires obligées,  des piqûres contre la méchante grippe, nous accueillaient et nous classaient dans leur charte du urgent ou pas-trop-urgent quand on se présentait dans les salles-d’attente-trop-pleines et veillaient à ce que tout le monde reçoivent la bonne dose du bon médicament au bon moment.

J’étais dans le champ sur un méchant temps. Dans le champ, genre à l’autre bout du champ.

Être infirmière, c’est pas une profession, c’est une vocation. C’est bien plus que les piqûres, bien plus que le mélange des solutés. Lorsque je me suis présentée à l’hôpital la veille du plus beau jour de ma vie, enceinte de presque 42 semaines et vraiment sur le bord de l’agonie, j’ai compris. J’ai compris qu’être infirmière, c’est un don. On l’a ou on l’a pas.

Être infirmière, c’est être capable de sizer quelqu’un simplement en le regardant dans le fond des yeux et d’agir en symbiose avec la personnalité qu’on y a trouvée. C’est d’être là au bon moment, de dire les bons mots quand il le faut et savoir se taire quand c’est mieux comme ça. C’est pas donné à tout le monde ça. J’en ai aussi rencontré des moins spectaculaires que d’autres lors de mon séjour de mise au monde. Elles faisaient leur job là, mais pas avec les étoiles dans les yeux. Sans la fougue de la vocation, sans intuition. Celles-là, je les ai toutes oubliées.

Je me souviens par contre d’une chouette brunette à lunettes qui a pris la peine de m’accueillir, de m’écouter, moi, trop trop enceinte qui était la dernière priorité dans un hôpital débordé. Je me souviens de celle qui pendant huit heures est restée à nos côtés à surveiller le petit coeur de notre fils qu’on a un peu forcé à venir au monde (parce que fallait bien qu’il sorte de là avant d’entrer à l’école!) en me parlant de tout et de rien, comme si on était des grandes amies. Celle qui m’a précieusement guidée vers l’inconnu, pis je parle ici de l’inconnu avec un grand I. Celle qui répondait à mes trop nombreuses questions avec amour et qui me rassurait chaque fois qu’elle voyait l’affolement dans mon regard.  Ça m’a fait tellement de bien d’apprendre à te connaître cette journée-là, entre deux sauvages contractions.

Je me souviens aussi de celle qui m’a regardée droit dans les yeux avec le calme d’un moine bouddhiste et qui m’a dit que tout irait bien quand l’anesthésiste a planté son aiguille pour la huitième fois dans le creux de mon dos, parce que ça marchait pas. La même qui a réussi à me faire rire pendant les huit secondes qui séparaient mes contractions quand la dernière chose que je pensais possible, c’était d’avoir du fun. Je me souviens de celle qui était là pour me raisonner et m’aider à survivre quand je voulais pousser pis que c’était pas encore le temps. Celle qui a aussi délibérément étiré son shift de quelques minutes pour assister au passage pas pantoute en douceur de mon gros bébé dans le fameux trop petit tunnel de la vie.

Ah! pis les autres aussi, celles qui étaient là chaque fois qu’on a appuyé sur le piton rouge au bout du fil lorsqu’on avait besoin lors de nos premières nuits d’apprentis-parents et qui arrivaient avec les conseils, le calme et la bonne humeur dont nous avions besoin.

Ma vénération à l’égard de ces infirmières-là, celles qui ont la flamme allumée pis toute pis toute, elle pourrait continuer ainsi pendant plusieurs lignes encore. Ce que je veux vraiment dire, c’est que les infirmier(ères), je vous lève mon chapeau. Je vous lève aussi mon placenta, ma jambe inutile paralysée par la péridurale, mon bébé de dix livres et tout ce que vous voulez. Vous faites la différence et un sacré bon boulot. Grâce à vous, je garde un doux souvenir de l’épreuve olympique accomplie avant de devenir maman pour la première fois.  Depuis cette fois-là, ma vision-tellement-pas-rapport de votre métier a vraiment changé, promis.

 

Crédit : Lolostock/Shutterstock.com

Josianne Robichaud

Maman d'un Hubert aux grands yeux et d'une Romane toute neuve, je suis également une diplômée en arts visuels, une mam’enseignante au primaire, une artiste optimiste, une perfectionniste énervante et une traîneuse assumée. Obsédée par la créativité, j’ai la tête qui étourdit. J’aime avoir des projets musclés, des rêves démesurés et l’avis de tout le monde. Sinon ? J’aime le beau, le chic et le classique. Je suis la Viking des demandes au firmament, j’éternue deux fois chaque fois que je mâche une gomme à la menthe et j’aime l’ananas (le gloss et ma famille aussi) plus que tout ce qui existe déjà !

Plus d'articles

Post navigation

7 Comments

  • J’en ai rencontré des pareilles pendant mon accouchement de 46 heures, encore plus, l’une d’elles m’a accouchée parce que le médecin était occupé ailleurs. Des saintes ces femmes!

