woman with tampon

Les maudites menstruations

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Tu te rappelles encore clairement le jour de tes premières menstruations, où ta mère t’avait sauté dans les bras en te félicitant que t’étais maintenant une femme. Vingt ans plus tard, tu te demandes encore ce qu’il y avait de réjouissant là-dedans, à part peut-être que ton système reproducteur t’a permis de donner naissance à tes petites merveilles. Voici les raisons pour lesquelles, le jour pas si lointain où ma grande m’annoncera qu’elle est menstruée, je risque plutôt de lui faire un gros câlin en lui disant : « Pauvre toé.»

#1 La pudeur infinie

Vu qu’on n’a plus de tabous et qu’on est en 2017, tu fais le chemin de ton bureau jusqu’aux toilettes avec ton tampon dans les mains, bien à la vue de tous tes collègues. #not… Dans la réalité, tu glisses discrètement ton tampon dans ta poche ou dans ta manche pour que personne le voie, ou bedon t’amènes toute ta sacoche avec toi, en te disant que tout le monde va se douter que t’es menstruée, avec un bagage de même.  Ça a beau être la chose la plus normale qui soit, tu le cries pas sur les toits.

#2 La douleur

Tu sais pu à quelle pilule te vouer pour endurer ton mal menstruel. Crampes à te couper le souffle, brassière qui veut exploser, nausées, jambes lourdes et élancements à la vulve, name it, t’as gagné à la loterie de l’injustice en ce bas monde. Tu te demandes parfois si t’es normale, en menant ta vie de superwoman comme si de rien n’était, même si tu te sens comme une épave.

#3 La gestion du flux

Les premiers jours de ton cycle, t’as le flux abondant comme la rivière Chaudière au printemps, c’est-à-dire sous haute surveillance et prête à déborder à tout instant. Y’a pas grand méthode que t’as pas essayée pour réussir à passer à travers d’une réunion d’une heure et demie sans te lever pour aller aux toilettes. Avec une serviette hygiénique à ailerons, deux tampons d’une shot, pis deux paires de bobettes d’épaisseur-au-cas-où, tu devrais te rendre jusqu’à la pause… si ton boss étire pas ça.

#4 La phobie des chaises en tissu beige

Quand tu te lèves enfin de ton meeting avec l’entrejambe humide à force d’avoir serré les cuisses d’angoisse, tu jettes un coup d’œil discret à ta satanée chaise beige, et tu remercies le ciel de ne pas y découvrir une tache aussi écarlate que le serait ta face.

#5 Le coût de ta féminitude

Les serviettes et les tampons, ça finit par coûter cher en maudit. Ta chum te vante les mérites de la DivaCup, et franchement tu songes à t’y mettre, ne serait-ce que pour des considérations financières, surtout que t’as enfanté deux filles, qui vont finir d’exploser ton budget de pharmacie dans pas long.

#6 Les nuits trop longues

En tant que mère, tu trouves toujours tes nuits trop courtes, sauf quand t’es full menstruée, pis que cinq heures de sommeil en ligne, ben c’est ben trop pour pas tacher tes draps pis ton pyjama pas sexy pantoute. Quand ton chum voit le piqué arriver pour protéger ton inévitable débordement nocturne, c’est turn-off total, et avoue que toi aussi, t’aimerais mieux dormir toute seule à soir.

#7 Le sexe

J’ai-tu besoin d’élaborer là-dessus? Quand même ben que ton homme te dirait que ça y dérange pas, faire l’amour pendant tes règles, toi t’as plutôt envie de rester roulée en boule dans une hutte pendant cinq jours plutôt que de faire des galipettes.

#8 Le quart de ton existence

T’as envie de brailler ta vie même si ton SPM est fini quand tu réalises que t’es sanguinolente aux vingt-trois jours, mais tu te consoles quand ta chum de fille renchérit qu’elle est menstruée pendant douze jours chaque mois. Bref, calcule ça comme tu veux, à moins d’avoir dix enfants, tu risques d’être dans le rouge pendant un méchant boutte au cours de ta vie.

Profite de ces belles années, parce qu’un jour, ça va être la ménopause qui va te tomber dessus. Et ça, il paraît que c’est vraiment pas drôle.

Sophie Perron
SOPHIE PERRON
Crédit : cunaplus/Shutterstock.com

Sophie Perron

Je suis la maman d’une 10 ans déjà ado et d’une 7 ans toujours prête à la suivre l’exemple de sa grande sœur un peu trop autonome. Zéro princesses, mes deux petites chipies me font mal paraître à peu près partout où on va, un déshonneur pour une ex-enseignante au primaire. Heureusement qu’il y a l’écriture pour en rire… ou pour en pleurer.

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1 Comment

  • Excellent texte Sophie!
    Oui, je suis un gars, mais je suis papa de 2 jeunes filles (et j’ai une femme aussi!) alors grâce à ton texte je vais me préparer pour peut-être dire « Pauvré toé » un jour à mes filles! 😛 (Quoiqu’elles risquent d’aller voir leur mère, mais bon, au moins je serai préparé!) 😉

    Courage à nous! 😉

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