little girl in winter yell

Le maudit hiver sale

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J’hais l’hiver.

C’est pas que j’aime pas ça. C’est pas que ça me tombe un peu sur les nerfs une fois de temps en temps. Nenon.

J’hais ça pour m’en confesser. Vraiment.

Là, tu vas me dire que c’est donc ben beau les flocons, les monts enneigés pis les arbres chargés de belle neige lourde. Que l’hiver donne de si beaux paysages bucoliques.

Moi, je te réponds que c’est donc ben laid les routes pleines de slush, le bruit des grattes non-stop pis les buttes de neige plus hautes que le toit de la maison. L’hiver donne de si beaux paysages d’horreur parfois.

Bon OK, je te le donne. Des fois l’hiver, c’est un peu joli. Mettons qu’entre le 20 décembre et le 2 janvier, je trouve ça pas pire. Les flocons le soir de Noël, c’est quand même magique. Mais à partir du 3 janvier, la magie part avec le truck qui ramasse la neige.

Pis on dirait que depuis que j’ai eu des enfants, je trouve l’hiver encore pire. Voici donc les principales raisons qui font que j’ai renommé cette saison « le maudit hiver sale ».

Sa durée

Voulez-vous ben me dire pourquoi l’hiver n’a pas la même durée que les trois autres saisons? Je sais que théoriquement, l’hiver dure trois mois, exactement comme les autres saisons – toutes plus sympathiques d’ailleurs. Mais le maudit hiver sale, lui, dure ben plus longtemps que ça, avoue. Ça commence en novembre –pis ça, c’est quand il neige pas déjà à l’Halloween- pis ça finit pas en mars comme c’est supposé, ben non toi chose. Ça s’étire à l’infini jusqu’à la fin du mois d’avril. Je peux te jurer que moi, ma patience, elle s’étire pas autant que ça. Rendue là, ça fait déjà un méchant bout de temps que je sors tous mes gros mots à chaque fois que je vois une nouvelle bordée de merde blanche nous tomber dessus.

Les nez qui coulent à l’infini

Le maudit hiver sale apporte avec lui le bonheur des petits nez morveux. La face de tes enfants se transforme en vraie champlure. Ça coule comme les érables au printemps, qui lui se presse pas le derrière pour arriver d’ailleurs. Mon conseil : achète tes kleenex chez Costco.

Sortir de la maison

L’été, c’est facile sortir de la maison. Une paire de gougounes et l’affaire est réglée. Pendant le maudit hiver sale par contre, c’est mauditement plus compliqué. Premièrement, il faut partir le char. Pis si t’es comme moi pis que t’as pas de démarreur à distance, ben ça veut dire que tu dois mettre tes bottes pis aller te faire geler le derrière à -25 degrés à sept heures du matin. Ça commence la journée assez raide sur la bonne humeur quand tu te remplis les bottes de neige parce qu’il est encore tombé une c**** de bordée que tu n’as pas eu le temps de gratter. Là il faut que tu laisses réchauffer la voiture pour être capable de déglacer le foutu pare-brise sans le péter à force de fesser dedans avec le balai à neige. Ensuite, tu dois t’habiller comme pour partir en expédition si tu veux pas encore te ramasser les bas de pantalons tout trempés une fois rendue à la job. Ça inclut la satanée tuque qui te donne de la statique. La maudite statique du maudit hiver sale. Pu capable. Après tout ça, je te souhaite juste de pas rester prise dans le remblai que la gratte a laissé dans ton entrée.

La météo bâtarde

En plus l’hiver, asteure, c’est pu aussi simple que c’était. Y’a pas juste de la neige, nenon. Il y a de la pluie, du verglas, une journée à -35 suivie d’une autre à +2, question de te fucker les routes pis l’humeur encore plus qu’elles ne le sont déjà. De la pure magie.

Le frette

Pendant le maudit hiver sale, il ne fait pas froid. Il fait frette. Il vente, les narines te collent ensemble pis les doigts te tombent quasiment tellement on gèle. Vraiment plaisant.

Les habits de neige

Les habits de neige des enfants, quelle merde quand même. C’est long sans bon sens à mettre – long comme dans dézippe ton manteau la mère, t’es pas à veille de partir. Pis c’est tout le temps dégoulinant ces affaires-là. Les p’tits rentrent avec eux assez de neige pour te faire une butte directement sur le tapis de l’entrée. Pis là, faut que tu fasses sécher tout ça, sinon c’est pas trop long que les mitaines vont sentir le chien mouillé. Pis en parlant de mouillé, avoue que de marcher dans de la belle neige fondante sur ton plancher pis te ramasser avec les bas détrempés, ça te met aussi de mauvaise humeur que moi. Les bas mouillés, c’est pas endurable.

J’hais l’hiver, je te l’ai-tu déjà dit?

Audrey Roy
AUDREY ROY
Crédit : Yuliya Yesina/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

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4 Comments

  • J’ai adoré l’hiver sale. Pi çé pas fini. Ça commence. On vieilli, pi on pense qu’on va avoir la paix! Ben non, la modite gru, arrive avec son pimpom, pi toi la vieille, y faut wu’a se dépèche de s’habiller encore comme si t’avais 15 ans. Les bottes, le manteau, la tuque, le foulard, pimpon encore plus fort. Tu sorts, pelleter l’entrée, courrir à la voiture, déneiger pi lui, il te regarde avec des gros yeux comme si on lui faisait perdre son temps.
    Yarrive quand ya 3 flocons pi y vient pas quand ya 3 pieds.
    Kalinne d’hiver.
    Mais quand le foyer est allumer, que j’ai mes bas d’laines au pieds, mon gilet d’laine enfoui dans ma chaise avec Mon ti verre de vin.
    J’m’endore en pensant a mon beau passé que j’ai réussi à vivre et aimé.
    Merci Audrey de tes belles pensées si bien exprimées.
    Claudette72.

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