pregnant woman unhappy

Pourquoi j’ai détesté être enceinte

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Je me confesse aujourd’hui. Je l’avoue, je n’ai pas aimé être enceinte. En fait, j’ai détesté ça. Pour moi, la grossesse n’a rien eu de plaisant ou d’agréable. Du premier mois au dernier mois, je me suis sentie tout sauf moi-même. Ça peut sembler triste à dire, mais c’est bien une réalité. La grossesse fut une expérience nécessaire pour avoir aujourd’hui mes deux beaux garçons dans ma vie. Quand j’y repense, je réalise à quel point j’étais mal dans ma peau de porter un enfant. L’image de la femme qui profite de chaque moment de sa grossesse en se flattant la bedaine n’en est pas une qui représente pour moi un moment de plénitude. L’image qui me représente le mieux est davantage similaire à une scène du film Alien.

Deux aspects de la grossesse m’ont profondément dérangée. Le premier est de ressentir cette sensation constante de ne plus posséder mon propre corps. Je me suis rapidement sentie envahie par l’être qui grandissait en moi. C’est probablement difficile à comprendre, mais j’avais cette sensation désagréable de ne plus avoir ma bulle à moi. Comme si je n’étais plus jamais seule, jamais. Parfois, je ressentais une envie soudaine de quitter mon corps. Comme si mon esprit aurait eu besoin de se retrouver seul. L’angoisse de l’impossibilité de déposer mon ventre rond quelque part et de le reprendre après quelques heures, je l’ai vécue à plusieurs reprises. Je voyais mon corps se transformer. Ce n’est pas que je détestais les changements, mais plutôt que je ne me reconnaissais pas et que je me sentais mal dans ce corps qui, au fil des jours, devenait de plus en plus inconfortable à habiter. Comme bien des femmes, j’ai vécu toutes sortes de désagréments passant de la rétention d’eau au diabète de grossesse, mais il faut dire que je parvenais quand même bien à m’y adapter. Par contre, j’aurais pris une pause de mon bébé, mais je ne pouvais pas, j’étais sa maison. Jour et nuit, 24 heures sur 24.

La deuxième chose que je ne supportais pas était de prendre part à cette idée socialement débile qu’une femme enceinte est un peu la propriété de tout le monde. Cette envie qui semble plus forte que tout de toucher le ventre des femmes qui portent un enfant. Je me suis fait approcher par quantité de gens, que je connaissais ou non, qui voulaient flatter ma belle bedaine. Certains le demandaient poliment et d’autres m’imposaient les mains sans avertissement. Dans un cas ou dans l’autre, je ne trouvais pas ça plus agréable ou acceptable. Je me retrouvais encore avec cette impression d’être une étrangère dans mon corps. Dans quelle autre circonstance, est-il socialement accepté de taponner une personne que l’on connaît plus ou moins, rencontrée tout bonnement dans un endroit public ? Je n’ai jamais compris cette idée et je ne l’acceptais pas. C’était pour moi une insulte à la femme que je suis. Parce que je suis une femme avant tout et je n’étais même pas encore une mère.

C’était difficile pour moi aussi de ne me faire parler que de la naissance de mon enfant à venir pendant neuf mois. Toutes ces semaines à me faire questionner uniquement sur l’enfant que je porte. La grossesse, comment il va s’appeler, son sexe, s’il est en santé, comment je vis ma grossesse. Et après les questions venaient inévitablement les récits d’expérience personnelle de celles qui étaient passées par là avant moi. «J’ai accouché à quarante-deux semaines, fendue sur deux centimètres, j’avais mal au cœur, pas mal au cœur, j’ai fait des vergetures, j’ai allaité pendant trois mois, mon enfant a fait ses nuits à six mois, bla bla bla». Tout le temps, tous les jours comme ça pendant neuf mois. Ne pratiquement pas parler d’autre chose de la vie de femme. J’étais devenue exclusivement associée au sujet de la maternité et franchement, j’en ai fait le tour rapidement. Je me suis ennuyée du temps où on pouvait s’informer de comment j’allais ou de ce que je faisais en dehors de porter un bébé.

Aujourd’hui, cette expérience est bien derrière moi et franchement, je suis contente que ce soit terminé. Je dois dire que je me réalise davantage avec mes enfants en dehors de mon corps. Oui, la grossesse est un passage obligé, mais il n’est pas merveilleux pour toutes les femmes. Du moins, il ne l’a pas été pour moi.

 

Crédit : And-One/Shutterstock.com

Marie-Ève Baillargeon

Mère monoparentale, célibataire, travailleuse sociale, et amie de mon ex-mari, voici ce que je fais pour occuper mes temps libres : -J’élève à temps partiel mon frisé brun de 10 ans et mon frisé blond de 7 ans. -Je m’auto-proclame la « best hockey mom » de ma progéniture. -Je lis une tonne de livres et je suis une passionnée d’écriture. -Je sacre des fois mon rôle de mère au dernier rang sans me sentir coupable. Avant d’être une mère parfaitement cinglante, je suis une femme parfaitement cinglante. Toi qui est devenue mère, la femme, tu l’as mis où ?

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11 Comments

  • Bonjour c’est exactement ce que j’ai vécu et ce que j’ai ressenti. J’avais l’impression que mon corps le m’appartenait plus.
    9 mois difficiles mais je ne le regrette pas car j’aime ma fille

  • WoW! Je suis enceinte en ce moment et de te lire m’enlève une partie de ma culpabilité… les gens ne comprennent pas qu’être enceinte ne peut ne pas être une partie de plaisir!
    Merci!

