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Je t’ai jugée, toi, la maman en garde partagée

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Je t’ai jugée. Oui, toi, la maman en garde partagée que j’appelais autrefois ironiquement le parent à mi-temps, celui qui avait ses des enfants une semaine sur deux.

Je t’ai reproché, devant un verre de vin avec des amis encore en couple, d’être égocentrique de râler sur ton ex qui a oublié un morceau de vêtement dans la valise ou qui a couché les enfants trop tard.

Je t’ai jugée d’avoir souhaité qu’il soit l’heure que tes enfants aillent au lit parce qu’ils t’exaspéraient.

Je t’ai jugée de penser et de dire ouvertement avoir « hâte à ta semaine » dans un moment de fatigue.

Je t’ai jugée alors que tu étais toujours en attente d’un texto de ton nouveau crush de célibataire.

J’ai dit méchamment de toi que tu étais celle qui, dès le jour J arrivé, se dépêchait de ramener ses enfants à l’autre parent, pour courir à un souper planifié entre amis. Et si c’était ta semaine de garde, je t’ai jugée de faire garder ton enfant pour sortir.

J’étais fâchée et j’ai cru que tu étais le genre de parent qui déléguait pour éviter ses responsabilités parentales et qui oubliait de transférer les messages importants à l’autre.

Et mon dieu que j’étais outrée, le samedi, lorsque je t’appelais et que tu étais partie au spa, voir un spectacle ou que tu te prélassais sur une terrasse alors que tu devais acheter de nouveaux souliers à ta dernière-née, mais que tu n’avais pas les moyens de le faire.

Et je t’ai jugée parce que, quand ce n’était pas ta semaine, tu n’allais pas aux activités qui t’auraient permis de voir ton enfant, tu ne payais pas pour le cadeau de fêtes d’amis, tu n’allais pas relayer l’autre parent lorsque ton p’tit était malade.

Je suis sincèrement désolée de t’avoir jugée.

Je n’avais pas vu que de sortir si souvent, surtout la première année, te servait à t’étourdir et anesthésier la douleur de ta séparation.

Je suis désolée de ne pas avoir compris que ton couple et ta famille venaient de s’effondrer et que le deuil que tu vivais justifiait une partie de ton détachement.

Je ne savais pas que si tu te déresponsabilisais, c’était parce que pendant tant d’années, tu avais tenu ta famille à bout de bras, que tu gérais toutes les activités, rendez-vous, budget pendant que ton conjoint peinait à t’aider, qu’il se fiait sur toi. Que suite à la séparation, tu as décidé que chacun ferait sa part.

Je n’ai pas compris que tu n’avais jamais cru que tu ne devrais vivre qu’avec un seul salaire et que tu pouvais mal budgéter dû aux mille et un imprévus et que ton salaire ne suffisait plus.

Je ne t’ai pas dit que tu avais parfois le droit de t’offrir un petit plaisir quitte à manger des pâtes le lendemain, et surtout, que tu n’avais pas à t’en excuser ou t’en justifier.

Je n’avais pas compris que ton désir de plaire, de faire renaître la femme en toi, de te sentir belle et vivante te poussait à séduire, et que de vivre seule t’était si difficile que parfois, même pour une nuit, la présence d’un inconnu te rassurait.

J’ai envié ta liberté secrètement, mais ce n’était qu’un mirage; malgré ton sourire, je constate aujourd’hui combien tu as dû souffrir.

Je suis désolée d’avoir jugé l’amour que tu portes à tes enfants que je sais que tu aimes tendrement; avoir besoin de temps pour toi ne fait pas de toi un moins bon parent.

Chacun est différent et même si ce n’était pas ton premier choix d’être un parent en garde partagée, je vois bien que lentement tu vas mieux et ça me fait chaud au cœur de voir que tu es heureuse et que tu as pris la meilleure décision possible pour tes enfants. Mais également pour toi.

Crédit : Borysevych.com/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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2 Comments

  • C’est tout ça, sauf la finale! C’est lui qui a décidé de mettre fin à notre relation, même s’il était l’être le plus gâté et le plus chanceux. Mais tu sais, je ne t’en veux pas. J’ai jugé aussi, avant.

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