pregnant woman eating chocolate and crying

C’était une évidence que tu porterais aussi mon nom de famille

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Attention, ce texte ne vise pas à discréditer les hommes, mais à identifier certaines différences entre les pères et les mères. Aucun papa n’a été maltraité lors de la rédaction de ce billet. Ni avant. Ni après.

T’sais, mon garçon, avant que tu arrives comme le poil de mon chien sur ma soupe, j’étais du genre à boire une bouteille de vin à moi toute seule le vendredi et à apprécier mon p’tit verre de sangria sur mon balcon au gros soleil. Ça fait que quand tu as décidé de t’installer dans mon bedon, j’ai dit un « salut » vraiment pas convaincu à mon moût de pommes pendant tout l’été. Pendant ce temps-là, ton futur père buvait sa bière puis son Bloody. Puis du vin quand on recevait des amis.

Il y a aussi le fait que j’aimais ça faire monter ma fréquence cardiaque à cent quatre-vingt-quinze au spinning et courir des kilomètres et des kilomètres en respirant l’air frais du printemps. J’aimais ça faire du snowboard dans la neige folle pis jouer au tennis deux-trois fois par semaine en courant  après toutes les balles telle une Rafaelle Nadal déchaînée. Si j’ai pu le faire au début de ma grossesse, j’ai dû mettre une croix sur plusieurs sports et y aller mollo dans d’autres, parce que le médecin m’avait bien dit de ne pas dépasser cent cinquante battements minute et d’éliminer tout sport à risque. Pendant ce temps-là, ton futur père jouait au hockey et au tennis deux-trois soirs par semaine et il est même allé faire du ski à Noël. C’est normal, lui ne risquait pas de briser son futur bébé.

Ça, c’est quand j’étais enceinte. Maintenant, on parle-tu de quand tu es arrivé dans le monde des humains?

Ton passage a laissé sur mon corps quelques livres de trop (ça on s’en fout, ça va partir), en plus d’une déchirure digne de la deuxième guerre mondiale entre mes deux jambes. J’ai marché en canard pendant les trois derniers mois de ma grossesse, fallait en plus que je marche en cowboy la semaine après ta naissance. Puis faut pas oublier la rééducation du périnée que j’ai dû faire pendant deux mois et demi pour pas que je me fasse pipi dessus plus tard. Pendant ce temps-là, ton actuel père pouvait continuer ses activités comme d’habitude et son entrejambe était dans un état parfaitement normal. Tout comme sa bedaine.

Haaaa! puis aussi. J’ai décidé de t’allaiter. C’est un choix personnel que j’assume, mais ça fait que j’ai dû me réveiller chaque nuit pour te nourrir et on s’entend que toi et moi, on est devenus hyper-dépendants l’un de l’autre pour cette raison. Le partage des tâches parentales ici, il est devenu un peu inégal. C’est pas la faute de ton actuel père, mais ça s’ajoute au lot. Surtout que la nuit, laisse-moi te dire qu’une oreille de mère, c’est pas mal plus aiguisée qu’une oreille sourde de père…

Faut aussi savoir que un an de congé de maternité, ça met un frein pas à peu près à ta carrière, hein. Tu dis au revoir à ton bureau, puis à ta vie professionnelle pour un bon bout et tu vis l’expérience de te faire « remplacer » à la job et donc de te faire comparer. Pendant ce temps-là, l’homme continue sa vie au bureau et ne peut même pas comprendre ce que ça fait dans « l’intérieur » d’une mère un peu carriériste de laisser tout ça derrière aussi longtemps. Il dit qu’il comprend, mais crois-moi, il ne comprend pas réellement…

Puis dernière chose. Disons que papa et moi, on se sépare (je ne l’espère pas, mais on ne sait jamais), alors là, peux-tu imaginer comment je me sentirais? Non… Pour moi, c’est inconcevable.

Alors bref mon garçon… pour toutes ces raisons, j’ai décidé que tu allais porter mon nom de famille. Tant pis pour tous ceux qui me jugent, et fouille-moi pourquoi, plusieurs jugent. Mais c’est un choix personnel. Il faut le respecter, comme je respecte parfaitement les femmes qui ont choisi de donner un seul nom de famille.

Je revois cette infirmière qui m’a dit avec une face de jugement mal placé: « Es-tu certaine de vouloir faire ça? Ça s’en va au gouvernement ce papier-là, puis après ça, il va être trop tard! Et si il veut changer un coup adulte, ça va coûter cher! ». Oui madame l’infirmière. Je suis certaine. Plus que certaine. Et même que j’en suis fière.

Quand je vois ta belle face, et ton bas de visage identique au mien, petit homme, je me dis que j’ai bien fait.

Crédit : Dean Drobot/Shutterstock.com

Ariane Lepage-Hurteau

Je suis tout nouvellement maman d’un petit garçon, le premier d’une série de je ne sais pas trop combien encore ! Mon expérience plus que limitée en maternité fait que chaque jour, je découvre encore des choses sur moi que je ne savais même pas. Passionnée de voyages et sportive dans l’âme, j’essaie tant bien que mal de profiter du moment présent qui passe toujours trop vite. Écrire est pour moi une autre passion un peu plus cachée que j’exprime nouvellement.

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