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La vie sans papa

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Merci à toi, l’homme de ma vie.

Parce que, grâce à toi, notre fille est la plus chanceuse du monde. Parce qu’elle t’a toi : un papa.

Parce que chaque étape de sa vie, jusqu’à aujourd’hui, elle l’a vécue dans l’équilibre entre deux parents aimants, présents et qui feront d’elle, nous l’espérons, une adulte forte et épanouie.

Tu sais, mon amour, la vie sans un père, c’est comme un casse-tête auquel il manque des morceaux. À la fin, malgré l’oeuvre presque complétée, il manquera toujours quelque chose pour permettre de l’apprécier dans sa totalité.

Mon papa à moi est décédé lorsque j’étais toute petite.

Il n’a donc pas été là lorsque j’ai commencé la garderie. Il n’est pas venu me chercher lorsque j’étais brûlante de fièvre et ne m’a pas bercé longuement pour apaiser ma douleur. Il n’a pas vu mes premiers dessins et n’a pu s’extasier devant la poterie que j’ai faite à l’occasion de la fête des pères.

Le sais-tu combien notre fille de trois ans a été chanceuse d’avoir pu vivre cela avec toi?

Mon père ne m’a pas tenu la main pour ma première journée d’école. Il n’a pu verser de larmes en m’envoyant un baiser lorsque je suis rentrée fièrement dans ma classe avec mes camarades. Il n’a pas assisté à la rencontre de parents et n’a pu savoir combien j’étais une enfant éveillée, volubile et intelligente. Il n’a pu se pavaner avec fierté devant ses collègues, ni n’a pu montrer ma photo de classe avec moi, me manquant une dent à l’avant.

Le sais-tu combien notre fille de six ans a été chanceuse d’avoir pu vivre cela avec toi?

Mon père n’a pu, non plus, assister à aucun de mes spectacles de musique et ne m’a pas encouragée lors de mes compétitions sportives de natation. Il ne m’a pas vu donner mes premiers coups de patin, ou même n’a pu me faire tournoyer ou me faire danser en pyjama, la musique à tue-tête, dans le salon.

Le sais-tu combien notre fille de neuf ans a été chanceuse d’avoir pu vivre cela avec toi?

Mon père ne m’a pas emmenée camper, ne m’a pas montré comment partir un feu ou ne m’a pas appris à pêcher. Il ne m’a pas dit combien j’étais belle pour solidifier ma confiance en moi et n’a pu me protéger des hommes autour de moi. Et il ne m’a pas dit je t’aime à chaque jour de ma vie, jusqu’ici.

Le sais-tu combien notre fille de douze ans est chanceuse d’avoir pu vivre cela avec toi?

Puis viendra son adolescence, où je serai l’ennemie et où elle aura besoin de cet allié que tu es. Lorsqu’elle sera contre moi et qu’elle cherchera du réconfort dans tes bras. Et parfois, je serai la permissive qui cachera au premier amour de sa vie ses secrets puisque tu ne verras qu’en elle, la petite fille de trois ans qu’elle a été. Elle te confrontera sûrement, mais tu seras ferme avec elle afin qu’elle conserve les valeurs que tu lui as inculquées, tu voudras qu’elle soit bonne, généreuse et qu’elle aide son prochain.

Le sais-tu combien notre fille te remerciera, lorsque devenue adulte, elle constatera toute l’importance de son papa dans sa vie?

Et contrairement à notre mariage, avec moi, sans père à mes côtés, je lui souhaite que ce soit toi, son papa, qui prenne son bras, qui remonte l’allée avec elle et lève son voile, lui confirmant que le choix qu’elle a fait est le meilleur pour elle.

Je serai sûrement envieuse de la voir partager avec toi tous ces moments, je la compterai chanceuse d’y avoir droit. Elle aura le privilège de te présenter son premier enfant, tu auras le bonheur un jour d’être grand-père.

Mon cœur se serre de penser à tous ces moments que je n’ai pu vivre et partager moi-même avec lui.

Une vie sans père est pleine de moments qui n’ont pu être partagés, pleine de regards de complicité père-fille non échangés, pleine de je t’aime jamais prononcés.

Merci de donner à ma fille ce que la vie m’a, si jeune, repris et de remplir ce rôle comme il se doit en étant le meilleur papa qui soit.

Julie Ducasse
JULIE DUCASSE
Crédit : bondart/Shutterstock.com

Julie Ducasse

Fonctionnaire travaillante, banlieusarde affirmée, mère de 2 pré-ados, mariée depuis plus de 13 ans, rien ne me destinait à cette vie rangée. Diplôme collégial en arts et communications, quelques crédits universitaires qui ne m’ont rien donnés si ce n’est qu’une culture personnelle plus développée, je travaille maintenant dans le domaine des ressources humaines depuis près de 10 ans. J’écris de temps en temps, pour m’amuser mais surtout, mon but premier, raconter une histoire comme si vous y étiez. Les rêves de liberté, de faire le tour du monde comme journaliste et de voyager, ont été mis de côté. Pas grave, ma vie est d’autant plus animée, avec 4 sœurs totalisant 9 enfants et une histoire de famille compliquée, j’ai des sujets en banque pour bien des années.

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1 Comment

  • Ooooh j’adore chaque mot comme si je les avais écris mais la différence c’est que moi, il était la sans y etre vraiment…! Indifférent et mm méprisant. Je cherche encore un sens à tout ca et je suis reconnaissante que tu aies pris le temps de coucher ces mots car moi je n’ai jamais eu le courage d’affronter mes émotions et coucher sur papier ce que ca fait!!! Merci tout simplement Julie

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