  • Bonjour,

    Je suis actuellement enceinte de bientôt quatre mois et c’est exactement ce que je ressens. Je ne me sens pas du tout épanouie et apprécie mal ce jeu (qui ne me ressemble pas du tout!!) de la femme parfaite qui se ménage et prends soin d’elle et de tout.
    Quand j’ai le malheur de l’évoquer les gens me prennent pour une cinglée…
    Bref, ce bébé aura tout l’amour dont il a besoin mais bon vent à cette grossesse, et vite !!

  • Merci infiniment pour ce récit, je suis actuellement à 3 mois de grossesse et j’ai l’impression que ma vie ne doit tourner qu’autour de la grossesse alors que clairement non je suis toujours moi même, une personne qui a envie de vivre tranquillement sans parler en permanence de la grossesse… Cela devient oppressant, j’en pleure régulièrement, je vomis tous les jours et sincèrement je suis heureuse de devenir maman mais la grossesse me gave au plus haut point.

  • Bonjour! Je suis actuellement à 4 mois…je me sens exactement comme tu le décris. Il est très difficile d’exprimer ses sentiments vis a vis la grossesse car tout le monde te juge et te voit comme un monstre de pas vivre la plénitude totale de la femme enceinte..mais moi personnellement,jai juste hâte de retrouver mon corps. J’ai trouvé très drôle ta métaphore de l’alien. Bref, vivement que la grossesse finisse que je passe a une autre étape de ma vie avec mon enfant que je vais dorloter. Merci pour ton message je me sens moins coupable maintenant de pensé comme je pense.

  • Ça me reconforte de vous lire. Je suis enceinte de 3 mois et je suis le type de personne qui ne voulait pas faire milles et un effort pour tomber enceinte car pour moi, avoir des enfants, ce n’était pas obligatoire dans ma vie, des projets j’en ai en masse. Maintenant que je suis enceinte, et bien je me sens constamment fâché contre la planète entière car c’est rendu que, quand tu es enceinte, le 3/4 de tes phrases commencent par « je ne peux pas ». Je ne peux pas faire de l’exercice physique comme avant, je ne peux pas aller au spa, je ne peux pas aller me faire épiler au laser, je ne peux pas m’étendre au soleil trop longtemps, je ne peux pas boire de vin, je ne peux pas aller me faire masser et j’en passe. Ok! Il me reste quoi comme plaisir dans la vie? Manger? Honnêtement, j’ai l’impression d’être en punition. Tout le monde autour de moi et content… Sauf moi… J’aurais envie de faire marche arrière et de ravoir ma vie d’avant. Encore 6 mois!! God! Je me dis qu’après se sera fini. Chacun dans son corps. Mais là, c’est à ce même moment que tu entends tes collegues ou encore tes amis chialer contre leurs enfants et comment leurs vies est misérable depuis l’arrivé de leurs enfants. Est-ce que je vais devenir cette personne malheureuse parce que j’ai des enfants? Il est où le côté positif là-dedans….!? Pourquoi tout le monde dit que c’est si merveilleux quand il semble avoir 80% de négatif? Pas sûr de comprendre

    • Merci, merci ! On dirait que c’est moi qui a écrit ce commentaire ! Présentement enceinte de presque 4 mois, j’ai les mêmes pensées que toi. Je me sens prisonnière de ma condition … Étant une fille (et un couple) avec un grand groupe social, qui aime sortir, bien manger (adieu tatare et charcuterie), prendre un verre, m’entraîner, voyager, etc. Nous avions une belle vie post grossesse ! Voilà, je n’apprécie plus ma vie comme avant la nouvelle. Je jalouse même mon conjoint de pouvoir vivre comme avant lui ! Je rêve du jour de l’accouchement et que l’étape de la grossesse soit enfin fini ! Je me sens parfois coupable mais en lisant ton commentaire, je vois que je ne suis pas la seule, merci !

  • Merci merci merci…
    Je suis enceinte de presque 5 mois, c est ma 2 eme fille et je déteste tjs autant la 2 eme grossesse.
    Quand je dis que je n aime pas que mon corps change car il m entrave et que j ai l impression d être prisonnière de mon corps, la majorité des gens disent « que c est normal de grossir pdt une grossesse » mais personne ne comprend que je m en fous de prendre 5-10-15 kg voir plus… je ne supporte juste pas de ne plus être chez moi dans mon corps et de ne plus pouvoir rien faire.
    Savoir que d autres ressentent ça, quel soulagement. Merci

  • Merciiiiiii. Je suis au début de ma première grossesse à 38 ans et je n’aime rien de ce moment de ma vie. Tu traduis bien dans ce post ce que je ressens et sérieusement, les mains sur la bédaine, je ne me force même pas pour être polie, c’est un gros non. J’ai répliqué à une fille pas enceinte en lui mettant la main sur le ventre. Le message a passé raide mais il a passé. Comme je n’ai jamais eu d’enfant, je me demande aussi si j’aimerai être mère. J’ai pas tellement peur de ne pas aimer mon enfant, juste pas aimer ma fonction.
    Enfin. merci.

    • Ça m’émeut de vous lire. Je viens d’apprendre que je suis enceinte. Depuis, je me sens totalement angoissée, un peu dégoûté de ces sensations dans mon corps, mon utérus, mes seins… Je ne voulais pas totalement devenir mère… plutôt une philosophie du genre: advienne que pourra… Mais je me sens tellement mal en ce moment que je me questionne sur le fait de continuer ou pas la grossesse. J’ai encore le temps de faire ce choix. Vos commentaires me font sentir moins seule. Comment se passe la vie avec bébé finalement?

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