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Mon pitbull, tu n’es pas dangereux pour mon bébé

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Mon bébé pitbull,

T’as pas choisi de venir au monde. T’as pas choisi de te faire lancer dans une boîte avec tes frères et sœurs, pendant que votre mère était attachée à côté après un container à vous regarder mourir.

T’as pas choisi de te faire rejeter encore et encore juste parce que t’es né sous la mauvaise enseigne.

Mais nous, on t’a choisi, toi et ta race mal aimée, avec tes belles qualités et tes micro-défauts.

Sachant qu’un bébé humain allait sous peu venir rejoindre notre famille, on a nagé à contre-courant. Nager contre les jugements continuels du monde qui nous trouvait fous et négligents d’avoir un pitbull avec un bébé dans la maison; je risquais la vie de ma fille.

Je ne tiens pas à débattre quoi que ce soit ici. Je ne juge pas les opinions divergentes sur cette race. Pour une rare fois, j’ai simplement envie de lui donner de l’amour en mots, un peu. Pas juste en gratouilles dans le bas du dos (son spot préféré).

Ce n’est pas pour rien que ma fille refuse que je dise qu’il est « son chien ». Elle me reprend à chaque fois; il est « son frère ». Dans sa tête d’enfant, elle a compris tout de suite ce que beaucoup d’adultes ne voient pas : ces êtres vivants sont nés simplement pour nous aimer.

Et nous, on a décidé de te donner toute l’énergie qu’on pouvait pour faire en sorte que tu deviennes le chien de famille parfait. Nous avons empêché la p’tite de se servir de tes côtes comme tabouret pour monter sur le divan. Nous avons concentré l’utilisation de tes oreilles pour les bisous et non comme un tissu qu’on tire à sa guise. Nous avons fait en sorte de te donner tes bonbons par le bas, pour pas qu’un jour tu sautes sur un enfant qui tient ton os préféré dans les airs à bout de bras. Nous avons lu sur la façon dont tu communiques, pour être en mesure de détecter tes joies et tes inconforts. Comme ça, quand bébé te fait un câlin trop fort trop longtemps, on a juste à te regarder pour comprendre qu’il est temps d’y mettre fin

Nous te faisons courir en meute, t’amenons dans nos fins de semaine au chalet, te lâchons lousse dans les champs (l’image ne pourrait pas être plus quétaine, mais c’est vraiment dans les champs, deux-trois fois par semaine…j’habite à St-Basile, c’est plus facile de trouver un champ qu’un restaurant indien, mettons). Tu mérites tout ça, mon pit. Et tu nous redonnes tout ça au centuple.

On t’a aimé dès le début pour ton calme légendaire et ta patience envers les pleurs de bébé. Elle était là, à hurler pour son caca dans sa couche dans tes oreilles sensibles (et ton museau assez fin merci). Tout ce que tu faisais, c’est ouvrir les yeux et les refermer, en soupirant. Tu ne bronchais pas. Tu ne bronches toujours pas. Tu marches à ses côtés, à ralentir quand elle le fait, à courir quand elle va plus vite. Tu suis son rythme.

Tu es un chien sensible et timide. Tu n’es pas un chien qui a une confiance aveugle envers n’importe qui. Tu ressens les peurs et les malaises. On le sait. T’es comme un enfant qui se cache en arrière des jupons de sa mère devant un inconnu. Mais on dirait que tout le monde s’attend de toi que tu sautes de joie au premier contact en te dandinant les fesses et en fouettant l’air de ta queue. T’as juste besoin d’une couple de rencontres, comme ta sœur. Et une fois que t’as eu ton espace, tu aimes à jamais.

T’sais mon pit, en t’adoptant, je me suis juré de ne jamais t’imposer dans la bulle de ceux qui ont peur. Je donne tout ce que j’ai pour faire en sorte que tu dégages du calme et de l’amour. J’espère du plus profond de mon cœur que cet amour-là te revienne comme tu le mérites. Parce que quand on prend le temps de te connaître tranquillement, on ne peut faire autrement que de se rendre compte que tu n’es pas menaçant. Y’a pas un chien de pareil, comme y’a pas un enfant de pareil. Mais ta sœur et toi, vous êtes mes bébés (ok, je tiens quand même à préciser que je ne mets pas mon chien et mon enfant sur le même pied d’égalité. Je ne l’ai pas allaité, lui, quand même). Quand on s’attaque à toi, ça me brise le cœur.

Tu vas voir mon pit. Un jour, j’espère, je ne serai plus stressée de nommer ton enseigne. Ma fierté pourra prendre toute la place.

Je t’aime Chuck, toi et tes p’tites pattes qui sentent les Doritos.

La fille du Saguenay
KATHLEEN ALLARD
Crédit : Chaivit chana/Shutterstock.com

Kathleen Allard

La vie c’est comme une boîte de chocolats. Dans ma boîte, il y en a des plus doux (ma fille de 3 ans, mon équipe avec son père et mon nouveau copain) et d’autres plus amers (une dépression majeure, une séparation, un retour aux études à 30 ans). Peu importe la sorte, j’ai toujours été une grande fan de cacao! Je suis le genre de fille optimiste qui a la mauvaise manie de toujours prendre le chemin le plus long et périlleux pour toucher au bonheur. Stressant, mais tellement riche finalement. Je navigue dans ce joyeux chaos-là avec comme seul échec majeur de ne jamais réussir à boire mes cafés chauds !

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4 Comments

  • Merci! J’attend ma puce pour avril et j’ai 2 magnifiques pit que j’aime plus que tout…!! Et qui se font juger à qui veut bien l’entendre..Mais j’ai la conscience clair, un chien reste un chien, mais mon petit humain deviendra leur préféré j’en doute pas une seconde.. Et en passant, mon père disait que les pattes sentent les biscuits soda.. cherche pas, mais je le dit encore aujourd’hui ❤

  • Tellement touchant ….parce que tellement vrai !
    Je croyais qu’on était les seul à avoir un chien au pattes qui sentent les doritos !

  • Merci pour ce jolie texte qui rappelle que ce sont juste des chiens comme les autres qui ont à coeur de nous aimer. J’aime particulièrement la manière dont vous expliquez l’éducation du chien aussi bien que celle de l’enfant. C’est ça le secret, il me semble.

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