  • Je me jouns à toi pour lever mon chapeau à toutes ces infirmières de vocation !
    Je me rappelerai toujours de celle qui est venue (même si son shift venait de terminer) nous porter secours alors que je m’evanouissais et qui m’a sauvé d’un passage au bloc (mon 1er fils est né à peine 40 min après son internvention alors que tout semblait bloqué).
    Mais je me rappelle aussi (et surtout) de celle qui m’a accueilli aux urgences de la maternité et a dit les mots doux qu’il fallait pour m’apporter un peu de réconfort et me permettre d’assimiler la nouvelle que je ne voulais pas entendre. Elle m’a aidé de son mieux, par son écoute, sa patience à m’apporter des mouchoirs et simplement sa chaleureuse présence dans ce milieu froid, pour débuter mon deuil de cet ange.
    Personnellement je serais incapable d’être infirmière.
    Je vous admire pour votre dévotion.
    Merci tout simplement.

  • Je fais ce métier depuis 12 ans, de nuit.. sur 12h en salle d’accouchement. Et j’aime mon travail avec passion! Te lire m’a donné envie de pleurer ! Car c’est pour ca qu’on continue de travailler si fort parce qu’on fait une difference a un moment ou l’on vit une expérience tellement unique et inconnue… bien souvent on remet ce travail en question. Les coupures , le manque de personnel, les repas qu’on a pas le temps de prendre et meme les envies de pipi que l’on doit retenir pendant des heures! Merci de nous dire merci!! ?

  • Infirmière depuis 21 ans ton message m’a fait un grand bien !!! Bien que je sois dans le domaine de la santé mentale… ce qu’on voit c’est qu’une infirmière ou un infirmier c’est effectivement passionné et dévoué à l’autre, empathique. Même si les conditions ne sont pas toujours gagnantes…ce sont vos sourires, vos mercis, vos regards complices ou vos partages qui nous apportent du réconfort et cette envie irrépressible le lendemain de reprendre le volant vers l’hôpital, le Chsld, le CLSC… Merci ???

  • Jai aussi connu une infirmiere exceptionnel lors de mon accouchement qui etait un declenchement, elle a rester a mes cotés tous le temps qu’elle a pu. Les femmes qui font ce metier son très douer et on la flamme qui fait qu’elles peuvent nous faire passer a travers cette epreuve. Merci a tous les infirmieres qui adores ce qu’elles font vous fait toute la difference.

  • Novembre 2011, Ste-Justine.
    Petit trésor se pointe le nez beaucoup plus tôt que prévu, à 28 semaines.
    J’ai le coeur serré, je ne suis pas prête, je n’ai même pas encore commencé mes cours prénataux.
    Comment je vais faire pour savoir ce que je dois faire?
    Les infirmières qui travaillent ce jour-là sont dévouées, me redonnent confiance, me disent que tout va bien aller, qu’elles vont me guider, m’expliquer, répondre à mes questions qui se bousculent dans ma tête.
    Lendemain de l’accouchement:
    Bébé va bien, malgré sa petite taille et sa petite boîte dans laquelle il doit rester…
    Je suis dans ma chambre, une infirmière (à la retraite mais qui fait quelques heures par-ci par-là) vient me voir.
    Elle me demande si j’aimerais allaiter.
    Je ne savais même pas que je pouvais!!
    Elle va chercher un tire-lait, prend tout le temps nécessaire pour m’expliquer comment faire, d’une douceur et d’une tendresse que seule une infirmière qui a ce don peut procurer.
    Et aussi à toutes celles qui ont pris soin de mini-moi jusqu’à ce que je puisse le ramener avec moi à la maison…
    Je ne vous dirai jamais assez merci!
    Vous avez fait d’une expérience qui aurait pu être traumatisante une expérience qui s’est passé dans le calme et la patience.
    Merci milles fois!

  • L’infirmière c’est aussi celle qui arrive avec l’antidote qu’elle seule peut administrer pour calmer la douleur de la personne que tu aimes, c’est celle qui répond du mieux qu’elle peut à tes questions parce que la visite de 4 minutes des médecins t’a mélangée plus que d’autre chose, c’est celle qui te fait un clin d’oeil ou une petite blague quand l’ambiance est morose, celle qui s’occupe de la personne que tu aimes avec douceur et attention, celle qui prend 2 minutes pour te donner des conseils parce qu’elle voit bien que tu es démunie quand vient le temps d’aider ton proche, c’est celle qui ne fait pas sentir ton parent comme une tâche ou un dérangement.
    Bref, c’est un humainfirmière. Débordée, fatiguée, surmenée, mais empathique, délicate et compréhensive. Elles sont nos alliées, des personnes précieuses à qui on confie les gens qu’on aime le plus et qu’on laisse entrer dans nos moments les plus intimes en espérant qu’elles ne nous jugent pas trop. Les infirmières, les proposées…. On les aime!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *